Participation de Kaar Kaas Sonn à la rencontre "Palabres autour des arts" pour parler de son roman "Avec nos mains de chèvres"
Je crois bien que je vais m'en aller en occident. Je perds mon temps à rester ici. Il n'y a pas d'avenir ici. Dieu et Allah ont dû fuir ce pays tant il est bizarre, hostile, inhospitalier et peuplé de gens inconséquents, méchants par dessus tout ! Je crois que ma place n'est pas ici. L'Europe est l'espoir (…) Je fais comme dit le proverbe arabe « l'exil avec richesse c'est une patrie. La pauvreté chez soi c'est un exil.
Malik Moktar Al Mahdi continua d'aller prendre des cours les soirs chez M.Breton. A lui lécher les couilles en s'en faisant les siennes en or. Résultats scolaires flamboyants, mirobolants, presque irréprochables avec pas grand chose dans la caboche. Les belles filles. La belle vie. Ainsi allait sa vie de lycéen peinard (…) L'école est parfois vicieuse. On s'y rend avec la ferme conviction de trouver du savoir livresque. On en ressort parfois tordu d'esprit (…) C'est comme ça et l'Afrique conquise, battue à plate couture, humiliée, travestie et corrompue, doit se soumettre à ce rituel en plus des siens propres déjà si complexes et abyssaux.
Malik Moktar Al Mahdi est un saint despote. Comme il convient pour ces peuples d'Afrique encore sauvages et indociles ! Même pas un despote éclairé. Lui, dilapide les deniers publics non dans la construction ni du pays, ni de son village, mais dans les dépenses somptuaires de guerre, de voitures et de ses innombrables épouses qui veulent rivaliser avec Crésus, fils d'Alyatte II. Femmes parfaitement insatiables. Ce qui ajoute à la confusion. Le despotisme est une institution où un supérieur méprisable méprise ses sujets. Ces derniers applaudissent.
A la fin du dîner, le président demanda à son ministre l'autorisation de danser avec madame. Puis une deuxième demande. Puis une troisième. Et il disparut avec la femme dans son immense palais, que le ministre des finances appelait la nef. Il revint deux heures plus tard annoncer au ministre qu'il venait d'épouser sa femme.
- Tu peux rentrer chez toi, qu'il lui ordonne.