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Citation de tomgus


C’était le 20 juin (1894), donc environ un mois avant la guerre sino-japonaise. L’armée chinoise débarquait à Inchon ; on dépêchait à Séoul Keisuké ôtori ; une situation extrêmement tendue régnait dans la péninsule coréenne. Le séisme se produisit aux alentours de deux heures de l’après-midi, alors qu’à la Bourse du riz les transactions battaient leur plein et que des groupes de spéculateurs emplissaient boutiques et officines et toutes les rues du quartier. Je rentrais juste de l’école et mangeais dans la cuisine de la pâte de haricot rouge glacée. Comprenant tout de suite qu’il s’agissait d’un tremblement de terre, je bondis dans la rue ; mais comme, comparée à la rue de devant où se trouvait le magasin « Yamaju », la nôtre, de celle de derrière, était fort étroite, dans la crainte de voir s’écrouler les maisons situées de part et d’autre, je courus éperdument jusqu’à la grande avenue séparant les subdivisions 1 et 2 et me plantai au milieu du grand carrefour où nous devions tourner pour aller du côté de l’imprimerie. Ma mère se trouvait-elle à mon côté depuis le départ ou venait-elle seulement de me rattraper ? Toujours est-il que c’est seulement à ce moment là que je me rendis compte qu’elle me serrait étroitement contre elle. Les violentes secousses du début avaient déjà cessé, mais le sol continuait à se soulever d’ondulations molles. Du point où nous nous trouvions pressés l’un contre l’autre, il nous semblait que la grande avenue de Ninyô.chô, qui se terminait une centaine de mètres plus loin, n’arrêtait pas de se soulever et de s’affaisser. Mon visage se trouvant cependant plus bas que l’épaule de ma mère, sa blanche poitrine découverte par l’entrebâillement du col de son kimono dérobait à ma vue l’effrayant spectacle. Là-dessus, alors qu’au moment de la secousse je m’étais précipité dehors en envoyant très certainement promener la pâte de haricots glacée que j’étais en train de manger, je me découvris serrant dans ma main droite, par l’effet de je ne sais quel mystère, mon pinceau à calligraphier. Et tandis que dans les bras l’un de l’autre nous nous balancions d’un pied sur l’autre au milieu du carrefour, je barbouillais de traits noirs les seins de ma mère.
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