C’est un peu fou quand on y pense.
Tes doigts ont changé bien sûr
mais à chaque fois qu’ils me touchent,
ils semblent me découvrir,
me chercher, s’émerveiller,
craindre de me perdre.
Alors je surgis à nouveau
au monde et à toi.
Encore
et encore.
Qui touche comme ça ?
Quels doigts donnent à notre peau l’odeur d’un nouveau-né ?
Ceux des autres s’habituent,
s’endorment, s’éloignent
ou frappent, nostalgiques,
sur quelques touches de piano
usées.
Ceux d’une mère jamais.
Tour à tour leurs caresses
sont une feuille,
le vent ou l’eau,
dont la fontaine est de jouvence.
Le temps, juste le temps de ces caresses,
on se demande si on a vraiment vieilli.