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EAN : 9782378700195
160 pages
Remanence (29/11/2021)
4.5/5   16 notes
Résumé :
Transformiste, chanteur, magicien, Marius est un artiste aux multiples talents. Le voilà de retour dans la ville de son enfance après vingt ans d’absence, vingt années de fuite. Il retrouve le cabaret qu’il aimait tant, mais qu’il avait dû abandonner dans des circonstances troubles. Il y rencontre la jeune Lola, qui l’attire et ne semble pas indifférente à son charme. Il devra élucider l’origine de leur évidente complicité en se confrontant à son passé, tout en ombr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un livre qui m'a totalement embarquée émotionnellement, dans un univers magique qui m'était inconnu : le milieu artistique des cabarets.

Marius, un artiste aux multiples facettes, revient après vingt ans dans la ville de Verrières. Il s'y présente incognito, tant les circonstances de son départ, qu'il avait fuies, étaient dramatiques.
Il retrouve un cabaret, qu'il affectionnait beaucoup, et y crée un numéro de transformisme. C'est là qu'il rencontre Lola, la directrice artistique. Entre eux, le lien est immédiat, évident.
Petit à petit, sa couverture s'efface, la vérité refait surface.
Lui, qui n'avait pas réussi à affronter la réalité à l'époque, va-t-il parvenir à combattre sa lâcheté ? Sera-t-il pardonné par celles et ceux qui l'ont (re)connu ?

Dans ce livre, on découvre un homme, qui a construit sa vie autour de l'Art, au détriment de sa vie personnelle. On entrevoit toute sa sensibilité, la beauté de sa personne, mais sa part d'ombre également. D'un côté, un artiste qui se met à nu sur scène. Et de l'autre, un homme qui ne sait pas faire face à qui il est, à ce qu'il vit, hors d'un spectacle.

J'ai été très touchée par ce roman. Bercée par la plume sensible de Karine Langlois.
Loin d'être légère, cette histoire est faite de drames, de secrets, de sentiments contradictoires, de vérités douloureuses... Et face à tout ce que la vie peut avoir d'éprouvant, l'Art est là, comme pour panser les blessures. Pour continuer à vivre. Malgré tout.
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Dans ce roman, Karine Langlois nous met en présence de Marius, homme et artiste qui, après vingt années d'absence, retrouve incognito, dans la ville de Verrières, le cabaret qu'il avait dû quitter dans des circonstances troubles.
Il va y faire la connaissance de la jeune Lola, directrice artistique, et entre eux va naître une attirance qui va amener Marius à se confronter à sa part d'ombre, qu'il avait jusque-là soigneusement rejetée dans le passé.

Au-delà du secret de cette intime et étrange connexion, ce roman est l'occasion de découvrir l'âme agitée d'un homme transfiguré par son art : derrière l'être de lumière qui occupe la scène se profile, en coulisses, l'homme qui a refusé d'assumer ses errements passés et va devoir en payer le prix.

C'est aussi un hommage à tous les artistes, qui transparaît dans la minutieuse introspection qui accompagne la métamorphose de celui ou de celle qui va entrer en scène ; dans la sensible description d'une féminité d'emprunt où, comme le maquillage qui recouvre lentement les traits masculins, se révèle le visage de l'artiste qui se dissimule derrière son art.

On découvrira aussi tout au long de cette histoire écrite avec tact et sensibilité de belles analyses des sentiments humains, des illustrations tendres et troublantes de la maternité et une belle mise en lumière de la façon dont les arts peuvent soigner les blessures secrètes, ou du moins combler les profondes cicatrices des êtres sous le voile apaisant de la beauté d'un instant.

Émaillé çà et là de digressions qui vont bien au-delà du romanesque et en disent long sur sa profondeur secrète, cet ouvrage à l'écriture aussi douce que précise nous invite avec brio à découvrir, derrière la scène des jours, les ombres qui peuplent les coulisses et qui ne savent disparaître, le temps du spectacle d'une vie, que sous la lumière des projecteurs.
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Je présente un titre qui se place à contre-courant des romans présentés précédemment. Si le contexte historique n'a que peu d'importance ici, c'est un titre qui n'en reste pas moins chargé émotionnellement. J'avais découvert l'année dernière Irresponsables le premier roman de Marc-Arthur Gauthey, consacré au vertigineux monde de l'alpinisme, j'étais tombée sous le charme autant du sujet que de l'écriture de l'intrigue. En écrivant ces lignes, je m'aperçois que pour ma seconde lecture d'un titre issu de la maison d'édition, celle-ci nous ramène encore une fois dans les airs, ceux d'un autre monde, celui des arts du cabaret. Les Éditions de la Rémanence ont pour ligne directrice de publier des romans contemporains, et à travers les deux lectures que j'ai pu en faire, j'ajouterais que ce sont des histoires aussi personnelles et intimes que dotées d'une force évocatrice, mises en abyme par des sensibilités uniques.

Qui peut le plus, peut le moins, et quelquefois, il n'est pas utile de chercher des sujets complexes ou sensationnels, pour concocter un roman qui interpelle. Les événements de la vie courante peuvent être suffisamment riches et tourmentés pour nourrir une diégèse exploitée avec intelligence et sensibilité. L'esprit humain est une machine passablement complexe à explorer et à décrypter sans qu'il ne soit nécessaire d'avoir recours à des artifices narratifs insensés, qui frôlent l'improbable. En apesanteur est de ces romans qui possède un univers propre - celui du transformisme, c'est une première pour moi, en revanche Dalida et son répertoire, c'est du connu, c'est un peu le patrimoine culturel des années 1970, qui nous revient en mémoire, le souvenir de ces émissions musicales qui refont surface. Je l'ai dit, c'est un titre qui joue avec nos références, que l'on aime ou pas d'ailleurs, profondément ancrées en nous, tellement ancrées que l'on ne peut passer à côté de cet appel du pied que nous fait l'auteure.

Le roman touchera certainement plus un lecteur francophile même si la notoriété de la chanteuse reste internationale. Ce qui m'a poussé à lire ce titre, c'est ce rapport à l'art évoqué par le résumé de la quatrième de couverture, et dont le texte rappelle justement que le transformisme ne se contente pas d'être seule oeuvre de travestissement, mais d'un réel travail et investissement artistique. C'est aussi une piqûre de rappel de la part de Karine Langlois, également, sur le rôle bienfaisant de l'Art en tant qu'acteur ou en tant que spectateur, et encore davantage en ces temps, qui permet de donner un peu de lest à des vies bien remplies, sources de stress et angoisses.

Le roman touchera aussi chacun des lecteurs, car dans la portée personnelle qu'il porte, l'auteure a incrusté ces mesquines brèches qui esquintent ou entachent définitivement les relations, de ces trahisons, lâchetés, coups fourrés, qui demeurent des aléas parmi tant d'autres de la vie, mais qui finissent par user les relations. L'auteure interroge aussi la rédemption, la capacité à pardonner, à vouloir et pouvoir se faire pardonner, la capacité à rebâtir une relation à partir de rien ou de ruines. J'ai d'autant plus apprécié ce roman grâce à cette fin ouverte qui donne la possibilité au lecteur d'y apporter la conclusion qui lui convient.

J'ai passé un beau moment en compagnie des artistes, du transformiste Marius et de Lola, grâce à cette histoire bien servie par un apparat qui apporte un brin de nostalgie, de magie et de strass à la joie de l'art, d'intensité aux moments d'affliction, et une écriture lumineuse et sans affection, qui laisse toute la place aux personnages.





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Il y a quelque chose qui relève de la tragédie grecque dans "En apesanteur", le livre de Karine Langlois. Comment qualifier autrement ce chassé-croisé de relations ambigües, fondées sur le désir, l'amour et la haine qu'entretiennent les héros de ce roman? A commencer par Marius, alias Werther, de retour dans sa ville après un exil qui ressemble à un long purgatoire. Qui est Marius ? D'abord une ombre, un passant qui se cache sous un nom d'emprunt mais surgit en pleine lumière sous les traits d'une femme, d'une icône du spectacle dans le cabaret où il a trouvé à s'employer. Que vient-il chercher, renifler de son passé entre les murs de cette ville ? Il y aussi Lolita, belle, fragile, qui n'est pas insensible à son charme, Christine, sa mère, et Marc, aux jambes brisées, qui veillent jalousement sur elle et veulent la protéger de cet homme avec qui ils ont partie liée. Au fil des pages, le rideau se lève sur le passé de Marius, les apparences se dissipent au gré des paroles, des confrontations, et la vérité se fait jour, brutale, douloureuse... L'art et le spectacle émaillent chacune des pages du roman, en palliatif à la dureté des choses, en affirmation que l'existence puise ailleurs que dans le drame, les faux-pas, les fuites en avant. le roman se dévide sans pause, dans une sorte d'urgence permanente. Karine Langlois distille l'histoire de ses personnages avec un savant sens du dosage, elle les fait se croiser, s'affronter, se révéler sans jamais lever toute leur part de fragilité et d'incertitude.
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Karine Langlois nous livre dans ce dernier roman le rapport intime qu'elle entretien avec le monde des arts. C'est avec une grande sensibilité et une grande finesse qu'elle nous fait entrevoir la part de l'ombre et la part de lumière inhérentes au processus créatif, sans jamais les juger.
J'ai régulièrement pensé au cinéma et notamment à Pedro Almodovar. "Talons aiguilles" évidemment mais aussi l'ensemble de son oeuvre qui aborde la thématique du genre et de la complexité d'être au monde. Une chose est sûre, Karine Langlois aime les artistes et fait bel et bien partie de cette grande famille.
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Citations et extraits (17) Voir plus Ajouter une citation
"Tu te souviens du spectacle qu'on a vu il y a deux ou trois ans, avec ce numéro d'acrobates qui nous avait tant émues ?... C'est ça, l'amour."
Un silence habité de ce souvenir s'installe entre les deux femmes envahies par la même envie d'idéal. Le couple d'artistes leur avait raconté une histoire, avait exprimé des sentiments avec les corps qui s'envolaient, se mêlaient, se confiaient l'un à l'autre, se démêlaient pour mieux se rejoindre encore, aimantés. On oubliait les risques, les corps suspendus pour ne voir que le mariage d'une femme et d'un homme, le sens profond de l'abandon à l'autre dans un pied nu accroché à un autre, tout là-haut, dans le saut dans le vide, ensemble, en ne comptant que l'un sur l'autre. Ils semblaient se connaître depuis toujours tant les mouvements étaient naturels ; on ne sentait plus le travail, on sentait la vérité. L'amour n'est pas une chorégraphie, l'amour est un art, c'est ce que l'on voit chez ce couple. C'est ce qu'ont vu Lolita et sa mère. Corps jumeaux et âmes sœurs font l'attelage sublime de l'amour. Cette alliance qui fait rêver et qui fait avancer.
"Oui, c'était beau, se souvient Lolita avec un soupir. Je crois n'avoir jamais connu ça. Comment on sait, maman, que c'est cet amour-là ?
- On sait, c'est tout. C'est une évidence. L'amour, ce n'est pas faire connaissance, c'est faire reconnaissance. Apprendre qui est l'autre, ça vient après. On ne sait pas pourquoi on aime, on reconnaît juste la personne qui est faire pour soi, spontanément, de manière insensée.
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Dans la journée, le cabaret dort.

Lola est venue très tôt écouter son sommeil. Elle s’est assise dans la salle, qu’elle n’a pas voulu allumer, comme une mère qui veille, profitant du silence pour réfléchir à l’avenir de son enfant.

Les deux fenêtres travesties par des rideaux rouges s’arrangent avec la lumière pour laisser passer quelques rayons qui indiquent la direction de la scène. Lola est aussi émue par ces particules élémentaires, naturelles, qui touchent délicatement l’espace par endroits, que par le feu d’artifice qui le dévoile, le consume entièrement le soir. Elle est aussi émue par l’espace vide de la scène, plein de souvenirs et plein d’attentes, que par l’espace couvert de plumes, de paillettes, de musique et de danse, livré à l’instant présent. Elle aime autant le silence que le bruit, la solitude que la troupe. Elle s’est assise, spectatrice privilégiée au milieu des tables et des chaises sans clients. Le long rideau de velours qui cache les coulisses est ouvert, comme une invitation à en pénétrer les secrets. Le spectacle comme la vie est souvent un travestissement, un trompe-l’œil ; parfois, on cherche la vérité derrière l’apparence faussement merveilleuse. Ou bien on se berce d’illusions, un voile de paillettes devant les yeux, parce que c’est agréable de garder une âme d’enfant. De ne rien déchirer. Ni le beau ruban, ni le papier cadeau, ni la boîte qui peut contenir une déception.
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Faire un duo, c'est faire tomber du ciel deux âmes, des particules sensuelles qui envahissent l'air de leur musique, qui restent en suspension, en lévitation, en extase, qui volent au-dessus des atomes de poussière lumineux de la scène et se transportent dans la salle pour retomber, après de tendres acrobaties invisibles, dans le filet de chaque cœur.
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La langue française est une Dame : celles des pensées, celle de cœur et de pique aussi ; on la respecte, on la défend et on la manie : elle a un corps, une chair, délicieuse, une sève, qui coule dans la gorge, on flirte avec elle, on mange ses mots, on dévore ses livres. Elle sait parler d'amour, de tous les amours, tellement bien que l'on a envie de lui faire l'amour. On la prend au corps, on touche ses mots, et ses mots nous touchent, et on crie "encore et encore". Oui, redites-moi des choses tendres, crues, spirituelles, osées, ma Dame française ; j'aime votre corps, votre esprit, votre cœur. On peut dire... bien des choses en somme, n'est-ce pas, Monsieur Rostand (...).
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Il aime ce moment où il s’observe avec ses cheveux d’homme et son regard de femme, si profond qu’il semble rempli des visions du passé et de l’avenir.
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