J'ai la racaille dans les veines, le poison dans la chair et de la merde partout ailleurs, c'est clair. Ça m'habite comme le cœur ou les poumons, ça me lâche pas. La vermine pond ses œufs au fond de moi comme dans Alien. C'est moi l'Alien de la France, je suis là, quelque part au fond du trou. Je fais flipper les vieilles dames mais j'habite là moi aussi. Je suis pas un extraterrestre. C'est tout ce pays qui m'a enfanté.
Chapitre 1.
Je me suis demandé si elle était pas feuj elle aussi par hasard. Mais je crois pas. Elle s'appelle Isabelle il paraît. Mais bon ça veut rien dire les noms. Y en a plein qui en changent parce qu'ils veulent pas qu'on les reconnaisse. Y a des Rebeus qui font pareil. Pour les Renois c'est un peu plus dur parce que même s'ils attrapent d'autres noms au passage, ça se verra toujours qu'ils sont renois. Bref. Donc la psy peut-être qu'elle est feuj et que c'est pour ça qu'elle veut pas me répondre. Putain j'ai oublié qu'on avait pas le droit de demander à quelqu'un s'il est feuj parce que c'est puni par la loi.
Chapitre 8.
Je le kiffais bien Kader. Il est juste parti trop vite rejoindre son paradis de Rebeus avec des meufs partout à poil qui demandent qu'à se faire serrer pour accoucher de petits anges. Le paradis des Rebeus, en fin de compte, c'est comme un grand bordel où t'as rien à payer parce que c'est la tournée du big boss.
Chapitre 2.
Dans la cité, quand j'étais dehors j'arrivais pas à décoller mes yeux des barres et des tours qui plombaient mon décor. Ils ont joué aux Lego avec nous les politicards. Ils nous ont mis de la superglu sur le cul pour pas qu'on se tire de là. Alors nous on a commencé à se tirer dessus, à tirer partout, à tirer sur tout pourvu que ça bouge. Mais ça a jamais bougé, putain.
Chapitre 2.
Dans la cité poète ça se dit rappeur.
Chapitre 2.
Ma profession c'est terroriste et ma vie elle se termine comme ça. Par une coupure dans les journaux :
« UN TERRORISTE RECONNU COUPABLE DE LA MORT DE DOUZE PERSONNES DANS UN ATTENTAT À LA BOMBE À PARIS.
Un jeune intégriste, sans doute d'origine algérienne, fortement soupçonné d'appartenir au réseau Al-Qaïda et à l'entourage proche d'Ousama Ben Laden, a été jeudi reconnu coupable d'avoir participé à un attentat à la bombe dans le XVIe arrondissement de Paris. […] Il a été condamné à la prison à perpétuité. »
On n'apprend pas assez aux enfants ce que c'est qu'un terroriste, je trouve. Du coup tout le monde croit que c'est qu'un enculé, en général un Rebeu qui fait que buter des gens. Peut-être que c'est vrai mais comme dit le dico je trouve que c'est un peu réducteur. Le dico il dit aussi qu'un terroriste c'est quelqu'un qui sème la terreur partout où il passe. Comme le Petit Poucet avec ses cailloux qu'il balance par terre, quoi. Je suis exactement comme ça moi. Un putain de Poucet.
Chapitre I : incipit.
Moi la vérité, j'en ai rien à branler des Feujs. […] Le seul truc qui me fout en l'air, c'est que les Feujs se tapent tous des cartons pendant que nous on se tape des bâtons. C'est clair ils nous cassent un peu les couilles parce que y en a pas mal qui réussissent et que nous on gloutonne le bitume. Mais tant mieux pour eux s'ils réussissent. […]
Ce qu'il y a de marrant avec les Feujs, c'est quand ils se la racontent style on est les élus. Là ils sont super forts pour faire croire à tous les guignols comme nous que s'ils sont au top, c'est parce qu'ils sont élus. Et puis nous on y est pour rien dans toutes les merdes qu'ils ont eues avant, la Shoah et tout ça. […]
Alors les Feujs ils me font ni chaud ni froid. […] C'est juste qu'au bout d'un moment y en a ras le bol de les entendre se la ramener avec des trucs qui datent de la préhistoire. S'ils arrêtent pas de zyeuter le rétroviseur y a des chances pour que toute cette histoire se finisse dans le mur. […]
Là-bas ils disent qu'ils ont construit leur mur pour se protéger des autres qui veulent rentrer pour foutre le dawa parce qu'ils en ont ras le cul de se faire traiter comme des chiens dans leur pays natal qui existe plus. C'est compliqué tout ça mais j'essaye de comprendre. Putain j'y connais rien dans l'histoire du monde moi mais y a pas eu des moments déjà où des keums étaient tellement sûrs d'être les plus beaux les plus forts et les meilleurs du monde entier qu'ils traitaient les autres comme des chiens ? C'est pas parce qu'on se croit élu qu'on peut cracher sur la gueule des recalés. Voilà ce que je pense.
Chapitre 8.
Je les squattais et elles étaient à moi, ces caves. Ma parole je m'y sentais même mieux que chez moi. C'était peut-être le seul endroit au monde où je me sentais à la maison. Mais même en prison, parfois, je me sens mieux que chez moi avant.
Chapitre 2.
Chacun a une raison spéciale de se rentrer une piquouse au milieu du bras.
Chapitre 4.
À force de nous traiter comme des pitbulls ils font de nous des pitbulls.
Chapitre 5.