A la différence des formes naturelles ou des êtres de la nature, les formes ouvrées sont produites par la main de l'homme, qui, du fait de son pouvoir propre, organise à cet effet les outils, les engins et les manipulations qui sont la condition de leur création.
Les matériaux bruts que l'homme met en oeuvre directement, ou après une transformation préalable, sont puisés dans la nature.
Des matériaux et des manipulations, telles sont les conditions nécessaires et positives de l'industrie.
L'industrie est donc l'ensemble des voies et moyens par lesquels on met en oeuvre les matériaux fournis par la nature, et que l'activité de l'artisan exploite et transforme pour les approprier à nos besoins et à nos exigences.
Bien que les matériaux que nous publions aujourd'hui aient été choisis et rapprochés seulement dans le dessein de faire connaître d'une manière aussi complète que précise l'ornementation géométrique de l'Orient, il est permis de croire que quelques observations générales sur l'art de l'Orient mahométan ne paraîtront point inutiles. Ces réflexions seront nécessairement incomplètes, car pour donner une vue d'ensemble de cet art, il faudrait avoir recueilli assez de matériaux dans toutes les contrées qui ont fait partie jadis du vaste empire des Arabes; il faudrait avoir reconnu, en théorie le fond essentiel, et dans l'histoire l'enchaînement des diverses influences qui ont concouru à son brillant épanouissement.
On a souvent dit que les motifs géométriques arabes avaient été développés en réponse à une interdiction coranique de représenter les êtres vivants. Malgré la préférence pour l'ornementation géométrique dans le monde islamique, la Perse, l'Inde moghole et la Turquie ont produit des eouvres d'art figuratives très complexes, dont notamment des portraits.
Les cultures du Moyen-Orient converti à l'Islam ont toujours montré une véritable passion pour les motifs géométriques. Il y a plus de cinq mille ans à Warka, en Mésopotamie - le pays entre le Tigre et l'Euphrate - les mosaïques géométriques complexes, à base de triangles équilatéraux, faisaient partie de l'expression architecturale.
Une fois l'architecture constituée, les arts et métiers subsistent toujours individuellement, mais l'art monumental ayant alors un sens déterminé, une expression propre, tient particulièrement sous sa dépendance les arts et métiers qui s'y rattachent plus directement.