Je reste obsédée par celles et ceux , en littérature, qu'on se figure romantiquement en ermites, et les autres qui, parce qu'ils ne sortent pas de chez eux, passent pour des fous. Écrire, cette folie; ne pas écrire, cette autre folie. Walser, qui entra à la clinique de Waldau non pas dans le but d'écrire, expliquait-il, mais de devenir fou.
Je songe aussi à Marianne Fritz, l’écrivaine autrichienne qui ne sortait pas de chez elle, entourée de tous ces bouts de papier, sans cesse en train d’écrire cette œuvre dense et de plus en plus indéchiffrable avec le temps. Je reste obsédée par celles et ceux, en littérature, qu’on se figure romantique ment en ermites, et les autres qui, parce qu’ils ne sortent pas de chez eux, passent pour des fous. Écrire, cette folie ; ne pas écrire, cette autre folie. Walser, qui entra à la clinique de Waldau non pas dans le but d’écrire, expliquait-il, mais de devenir fou.
Cette femme a un petit quelque chose de ma mère, si du moins ma mère avait eu le loisir de vieillir. Peut-être du fait qu’on trouvait souvent ma mère accroupie dans le jardin devant notre maison de banlieue, où elle arrachait les mauvaises herbes, vêtue de son treillis. Lorsqu’il m’arrive de lui parler pour de bon, à cette femme, elle se rapproche, car je soupçonne qu’elle n’entend plus grand-chose – ce qui expliquerait également ses expressions toutes faites –, et elle découvre des dents dorées et cariées.
La clé, c’est de m’efforcer de rester tranquille. La distraction qu’offrent les aboiements de Genet. Ses éructations régulières contre de possibles intrus
C’est agaçant, ces crises liées au livre d’une autre. Les listes de titres qu’elle m’envoie, elle aussi. Tout ceci, bien sûr, n’est qu’une forme fervente de procrastination. Cet été-là, toi et moi avions toutes les deux une date butoir en ligne de mire – ton livre est sorti, aujourd’hui, il figure désormais sur toutes les listes des meilleurs livres. Moi, je n’ai pas bougé.
L’art, c’est du temps, m’écrit Anna, surtout lorsqu’il s’agit d’un roman, dont l’écriture se doit d’être lente ; le roman doit prendre le temps dont il a besoin. Tout l’été, je m’essaie au temps. Je m’efforce de contenir l’hémorragie des jours. J’essaie de rester dans cette pièce, sans aller sur Internet.
Anna m'a répondu oui, en effet, les personnes qui réussissent sont celles qui le veulent, qui se trouvent au bon endroit au bon moment, avec le bon look et le bon agent et la bonne personnalité, mais quand on sera tous morts, pensait-elle, va savoir de qui on se souviendra.