Julia Serano

Ce que le discours des cerbères à propos de la transsexualité (et en particulier au sujet des problèmes de dépression post-transition et de « regret transsexuel ») ne permet pas de percevoir, c’est la différence entre la dissonance de genre d’une personne transsexuelle (un facteur interne) et la tension psychologique qu’elle vit du fait de devoir s’adapter à l’anxiété ressentie par la population cissexuelle dès qu’il est question de genre (un facteur externe). D’ailleurs, le brouillage de la différence entre ces deux problématiques distinctes a été codifiée lors de l’invention du terme psychiatrique de dysphorie de genre, qui rend invisible l’anxiété cissexuelle liée au genre en la confondant avec la dissonance de genre intrinsèque à la personne trans. (p. 66-67)