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Critiques de Karim Amellal (5)
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Voici un livre que je trouve intéressant mais pas suffisamment fouillé sur un sujet, ô combien d'actualité : le terrorisme et ses dommages collatéraux. Karim Amellal parvient à nous rendre attachant son héros, qui, vu d'ici, tranquillement assis que nous sommes dans une vie sans trop de heurts, aurait tout pour déplaire.



Ce livre a été publié en 2006, donc fraîchement après la vague de violence qui avait " enflammé " les banlieues françaises en 2005. (Tous les termes depuis " vague de violence " jusqu'à " 2005 " pourraient être mis entre guillemets tellement la présentation que j'en fais est simple et caricaturale, tellement elle nécessiterait des développements et des croisements de points de vue que je n'ai ni les compétences, ni le temps, ni la place pour faire. Ceci a juste pour but de re-situer grossièrement le contexte dans lequel ce livre a vu le jour.)



À l'époque, les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis étaient encore vifs dans toutes les mémoires et les flammes de 2005 à peine éteintes. De nos jours, suite aux événements de 2015, la question du " terrorisme " et de la " radicalisation " des " jeunes de banlieue " est plus brûlante que jamais. La question de " l'endoctrinement religieux islamique " est également un sujet porteur dans les médias dominants.



Bref, un livre à la fois tout à fait dans la thématique de l'actualité mais en même temps, à recontextualiser car on ne parlait pas d'État Islamique en ce temps-là. Donc, forts de ce modeste préambule, je m'en viens vous présenter un peu cet ouvrage.



D'emblée, nous suivons un individu qui nous dit être un terroriste, emprisonné et qui reconnaît avoir commis des choses horribles. Tout l'enjeu sera alors de " découvrir " ce qui l'aura amené à commettre ses exactions, et d'où son titre incriminant nettement un certain type d'habitat. Karim Amellal nous fait un portrait à charge du rôle mortifère des cités, notamment autour de Paris, des conditions de vie atroces et sans espoir qui y sont la règle. Il y parle du fait que cela n'excuse pas les comportements déviants mais que cela les explique grandement.



En cela, je trouve que le constat accablant qu'il dresse rejoint totalement celui de la série Sur Écoute (The Wire) qui, aux États-Unis faisait le bilan à la même époque de la situation sociologique de la ville de Baltimore, l'une des plus violentes, si ce n'est LA plus violente de ce pays durant cette période. Donc, mêmes causes, mêmes effets : concentration de personnes pauvres et d'origines étrangères dans des mêmes quartiers totalement dénués de charme et dont la vétusté rappelle chaque jour aux habitants qu'ils sont au troisième sous-sol de l'échelle sociale du pays considéré.



École inadaptée, logement défaillant, perspective de chômage quasi assurée, soupçon permanent des citoyens plus aisés vis-à-vis d'eux, langage et profil vestimentaire qui signent tout de suite l'origine des habitants, toxicomanie faute d'autre chose, sentiment d'être né avec toutes les mauvaises cartes en main (d'où un sentiment latent d'injustice), traitement discriminant réservé par la police, tous ingrédients qui mènent presque nécessairement, mathématiquement vers, au mieux, la petite délinquance, et, dans certains cas, la grande.



Rien de nouveau sous le soleil me direz vous mais c'est toujours bon de le rappeler. Autre lapalissade, mais là-encore à garder à l'esprit, l'auteur insiste sur le rôle central des médias dans la surenchère, dans la mise en scène, dans l'instrumentalisation qui sont faites de cette violence.



En soi, la délinquance (au sens des vols directs, des violences réservées aux personnes, etc.) a, de tous temps, été plus forte chez les pauvres que chez les riches et elle n'a rien à voir avec l'origine ethnique. Victor Hugo en parlait déjà au XIXème siècle alors qu'il n'y était question que de Français dits " de souche ". Ensuite, dans la première moitié du XXème, on a calomnié tant qu'on a pu les Italiens. Dans les années 1960-70, les Italiens ont passé la main aux Maghrébins, puis les peuples d'Afrique sub-saharienne sont venus grossir les rangs des populations " à risque ". Désormais, on va trouver les pires vices aux migrants venant de Syrie ou d'ailleurs…



Ce qui est intéressant, c'est qu'en fonction du pays considéré, les " populations d'origines à risques " sont différentes. Au Royaume-Uni, il n'y a probablement pas pire que les Indiens et les Pakistanais, aux États-Unis on n'en peut plus des Mexicains, en Russie, les Tchétchènes sont redoutables, il n'y a pas si longtemps, c'étaient les Finlandais qui effrayaient les Russes. La vérité dans tout cela, c'est que ce sont toujours les plus pauvres qui, de par leur pauvreté même, sont les plus enclins à la délinquance. Donnons-leur un travail et une situation convenable et ils ne seront, du jour au lendemain, plus délinquants du tout bien qu'on essaie de nous faire accroire que la délinquance est inscrite dans leurs gènes.



Souvenons-nous de ce que Malcolm X a si bien exprimé : « Si vous n'êtes pas vigilants, les journaux arriveront à vous faire détester les gens opprimés et aimer ceux qui les oppriment. » ou encore « Les médias sont les entités les plus puissantes sur terre. Ils ont le pouvoir de rendre les innocents coupables et de faire des coupables des innocents. Et c'est ça le pouvoir. Parce qu'ils contrôlent l'esprit des masses. » Mince alors ! Malcolm X c'était encore un musulman ! Donc à l'heure actuelle, le seul vrai grand problème de la planète semble être les musulmans et pas du tout la répartition injuste des richesses.



D'ailleurs, très intelligemment, l'auteur nous dépeint un jeune complètement paumé et totalement athée dont les problèmes personnels sont tellement présents qu'ils l'empêchent de se consacrer à quoi que ce soit d'autre, religion comprise.



Le parti pris littéraire de Karim Amellal de reproduire la façon de s'exprimer des jeunes de banlieue se défend et arrive presque naturellement. Vous dire que c'est ce que j'ai préféré, là, honnêtement non. J'ai trouvé aussi que le propos aurait pu être un peu plus fouillé, qu'on aurait pu sortir de cette espèce d'angélisme qui fait que le brave petit gars n'aurait pas pu faire autrement, qu'il avait de généreuses dispositions mais que la vie de la cité l'a rattrapé et qu'il s'est transformé en bouc-émissaire du mal de toute une société. De même, les politiques, les " bourgeois ", les policiers, les juges et les journalistes sont tous mis dans le même sac et sans nuance aucune. Là je trouve que la vision non manichéenne développée dans la série Sur Écoute est très supérieure et beaucoup plus proche de ce que je connais de l'humain, contaminé tant par la grandeur d'âme que par la pourriture.



En tout cas, une expérience littéraire qu'il peut être intéressant de mener, juste histoire d'entendre l'autre voix, l'autre point de vue, celui de ceux qui ne font pas le journal. Bien évidemment, ceci n'est qu'un avis, même pas cité et qui peut paraître con, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Bleu Blanc Noir

Je suis tombé sur ce livre un peu par hasard à la Fnac, le titre m'a intriguée et je dois dire que... je l'ai dévoré ! J'ai adoré le ton et l'écriture, et surtout la manière dont l'auteur prépare le terrain pour le basculement décisif. C'est en fait assez stimulant car ça fait réfléchir à notre époque, à ce qu'il se passe en France, et aussi à ce qu'il pourrait arriver. Je recommande vivement ce roman que j'ai beaucoup apprécié.
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Bleu Blanc Noir

Un roman découvert grâce à un article du Monde et que j'ai adoré. La lecture est (très) agréable, fluide, et portée par une écriture puissante et subtile. Les personnages (et en particulier le narrateur) sont tout en nuances. Le constat dressé par l'auteur est sévère, à la mesure de la réalité que nous vivons. Nous avons hélas l'impression que tout ce que décrit l'auteur se réalise au fur et à mesure. Je le conseille.
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Bleu Blanc Noir

Bleu Blanc Noir dépeint une France effondrée, gouvernée par l'extrème droite arrivée démocratiquement au pouvoir.



Dans "Bleu Blanc Noir", Karim Amellal imagine la victoire d'une candidate de l'extrême droite à la présidentielle. Et il situe son roman en 2017.....



Martin Luxembourg est président de la République. Mireille Le Faecq, elle, dirige le Parti national, tandis qu’Alban Péjut est maire de Bordeaux et François Cramoisi, ancien chef de l’État. Toute ressemblance avec des personnes existantes est purement volontaire dans le dernier roman de Karim Amellal, Bleu Blanc Noir. Sauf qu’il se passe en mai 2017, autour de la présidentielle française, et que le clone de Marine Le Pen gagne l’élection au second tour.
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Dernières heures avant l'aurore

Retour à Alger après avoir fui au cours des années noires , Mohammed est confronté à ses souvenirs dans un pays qui n'a pas purgé ses démons
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