Interview de Julie Waeckerli pour la chaine Alsace
Neston avait bien ri pendant dix minutes. Oh oui ! Quel drame, cette interminable suite de meurtres. Mais il était plus dramatique encore de croire que tout se résoudrait au moyen de tanks et de tireurs d'élite !
Après quatre échecs lamentables, le point à corriger était l'incompétence.
Du cran, de la tactique, de la ruse, voilà ce qu'il manquait à la nouvelle génération. Et moins de prétention. Car il n'y a pas plus inefficace, que celui qui ne se remet jamais en question.
"Maintenant ils ont l'orgueil, autrefois ils avaient le courage..." pensa Neston, incollable là-dessus.
Dans une société, les dirigeants étaient prêts à faire n'importe quoi pour rétablir le calme, étouffer la terreur, ou assouvir la vengeance d'une population choquée par certains actes. Le plus important n'était pas la justice elle-même, ou sa légitimité, mais la confiance que les gens lui accordaient. ainsi, il ne s'agissait pas pour le pouvoir d'être vraiment juste, mais de le paraître, la justice n'étant en somme qu'une duperie visant à garantir l'appui du peuple.
Ma mère m'avait beaucoup parlé de l'insouciance nazie aux portes des chambres à gaz. Des caporaux riant au son de l'accordéon à deux pas de la mort. A présent, je voyais la même chose du côté français. On buvait des bières les pieds dans le sang, en admirant chaque scène comme un grand spectacle, on crachait sur les torturés, on jurait des blagues malpropres. Mais on n'était pas nazis, à El Biar, juste français, des soldats de l'armée française... Etait-ce moins condamnable ?
Restée seule, Nelly s'adossa contre l'armoire et se laissa glisser, jusqu'au sol. Un spasme de détresse la parcourut. Ses mains tremblèrent, sa respiration s'accéléra, et elle eut l'impression de tomber dans un trou noir.
Avec Audrey, elles parcouraient le village de long en large à la recherche des derniers ragots. Dès que le soleil perçait les nuages, les vipères sortaient de leur tanière et déliaient leur langue envenimée. Leurs commérages prenaient l'assaut des rues, des maisons, de l'église... Les vipères multipliaient leurs proies : hommes cocus, femmes blessées, gosses mal élevés... Des dossiers complets étaient montés sur chacun des habitants.
Les ténèbres l'enveloppaient.
Un arôme de supplice flottait entre les murs, comme un goût de de sang sec et intarissable. Dans la petite pièce, l'obscurité déployait ses bras de monstre, et engloutissait tout espoir de revoir le soleil.
La jeune femme était là, allongée sur le sol et ligotée les mains dans le dos. Un jour avait suffi pour que sa vie touche l'enfer.
- Je ne suis pas un monstre.
Je m'étonnai moi-même de la façon dont j'avais prononcé cette phrase. Sans doute voulais-je me persuader moi-même. Lors des séances, je ne riais pas des gémissements, des regards suppliants ou de l'agonie d'un homme, mais je ne m'en affligeais pas non plus. Il s'agissait de mon travail depuis un an, j'étais le bras du diable.
"Magnifique polar / thriller qui vous tient en haleine du début à la fin. Grande maturité d'écriture. La façon d'écrire est diabolique: les courts chapitres dont qu'il est juste impossible de lâcher le livre avant la fin.
Je t'aimerai toujours, belle et tendre amour,
Mon unique étoile, perle de mes jours,
Si viennent les pleurs, lèvent tes doux yeux,
De partout je veille, le cœur dans les cieux
La nature intime de l'inconscient nous est aussi inconnue que la réalité du monde extérieur.