Joy Maguène

L’amour, c’est une arme pacifique pour affronter les aléas de la vie. Lorsqu’on se sent important, utile, désiré et apprécié, aimé, on peut relever tous les défis. Mais pour la personne qui aime autant, la perte est effroyable.

Tu sais, la dépression, c'est comme une spirale descendante sans fin. Tu tombes, tu tombes, tu tombes,et plus rien ne te raccroche à la vie, plus rien ne te touche, ne te réjouit. Enfin, si, tout te touche, mais pas de la bonne manière. Tu te sens seul, incompris, faible, nul. C'est comme si tu savais que le bonheur existe, qu'il est là, derrière la vitre, mais tu ne sais pas comment la casser, cette vitre. Alors, tu attends. Tu te dis que, peut-être, la foudre va la faire exploser, ou qu'un jour tu vas te réveiller et tout sera redevenu normal. La vitre aura disparu, comme par magie. Toi, t'es là. Si ça se trouve, t'as un marteau à proximité, mais t'es trop déprimé pour tendre le bras et mettre un coup dedans. Et tu t'en veux encore plus.

J'ai envie de hurler. De hurler que je la porte où elle veut, tant qu'elle veut, le temps qu'elle veut. Tant qu'elle ne meurt pas...

L’amitié est un formidable rempart contre la morosité.

Je retourne à la fenêtre. Et c'est là que je l'aperçois. L'ours mal léché. Torse nu. Mais il est dingue ? Peut-être. En tout cas, il est hyper bien foutu. Ses muscles sont parfaitement dessinés et il me semble même qu'il porte un tatouage sur le côté droit du dos. Mais je n'arrive pas à deviner ce qu'il représente. Ma curiosité est à son comble. Je plisse les yeux, me concentre mais il court si vite que déjà, il disparaît derrière un arbre, pour réapparaître plus loin, près du lac et je ne vois plus rien du tout du dessin qui orne son dos. Sans réfléchir, j'ouvre la porte d'entrée. Juste pour confirmer quelque chose et oui, c'est bien ce que je pensais : il fait toujours aussi froid. Ce type est donc une espèce de mutant insensible à la température.

C’est apaisant. Je me sens toute petite et immense à la fois, au sommet de cette montagne. La végétation est rare, il n’y a plus de gros arbres et de feuilles colorées, juste de l’herbe jaunie, de la caillasse, mais une impression d’éternité. Comme si, ici, il n’y avait rien d’autre à faire que de s’enivrer de la beauté de la nature. Rien d’autre à faire que se ressourcer, puiser de la force, vivre pleinement le moment présent. Alors c’est ce que je fais. Je prends le temps de bien admirer tous les détails, des cimes aux reflets du soleil sur le lac, et d’écouter tous les sons qui me parviennent, la respiration de mes amis, le bruissement de leur vêtement, un oiseau qui piaille, et le silence, profond et reposant.

Il aimerait lui dire qu'il l'aime, tout simplement. Pas de la façon dont il aime sa femme, non, mais juste qu'il l'aime, parce que l'on ne peut pas faire autrement que de l'aimer. Il l'aime parce qu'il a repris goût à l'existence grâce à elle, grâce au désert, grâce à la vie. Il l'aime parce que l'amour c'est si vaste, c'est un air de musique enchanteur, qui percute le corps et le cœur, un animal à la fourrure soyeuse qui vient se blottir contre soi, une main tendue, un sourire spontané, un paysage qui émeut ou nous coupe le souffle, l'émerveillement dans les yeux d'un enfant, une inconnue qui marque profondément votre vie, une amitié qui se tisse, profonde et durable.

Cette campagne, c’est celle que vous êtes en train de lire et elle s’appelle « le temps qu’il nous reste ». Parce que oui, ce temps qu’il nous reste, avec Savannah qui est la meilleure personne que je connaisse, je veux qu’il soit précieux. Qu’il soit merveilleux. Inoubliable. Et je suis intimement persuadée que si Savannah réalise ses rêves, ça pourra l’aider à guérir. Peut-être que je me trompe et que je vais tomber de haut, mais je me dois d’essayer. Je ne sais pas quoi faire d’autre. Et nous n’avons pas beaucoup de temps devant nous, c’est la raison pour laquelle je me suis donnée 15 jours pour réunir l’argent. Grâce à vous. 15 jours pour réunir 100 000 euros.
 
C’est insensé, n’est-ce pas ? Je sais que certains d’entre vous diront que je plane (ce n’est pas mon genre, je vous rassure), que je suis irréaliste, voire même que ma demande est abusive. Sauf que moi, j’y crois. Je crois aux miracles, je crois à la solidarité, je crois en la vie.
 
Je crois en la rémission de Savannah. À sa guérison.
 
Alors j’ai besoin de vous. De vous tous. Par cette campagne, je vous demande de participer à notre projet : faire de ces mois à venir les plus beaux pour Savannah. Parce que je connais la puissance des réseaux sociaux, je connais la bonté humaine, et je sais que faire le bien, qu’aider son prochain est quelque chose qui nous rend heureux.

Et puis, la vie a besoin du silence du désert pour peaufiner leur rencontre, à ce petit groupe. Ça se célèbre, les croisées de chemins. Surtout lorsqu'elles sont prédestinées.

Ce n'est pas la routine qui tue les couples. C'est la paresse. [...]
Lorsqu'on ne fait plus d'effort, qu'on croit que tout est acquis, que rien ne changera. Les petits gestes que l'on ne fait plus parce qu'on les remet à plus tard, les paroles qu'on ne prononce pas parce qu'on les a déjà dites, les rêves qu'on laisse de côté parce qu'on n'a pas le cran de les apprivoiser et de les mettre en place. Plus tard, toujours plus tard, c'est de la paresse,non?