Lorsque je refermai la porte de la librairie derrière moi, j'eus l'impression de rentrer d'un lointain voyage.
La lecture m'aidait, jusqu'à un certain point. De temps en temps, un livre m'apportait une réponse. Mais chaque réponse faisait naître en moi de nouvelles questions.Curieusement, elles ne me dérangeaient pas, moins en tout cas que celles qui se posaient à moi au quotidien. Elles me permettaient d'avoir une prise sur le réel. Elles étaient aussi préoccupantes que celles de la vraie vie, mais, avec elles, j'avais le temps de méditer. Je me voyais comme le personnage principal d'un roman et je réfléchissais à la suite de l'histoire.
Je me voyais comme le personnage principal d'un roman et je réfléchissais à la suite de l'histoire
- Descartes est mort depuis longtemps, m'apprit-il. C'était un grand philosophe.
Ha, ha ! Encore quelqu'un qui réfléchissait... Manifestement, on n'en devenait pas forcément plus intelligent pour autant.
- Et il a décrété qu'on avait le droit de découper les animaux vivants ?
- Il a assuré que les animaux n'ont pas d'âme. Que, même quand ils gémissent, ils ne ressentent pas la douleur. Que ce sont des machines, qu'ils se contentent d'agir pour se maintenir en vie. Qu'ils fonctionnent comme le mécanisme d'une horloge : quand elle et cassée, l'horloge s'arrête, mais elle n'a pas mal. Tu vois l'idée ?
" Sans Méline jamais je n'aurai su ce qu'était l'amour."
Je ne peux pas dire que c'était le coup de foudre, Paris et moi. Je me sentais totalement dépassé.
Le souvenir de Méline était comme une brèche dans le rempart dont je m'étais entouré, une brèche par où se sont engouffrés le froid mordant des matins d'hiver ou l'air épicé des soirs d'été. Je l'en ai tour à tour maudite et adorée.