Quand j'ai commencé dans les années 60, il devait exister moins d'une centaine de lieux dans le monde, musées, institution diverses, où l'on exposait de l'art contemporain. Maintenant il en existe des milliers. (...) Au moment d'édifier ces lieux, personne ne s'est jamais posé la question : "avec quoi va-t-on les remplir ?" Sachant qu'aujourd'hui le pourcentage des bons et des grands artistes n'est pas plus important que par le passé, donc minime, on a offert ces lieux au tout-venant, à la médiocrité - car il faut bien satisfaire la programmation à tout prix et rendre des comptes à l'Etat, aux pouvoirs publics ou aux élus locaux. Comment y voir clair dans cette confusion ? Comment discerner les artistes qui comptent parmi ceux qui encombrent la scène artistique, et donc le marché ?
Les empâtements, étalements, raclements et autres viscosités sont une caractéristique commune à bein des œuvres de Debré, Dmitrienko, Dubuffet, Tàpies et Zao Wou-Ki, pour ne citer que les plus matiéristes des peintres exposés chez Daniel Templon et Patrick d'Elme. Il s'agit de rendre manifeste ce travail spécifique de substance, mi-solide mi-liquide, souvent hétérogène, façonné au couteau, au racloir ou au pinceau, et de faire ainsi méditer sur la matérialité de l’œuvre, sa tangibilité.