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Citations de Kazuki Sakuraba (77)


Parce qu'un enfant qui réclame sa mère, ça dérange les adultes, voyez-vous.
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Moi, je n’avais pas tout ce qu’il me fallait, ça c’est sûr. Tous les jours, je me répétais : je ne suis pas satisfaite. Mais je me disais : ça va, c’est normal. On ne peut pas passer sa vie avec des désirs disproportionnés, disait une voix dans ma tête pour me faire la leçon. « Je ne suis pas satisfaite », c’était la voix du cœur, alors que « Ça va, tout est normal », celle qui me faisait la leçon, c’était la voix de mon époque. Enfin, c’était mon impression. En réalité, j’avais peur. J’avais tellement la frousse que j’étais prête à crier. Mais crier contre quoi ?
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Sans réelle ambition, sans non plus le désir débordant de dépenser un argent fou pour quoi que ce soit, ni vraiment d’intérêt pour m’amuser dans les grandes largeurs. Je n’étais pas davantage prête à m’investir dans une carrière pour devenir quelqu’un dans une entreprise au point d’y perdre mon identité. Je n’avais aucune envie d’acquiescer ou de courber la tête pour des choses auxquelles je ne croyais pas. Ce qui n’empêchait pas de sentir, comment dire… la suffocation de ces journées qui m’entraînaient vers l’âge adulte. Je souffrais de penser que j’aurais dû m’appeler « Liberté ». J’avais de quoi manger sans problème, je n’avais rien à faire, mais étais-je libre ? C’était quoi la liberté, pour nous ? La liberté, pour une femme, qu’est-ce que c’est ?
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La crise qui faisait suite à l’explosion de la bulle économique se résorbait peu à peu, c’est du moins ce qu’on entendait dire, mais le nombre de gens qui restaient chez eux parce qu’ils n’avaient pas de travail ne baissait pas. De fait, la plupart de mes amis avaient un job précaire mais pas de véritable emploi, et même parmi ceux qui avaient fait quatre années d’études universitaires et avaient décroché un contrat dans une bonne entreprise, certains démissionnaient en un rien de temps. Je voyais aussi beaucoup de jeunes bohèmes d’élite. La fierté du professionnel, de l’homme de métier, pour qui chaque jour est un combat, qui trouve le plaisir de vivre dans le fait de travailler en donnant le meilleur de soi, cela semblait totalement impossible. Le monde avait grimpé, grimpé, puis il avait fait demi-tour et nous nous étions remis à glisser, et nous revoilà collés par terre les uns sur les autres tout en bas de l’escalier, comme il y a bien longtemps le frère de Midori.
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— Si ça gaze ? Eh bien, pour les études, c’est l’horreur. Dès la deuxième année, tu dois choisir entre la filière littéraire et la filière scientifique, et au milieu de l’année, ça se divise encore selon si tu vises une université nationale ou privée. Les matières principales changent en fonction. À chaque cours, tu te trouves avec des gens différents. En anglais et en math, il y a un classement, qui évolue chaque mois selon le résultat au test mensuel.
— Je pige pas un mot de ce que tu racontes.
— T’inquiète, pas besoin de comprendre.
Chôko mélangea son milkshake qui commençait à fondre avec sa paille.
— Mais là où ça devient l’horreur, c’est que si tu es un génie et moche, alors tu n’as aucune valeur en tant que femme. Faut te faire un brushing, te mettre du rouge à lèvres, les ongles et tout.
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Au début, il y a une fille qui voit la possibilité d’utiliser les répondeurs téléphoniques pour un usage pas tout à fait conforme à la loi. Puis, cette fille convainc quelques copines de marcher avec elle, une petite aventure excitante et hautement rémunératrice. Je me suis renseigné, il paraît que des choses similaires ont commencé à apparaître un peu partout dans le pays. De façon générale ça vient surtout de la capitale et ça se diffuse petit à petit. Il faut voir que les rose virginal, comme tu les appelles, sont écrasées par la Guerre des concours. Elles se détruisent petit à petit de l’intérieur. Leurs parents ne sont pas au courant, leurs amies non plus.
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Ton gang, c’est baston et raids à moto, rien d’autre, ou peut-être quelquefois un peu de chourave, pas de souci. Mais regarde un peu à l’extérieur, Kemari, le monde est en train de changer, tu n’as pas remarqué ? Et certaines personnes que tu n’aurais jamais imaginées capables de faire ça s’immiscent et se mettent aux affaires pas clean du tout. Ça fout les boules. L’époque où le voyou de base faisait des voyouteries de base, c’est fini. Regarde Takeshi, il est hyper sérieux, maintenant.
— Mais qu’est-ce que tu veux dire avec ça, Shinobu ?
— Les types qui viennent se renseigner sur les armes que je vends ici, à la boutique. Depuis l’année dernière, à peu près, ce ne sont plus les loubards typiques comme avant. Je vois de plus en plus de gosses normaux, des petits à lunettes qui paient pas de mine. Les filles qui utilisent le téléphone avec le répondeur dans leur chambre pour se prostituer, ce ne sont plus les loubardes avec des familles recomposées et des problèmes personnels compliqués.
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C’est aussi vers cette époque que commencèrent à se multiplier les cas d’enfants sérieux qui se mettaient soudain à craquer, comme incapables de supporter les fortes pressions de cette société de la compétence scolaire. Des enfants par ailleurs très calmes s’en prenaient à leurs parents avec une violence de bêtes sauvages, à coups de battes de baseball ou autre. D’autres se jetaient tout à coup du haut d’un immeuble. Une angoisse sans nulle part pour se mettre à l’abri se développait chez les enfants.
Par conséquent, les écoles changèrent de nouveau. L’âge de la violence au grand jour alla sur sa fin, et fut remplacé par celui du harcèlement vicieux, dans lequel les enfants ciblaient ceux qui étaient plus faibles. De moins en moins montraient les crocs aux adultes, ils s’adonnaient maintenant au sinistre jeu de détruire l’esprit des autres enfants.
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Tandis que Kemari plongeait dans la culture de la délinquance, et que Kaban se concentrait sur son rêve de devenir une idol, Kodoku pénétra dans l’univers des jeux vidéo, abandonnant derrière lui l’aride réalité du monde extérieur. Ce qui, aussi bien pour les uns que pour les autres, n’étaient que différentes façons enfantines de vivre cette époque de fiction.
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Pour les collégiens et lycéens de cette époque, les bandes de loubards, la violence scolaire et tout ce qui allait avec ne constituaient que la moitié de l’histoire. La majorité des élèves était surtout prise dans une rude bataille connue sous le nom de « Guerre des concours ». Les hommes forts, les ouvriers de Benimidori, ceux qui avaient travaillé à la reconstruction de l’après-guerre, commençaient à ressentir la futilité du travail. Ils avaient rêvé d’une vie stable, avec une maison individuelle en banlieue acquise grâce à un prêt immobilier. En d’autres mots, ils avaient rêvé de quelque chose de permanent. Ils souhaitaient que leurs enfants s’élèvent dans le nouveau système méritocratique et atteignent un statut social supérieur au leur.
À Benimidori, les boîtes à bachot privées furent le champ de bataille principal de la Guerre des concours. La majorité des élèves commença à suivre des cours du soir dans ces établissements à partir de la deuxième ou troisième année de collège. Là, ils découvraient que l’élève assis à côté d’eux n’était pas un ami, mais un rival. Ils apprenaient par cœur, passaient des tests blancs, et étaient divisés en classes de niveau, en fonction de leurs notes à ces tests. La valeur de chaque enfant était représentée par un nombre. Plusieurs boîtes à bachot ouvrirent dans les immeubles autour de la gare, et quand le soir tombait, les enfants étaient aspirés à l’intérieur, en colonnes de soldats aux boyaux noués par la peur de la bataille.
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Les jeunes de cette époque pas si lointaine s’étaient enthousiasmés pour la lutte politique et l’idéologie en vue de construire une société meilleure. Puis, à un moment donné, avant qu’eux-mêmes ne s’en rendent compte, l’époque avait changé. Les jeunes de maintenant, eux, étaient creux à l’intérieur.
Kemari et ceux de sa génération n’avaient pas d’idéologie, ni aucune conscience sociale. Ils n’avaient pas même d’yeux pour seulement voir le monde réel qui les indifférait au possible. Ils préféraient repeindre leur monde fictif à eux par-dessus. La culture loubards était l’illusion qu’ils partageaient tous. Kemari portait au pinacle les idéaux de bâtir une nation sous une seule autorité et de force supérieure à la bagarre, mais pour ce qui est de pour quoi ils se battaient, pour quoi ils chevauchaient, le cœur de leurs agissements n’était qu’un large trou. C’était vide et c’est cela qui les enthousiasmait. Ils s’enflammaient parce qu’il n’y avait rien.
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Du fait du marasme et du fer froid, le métier qui avait été le rêve de toute une génération commença à n’être plus qu’une gloire passée. Il était devenu beaucoup plus intelligent de choisir un métier cool, dans un bureau climatisé, que de faire les trois-huit, couvert de sueur grasse. Les fils de métallos ne reprenaient pas le métier de leurs pères. Or, les métallos n’étaient pas des « cols blancs », mais n’étaient pas non plus les héritiers d’une tradition, comme les artisans. Ils étaient nés de l’économie de la croissance rapide, avaient fleuri un temps, mais leur fleur était stérile. Son éclat s’était fané au fil des jours, du fait que c’était en combinaison de travail et non pas en costume-cravate qu’ils servaient la machine dans leur usine sinistre ; on commença à les considérer plus comme les dents usées d’un engrenage hors d’âge que comme des humains.
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Avant l'heure du repas, je suis allée faire un tour chez l'une des branches collatérales. Celle où Kaban était entrée par son mariage et qu'elle dirigeait maintenant. Je suis arrivée par la porte de derrière.
- Tante Kaban, tu es là ?
Les enfants qu'avait faits Kaban se mirent à sortir de partout.
- Elle est là ! firent-ils en me tirant par la main.
Ils portaient généralement des prénoms normaux, mais par devers moi, je les appelait Portefeuille, Téléphone, Calepin et Rouge à lèvres. Puisqu'ils étaient tous sortis de Kaban, le Sac. Si ma tante le savait, elle serait fâchée, j'imagine. Bien que je n'aie pas l'impression qu'elle déteste son nom bizarre à elle.
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L'amour d'une vie, l'amour du destin, ça n'existe sans doute pas. Pour nous, l'amour, c'est un homme et une femme qui se rencontrent par hasard, qui se choisissent parce qu'ils s'entendent bien, et qui sont ensemble. Si les circonstances avaient été différentes, nous serions sans doute tombés sur quelqu'un d'autre et aurions eu une histoire avec d'autres partenaires. Et c'était bien comme ça.
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Mais la jeunesse est belle justement parce qu’elle passe.
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Quand on se sent de plus en plus près de la perte d’un être aimé, on a peur.
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Supporter, avaler les couleuvres des contradictions de la société en se répétant comme acte de foi que ces contradictions apparentes sont en fait des vérités qui ouvrent sur une connaissance supérieure, devenir adulte parce que c'est le cours des choses, tout avaler jusqu'à la lie pour devenir adulte, me conforter à la société pour offrir ma pierre à l'édifice, me battre chaque jour pour l'éternité dans l'ennui du quotidien. Eh bien non, je ne peux pas. Oui mais c'est ce que tout le monde a toujours fait depuis les temps immémoriaux. A l'époque de ma grand-mère, celle de ma mère aussi... et même aujourd'hui, une certaine proportion de gens de ma génération continuent de travailler dans la société. Eh bien, moi, je ne peux pas.
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_ Que se passe-t-il ?
_ Eh bien tu vois, Kaban, maintenant je sais quand la jeunesse est finie.
_ Quand ça ?
_ La première fois que quelqu'un te quitte pour ne plus revenir, répondit simplement Kemari.
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La télévision devenant de plus en plus commune, une seule et même culture, la culture du centre, était diffusée par les ondes au même instant dans tout le pays. Dès que les meilleures phases de jeu des matches de baseball passaient sur l’écran, tout le pays se rejouait la technique, la frappe sur une seule jambe de Oh Sadaharu, le roi du home run. En catch aussi, quand le géant Rikidôzan, chaque jour, gagnait son combat, tout le pays lui faisait une ovation devant l’écran.
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L’époque se mit à monter sur la vague de la croissance de l’acier, des usines automobiles, du bâtiment, et chacun répétait à tout bout de champ qu’implication et ambition constituaient le rêve du peuple, bien qu’en réalité, tout le monde travaillait surtout beaucoup. L’un après l’autre, les jeunes se réveillèrent du choc de la défaite et se mirent à croire que le développement économique était la voie qui menait au futur.
Les gens voulaient tous grimper en tête vers le sommet de ce monde en devenir.
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