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Citation de Erik35


Un grand miroir était fixé au mur du vestiaire attenant. Je découvrais mon reflet : seul, debout, plongé dans une lumière jaune, déprimé. C'était bien un "seventeen" déprimé : sur son bas-ventre à peine poilu, son sexe pendait flapi, avec son prépuce tout ridé, bleu-noir, fripé comme une chrysalide, toute moite, imbibé d'eau et de sperme, tandis que seules les couilles, ramollies par l'eau chaude, semblaient assez longues pour toucher aux genoux. Voilà qui manquait de charme. Dans le miroir, mon corps éclairé par derrière n'avait rien de musculeux, il n'avait que la peau sur les os. Dans la salle de bain, l'éclairage était flatteur. Maintenant, je déchantais. Mortifié, j'ai enfilé mon tricot de peau. J'observais mon propre visage qui se détachait du col de mon maillot. Je me suis rapproché du miroir pour mieux scruter mes traits. C'était un visage rebutant ; il n'était ni mal fait ni terreux, mais vraiment rebutant. Pour commencer, la peau est trop lourde : on dirait une tête de cochon à l'épiderme blanc et épais. J'aime les visages dont la peau fine et hâlée est impeccablement tendue sur une ossature ferme, bref, les visages d’athlètes, mais sous la mienne, ce n'est que chair et graisse. On dirait que seul le visage est gras. Et mon front étroit est encore plus réduit par des cheveux drus et denses. Mes joues sont bouffies. Seules mes lèvres sont petites et rouges comme celles d'une femme. Mes sourcils sont épais et courts, clairsemés et informes. Et mes yeux sont sournois, minces et légèrement révulsés. Quant à mes oreilles, elles sont charnues et écartées, avec des lobes pendants. Chaque fois que je le vois en photo avec cette mollesse féminine et cette expression geignarde et timorée, je suis terrassé. En particulier quand on en fait pour la classe, ça donne des photos déprimantes à en mourir. Pire encore, le photographe retouche toujours mes traits, pour en faire un bellâtre au visage fade. En retenant un gémissement, je fixai mon visage dans le miroir. Il avait pris une teinte bleu-noir : c'est le teint d'un onaniste invétéré.
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