Katy Lina

Je ne sais pas si je me sens libre ou enfermé. J’ai toujours eu un chemin tracé depuis ma tendre enfance. Mes parents ont décidé de chacun de mes mouvements, et même encore aujourd’hui. Pour venir ici, ils m’ont trouvé une place dans une grande multinationale émergente afin de mener à bien mon projet de base  : devenir directeur marketing. Je sais que c’était mon projet, c’est moi qui le voulais, j’ai toujours eu ce don de créativité depuis gamin. Cependant, je sais très bien qu’ils voulaient autre chose pour moi, peut-être qu’ils espèrent que je me plante royalement et que je retourne vivre chez eux et les laisser faire de moi ce qu’ils désirent.

Ce baiser m’a envoyée sur une autre planète. Lorsqu’il relâche mes lèvres, je lâche un soupire dont j’ignorais la présence. Sa bouche parcourt mon cou et ses mains mes cuisses. J’ouvre un œil à demi avant de le refermer sous le plaisir de ses caresses. Nous sommes dans sa cuisine, ce n’est pas le confort de son lit, mais avec lui, ça ne peut qu’être exceptionnel. Comme il est grand, nos corps s’ajustent parfaitement et nos visages sont face à face. Je croise mes jambes dans son dos pour le rapprocher de moi et je le sens contre mon bas ventre. Il est déjà prêt, cette chemise a fait son effet.Je viens maladroitement défaire son jean et le glisse sur ses jambes. Ses lèvres parcourent le dessus de ma poitrine et ses mains remontent sur le haut de mes cuisses. Il me soulève légèrement pour retirer mon bas et le contact froid du plan de travail me fait frissonner. Il glisse sa main à mon entrejambe et ce seul contact suffit à activer tous mes récepteurs.

Elle a déjoué toutes mes règles. La première était de ne jamais coucher deux fois avec la même personne, la seconde ne jamais dormir avec quelqu'un et la troisième ne jamais l’embrasser. Et bien d'autres encore. Mais quel plaisir je peux éprouver lorsqu'elle pose ses lèvres si douces sur les miennes.

C’est dur d’être plus qu’un simple médecin et de gérer en même temps une recherche, mais ça lui correspond bien. J’en profite pour aller me brosser les dents et me changer. J’enfile mon short et mon tee-shirt et plis mes vêtements correctement.

Elle ignore que je ne peux pas avoir de petite amie comme elle le dit. Et surtout que je n’en veux pas. Je n’aime personne et personne ne m’aime c’est ainsi depuis des années et ça ne changera jamais. Ma vie a été écrite ainsi. Elle ignore que je comble tout mon désespoir et ma tristesse en sautant une fille différente quand l’envie m’en prend. Elle ignore tout de l’obscurité de ma personnalité sauf cette chose dont nous ne parlons jamais depuis toutes ces années… Et je veux préserver la bonne image qu’elle a de moi au maximum. Je dois montrer l’exemple, c’est mon rôle en tant qu’ainé et je le tiendrais au mieux.

Je suis tellement nulle de pleurer pour un homme qui à part vouloir coucher avec moi, ne souhaite rien de plus. Pourquoi je suis tombé sur lui, et pas sur un autre, qui puisse m’aimer ?

Moi, un mec qui ne voudra jamais d'une relation de couple, qui ne supportera même pas d'être aimé et encore moins le contact de quelqu'un sur mon corps. Elle est le genre de fille à vous toucher, vous câliner, vouloir tout un tas de trucs que je ne suis pas en mesure de lui donner. J'ai été trop con et pas assez méfiant. Il faut que je retrouve ma routine habituelle, celle avant de l'avoir connu, avant qu'elle n'ait fait de moi, ça… Quel idiot.

Je l’embrasse tendrement avant de déposer un baiser sur son front et de la prendre dans mes bras. Elle blottit sa tête sur mon épaule et passe son bras autour de moi. Ce matin je ne ressens pas le besoin de sexe, ce besoin qui m’empare depuis tant d’années. J’ai juste envie de la tenir dans mes bras et de la sentir contre moi, autrement que dans des ébats sexuels. Je ne saurais expliquer ça, mais il est là au fond de ma poitrine…

Elle ne connaît pas la définition du « bien » pour moi. Il n’y a rien de bien pour moi. Et surtout pas ça. Et pourtant c’est ce que j’ai toujours fait. Elle s’offre à moi juste au moment où je doutais tellement sur ma capacité à supporter l’attachement et la douleur que Kaithlyn engendrerait. Toutes ces filles se sont toujours offertes à moi. Et ce soir je pourrais essayer de tout oublier et reprendre mon train de vie habituel…

Cette fille m’embrouille l’esprit et je reste persuadé qu’il faut que je m’éloigne d’elle. Si seulement c’était si simple… Si je pouvais juste fermer les yeux et oublier tout ça, retourner un mois en arrière et ne pas commettre la même erreur. Oui s’en est une car ma vie était parfaitement simple et contrôlée. Simple est un euphémisme. Ce que j’en montre l’est, cependant ce que je refuse de montrer est tordu et destructeur.