J'ai longtemps essayé de l'aider, de lui faire comprendre qu'elle gâchait sa vie. Je lui ai même proposer de venir vivre avec moi quand j'ai acheté ma maison à Grâce-Hollogne, mais elle a toujours refusé. J'ai fini par comprendre que c'était sa vie, pas la mienne. Je serai toujours là pour ma mère, si elle a besoin d'aide, mais ça doit venir d'elle. c'est sa décision
Henning se rendit soudain compte qu’en plus d’avoir faim, il avait terriblement soif. Une bière. Il avait envie d’une bonne bière bien fraîche. Il se souvint avoir été vexé le jour où Pascal lui avait affirmé que la bière belge était bien meilleure que l’allemande. Après tout, l’Allemagne était réputée pour son décret sur la pureté de la bière, qui définit les sortes de bière et les ingrédients autorisés pour la brasser. Ce décret est d’ailleurs toujours présent dans la loi fédérale de la République. Son colocataire lui avait alors fait goûter toute une série de bières belges, de la simple Jupiler aux bières trappistes brassées par les moines dans les abbayes. C’est à ce moment-là qu’Henning avait reconnu que, en ce qui concernait la bière, la Belgique était une aussi grande nation que l’Allemagne. La diversité belge valait bien les quantités germaniques et, venant d’un Allemand, ce genre de compliment équivalait à une vraie consécration.
Il se souvenait que dans sa jeunesse, il adorait le petit écran et il repensait toujours avec une pointe de nostalgie aux programmes qu'il regardait en famille. Avec ses parents d'abord, puis avec sa femme. Mais lorsqu'on a commencé à enfermer des analphabètes dans des villas truffées de caméras ou à envoyer des vedettes inconnues en Australie pour leur faire ingurgiter de l'anus de kangourou, Henning avait tout de suite su que c'en était fini de son passe-temps familial favori.
La Skoda Octavia d'Henning roulait à cent soixante kilomètres à l'heure sur l’autoroute E42, ce qu'il considérait être une vitesse acceptable. Ni trop lente, ni trop rapide.