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Citation de Cielvariable


Avery se demanda si quelqu’un d’autre qu’elle avait déjà mis les pieds ici. Des barrières de sécurité bordaient un côté du toit, sans doute au cas où des ouvriers de maintenance monteraient ici, mais à sa connaissance ce n’était jamais arrivé.

Elle n’en avait jamais parlé à Atlas. C’était l’un des deux seuls secrets qu’elle lui cachait. Si son frère l’avait découvert, il aurait fait en sorte qu’elle ne puisse pas revenir, et Avery n’aurait pas supporté de renoncer à cette liberté. Elle aimait monter sur le toit, sentir le vent cingler son visage et emmêler ses cheveux, la faire larmoyer, et hurler si fort qu’il noyait ses pensées incontrôlables.

Elle se rapprocha du bord en savourant le vertige qui lui nouait l’estomac tandis qu’elle balayait la ville du regard. En contrebas, les monorails ondulaient dans les airs tels des serpents fluorescents. L’horizon semblait impossiblement loin ; la vue de la jeune fille portait depuis les lumières du New Jersey à l’ouest jusqu’aux rues du Sprawl au sud, à Brooklyn à l’est et, au-delà, à l’éclat couleur d’étain de l’Atlantique.

Sous ses pieds nus se dressait la plus grande structure existant sur Terre, un monde complet en soi. C’était si étrange de penser qu’elle surplombait des millions de gens qui mangeaient, dormaient, rêvaient et se touchaient… Avery cligna des yeux, en proie à une solitude aussi subite qu’aiguë. Ils étaient tous des étrangers pour elle, y compris ceux qu’elle connaissait. Que savait-elle d’eux, ou d’elle-même, ou de quoi que ce soit dans cette vie ?

La jeune fille s’accouda à la balustrade en frissonnant. Un seul faux mouvement pourrait la faire basculer dans le vide. Une fois de plus, elle se demanda ce qu’elle ressentirait durant une chute de quatre kilomètres de haut. Elle imagina que ce serait sans doute paisible, cette impression d’apesanteur alors même qu’elle atteindrait la vitesse maximale. Elle mourrait d’une crise cardiaque longtemps avant de toucher le sol. Fermant les yeux, elle se pencha en avant et crispa sur le bord ses orteils aux ongles vernis en argent. À cet instant précis, la face interne de ses paupières s’alluma comme ses lentilles lui signalaient un appel entrant.

Avery hésita, une vague d’excitation coupable la submergeant à la vue de son nom. Elle avait si bien réussi à éviter ça pendant tout l’été, en se distrayant d’abord avec le programme d’études à Florence et plus récemment avec Zay ! Mais finalement elle se détourna et redescendit rapidement l’échelle.
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