1939-1945
POÈMES DE LA FRANCE MALHEUREUSE
À Angélica Ocampo
LE DOUBLE
Mon double se présente et me regarde faire,
II se dit : « Le voilà qui se met à rêver,
II se croit seul alors que je puis l'observer
Quand il baisse les yeux pour creuser sa misère.
Au plus noir de la nuit il ne peut rien cacher
De ce qui fait sa nuit avec ma solitude.
Même au fond du sommeil je monte le chercher,
À pas de loup, craignant de lui paraître rude
Et je l'éclaire avec mon électricité
Délicate, qui ne saurait l'effaroucher,
Je m'approche de lui et le mets à l'étude,
Voyant venir à moi ce que son cœur élude. »
p.411