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4.35/5 (sur 68 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Bayeux , 1978
Biographie :

Karine Langlois, née à Bayeux en 1978, est professeur de français. Après "Les Vies silencieuses", un recueil de textes, nouvelles et poèmes (Éditions du Chameau, 2015), elle a publié "Raphaël" (roman, La Rémanence, 2017), "Dans la peau" (récit de vie, Librinova, 2018), "Pas sur la bouche" (roman, La Rémanence, 2019) et "Femme Femme Femme" (essai-témoignage, BoD, 2020).


Source : www.editionsdelaremanence.fr
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Citations et extraits (56) Voir plus Ajouter une citation
Anne pense que Médée, l’héroïne hors du commun, qui transgresse, qui choque et provoque terreur et pitié aussi, Médée créée par les mythes antiques, par l’excès voulu par le spectacle, eh bien Médée peut exister, Médée n’est pas un fantasme invraisemblable. Les histoires de sang, de violence, d’actes impensables, de folie meurtrière, n’appartiennent pas qu’à l’Antiquité, à la littérature et aux êtres issus de lignées de rois et de reines ou de dieux et de déesses. Les tragédies grecques sont dans les journaux d’aujourd’hui, dans les faits-divers contemporains. Et sans la beauté de l’écriture qui sublime l’acte indicible, ne reste que les événements, bruts, nus, sans l’habit des mots purs, imagés, qui ramènent à la cruauté ordinaire et au sordide du quotidien de gens souvent sans envergure, qui ont sombré sans vraiment avoir lutté, accablés sous le poids d’une vie perçue comme un destin ; leur fatalité prend la forme d’une dépendance toxique, à l’alcool, à un conjoint violent, qui enferme, prive de libre-arbitre, dont on ne peut se défaire que par un acte irréversible qui condamne à perpétuité celle qui l’a commis, une victime. Tuer, ou se tuer, à cause d’une addiction, d’une souffrance sans fin, d’un sentiment d’impuissance, à cause du labyrinthe sans fil, parce que c’est déjà une violence de sentir qu’on ne peut pas agir, parce qu’on finit toujours par répondre à la violence par la violence. Couper les liens qui scient la peau, qui brûlent de manière intolérable, couper en tranchant, en tranchant le fil de la destinée, avec un couteau, un révolver, n’importe quoi qui aidera à échapper à l’être ou à la chose qui fait du mal, et qui aidera à respirer, juste un moment, avant la fin du monde. Il n’est pire bourreau que celui qui a été victime.
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Le bonheur est bruyant, la douleur est silencieuse, le bonheur éclate en bulles qui volent et se déposent sur les autres, comme des graines qui ne demandent qu’à se développer, à « contaminer », le malheur s’agglomère autour de sa victime, l’emmure en elle-même : on se ferme, on se recroqueville, on le garde au creux de soi, bien serré, de peur qu’il sème probablement.
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"Tu te souviens du spectacle qu'on a vu il y a deux ou trois ans, avec ce numéro d'acrobates qui nous avait tant émues ?... C'est ça, l'amour."
Un silence habité de ce souvenir s'installe entre les deux femmes envahies par la même envie d'idéal. Le couple d'artistes leur avait raconté une histoire, avait exprimé des sentiments avec les corps qui s'envolaient, se mêlaient, se confiaient l'un à l'autre, se démêlaient pour mieux se rejoindre encore, aimantés. On oubliait les risques, les corps suspendus pour ne voir que le mariage d'une femme et d'un homme, le sens profond de l'abandon à l'autre dans un pied nu accroché à un autre, tout là-haut, dans le saut dans le vide, ensemble, en ne comptant que l'un sur l'autre. Ils semblaient se connaître depuis toujours tant les mouvements étaient naturels ; on ne sentait plus le travail, on sentait la vérité. L'amour n'est pas une chorégraphie, l'amour est un art, c'est ce que l'on voit chez ce couple. C'est ce qu'ont vu Lolita et sa mère. Corps jumeaux et âmes sœurs font l'attelage sublime de l'amour. Cette alliance qui fait rêver et qui fait avancer.
"Oui, c'était beau, se souvient Lolita avec un soupir. Je crois n'avoir jamais connu ça. Comment on sait, maman, que c'est cet amour-là ?
- On sait, c'est tout. C'est une évidence. L'amour, ce n'est pas faire connaissance, c'est faire reconnaissance. Apprendre qui est l'autre, ça vient après. On ne sait pas pourquoi on aime, on reconnaît juste la personne qui est faire pour soi, spontanément, de manière insensée.
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Quand on parvient au stade où l'on arrive à parler de ce qui fait souffrir, c'est que l'on va déjà un peu mieux car la souffrance profonde a du mal à se dire tant elle étouffe le cœur, étreint la gorge, tranche tout contact avec autrui : c'est une violence intime et silencieuse, la mal-être véritable ne s'articule pas, il grogne, gronde à l'intérieur de soi (...).
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Faire un duo, c'est faire tomber du ciel deux âmes, des particules sensuelles qui envahissent l'air de leur musique, qui restent en suspension, en lévitation, en extase, qui volent au-dessus des atomes de poussière lumineux de la scène et se transportent dans la salle pour retomber, après de tendres acrobaties invisibles, dans le filet de chaque cœur.
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INCIPIT

Il m'arrive ce qui pouvait m'arriver de pire : un enfant...
Ce sont les mots qu'Anne a envie de crier à la terre entière, et elle n'a personne à qui les dire. Même à la mer, la confidente, qu'elle est venue retrouver ce matin, elle n'a pas envie de les crier, même au ciel qui peut tout entendre, même à la mouette esseulée là-bas, qui paraît si fragile sur ses pattes fines et qui pourrait comprendre, qui avance plus sûrement qu'elle, s'arrête parfois et tend la tête, peut-être vers un signe lointain, ou invisible, venu de l'avenir. Même à l'écho, elle ne veut rien crier. Cela soulage, pourtant de vomir sa douleur, d'en recouvrir l'immensité du monde, de cracher sur le paysage à qui elle en veut d'être différent ce matin. Tout lui semble hostile, ligué contre elle, laid et repeint avec les couleurs de la rage et du désespoir.
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Raphaël est traversé par le froid et par une fièvre douce qui ressemble au désir de reconquête d'un ex-amant que l'on n'a pas vu depuis longtemps : va-t-il me trouver changé ? Va-t-il avoir un élan d'amour ancien pour moi ? Vais-je le séduire plus encore qu'avant ?
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Dans la journée, le cabaret dort.

Lola est venue très tôt écouter son sommeil. Elle s’est assise dans la salle, qu’elle n’a pas voulu allumer, comme une mère qui veille, profitant du silence pour réfléchir à l’avenir de son enfant.

Les deux fenêtres travesties par des rideaux rouges s’arrangent avec la lumière pour laisser passer quelques rayons qui indiquent la direction de la scène. Lola est aussi émue par ces particules élémentaires, naturelles, qui touchent délicatement l’espace par endroits, que par le feu d’artifice qui le dévoile, le consume entièrement le soir. Elle est aussi émue par l’espace vide de la scène, plein de souvenirs et plein d’attentes, que par l’espace couvert de plumes, de paillettes, de musique et de danse, livré à l’instant présent. Elle aime autant le silence que le bruit, la solitude que la troupe. Elle s’est assise, spectatrice privilégiée au milieu des tables et des chaises sans clients. Le long rideau de velours qui cache les coulisses est ouvert, comme une invitation à en pénétrer les secrets. Le spectacle comme la vie est souvent un travestissement, un trompe-l’œil ; parfois, on cherche la vérité derrière l’apparence faussement merveilleuse. Ou bien on se berce d’illusions, un voile de paillettes devant les yeux, parce que c’est agréable de garder une âme d’enfant. De ne rien déchirer. Ni le beau ruban, ni le papier cadeau, ni la boîte qui peut contenir une déception.
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Le corps de l’écriture, c’est l’esprit et le cœur qui parlent à ma main. C’est la sensation aussi et la sensualité : le toucher d’un stylo, d’une plume,
le corps à corps avec la feuille, l’attente pleine de langueur d’un accouchement de l’idée, du mot juste, de l’accouchement de Moi, de ma sensibilité à fleur de peau.
Des textes que l’on sort de soi et que l’on jette comme une bouteille à la mer à l’Absent, aux absents, les lecteurs de l’ombre; …
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Il aime ce moment où il s’observe avec ses cheveux d’homme et son regard de femme, si profond qu’il semble rempli des visions du passé et de l’avenir.
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