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Je cours vers elle en hurlant comme une démente. Je me jette dans ses bras en plaquant bien mes os saillants et mes cheveux sales sur son corps de pimbêche. La surprise et le dégoût la déséquilibrent. Elle tombe en arrière.
(...) Mais la peur empêche Sandrine de réagir intelligemment. Elle hurle à son tour. Dans le vide.
Je sens que je suis à nouveau sur le point de m’endormir dans le canapé du salon. Cette fois, je ne lutte plus. A quoi bon. Pour quoi ? Pour qui ? Plus personne ne m’accorde la moindre importance, plus personne ne croit en ce que je raconte. Je ne retrouverai plus Daniel, il est trop tard. Je me remets à tourner en rond. Je suis à nouveau happée par un tourbillon de noirceur. Comme au moment de la disparition, lorsque tout le monde disait qu’il m’avait fuie. Comme avant que les journaux et les cahiers ne m’en sortent en m’apportant un nouveau but. Je ne crois plus aux journaux ni aux cahiers désormais, ils ne servent à rien. Je me remets à tourner en rond lais cette fois, comme de l’eau dans un évier sans bouchon. Je tourne en rond vers le vide. Lentement mais sûrement.