Je pense à cette soudaine renaissance et il me semble que je comprends: pour l'instant, j'ai besoin de transformer les images, de faire avec leur reflet, comme j'ai pu faire avec les ombres. C'est sans doute la seule façon qui me reste pour aborder la guerre, ma guerre. Happée par ce nouvel élan, je redescends en courant sur le chemin de la ferme, dans le tourbillon de mes cheveux qui volent au-dessus de ma tête, tout à coup légère, légère. Je suis toujours photographe, j'ai eu si peur d'avoir tout perdu de ce feu que je vais retrouver mon chemin, dans le double des choses, dans cette douceur feutrée de l'entre-deux. Je le sais, je le sens.