En ville, tout le monde ou presque connaissait mon nom et pourtant, je n'avais rien d'exceptionnel. Mais ce n'était pas un problème, ou du moins j'étais habituée.
- Cass, tu veux bien qu'on réessaie?
Il va sans dire que la plupart des filles se seraient contentées de sourire en pouffant et seraient tombées dans ses bras, et d'ailleurs, je ne demandais pas mieux. Mais il fallait d'abord que je sois sûre de ce dans quoi je m'embarquais.
- Quand tu dis "réessayer", tu sous-entends quoi, au juste?
Will a grimacé en répliquant:
- Tu as déjà envisagé de te lancer dans des études de droit?
En ville, tout le monde ou presque connaissait mon nom et pourtant, je n’avais rien d’exceptionnel. Mais ce n’était pas un problème, ou du moins, j’étais habituée.
En revanche, le jour où j’ai fait la connaissance de Will, ça faisait douze jours précisément que ça m’en posait un. Papa s’accrochait à son poste de député mais depuis peu, on le connaissait mieux sous son surnom « Olly et sa Barbie ». Oliver Montgomery de son vrai nom, avait une liaison – et un bébé – avec sa stagiaire, et aujourd’hui les gens ne se contentaient pas de connaître mon nom : ils me dévisageaient, me pointaient du doigt, parlaient dans mon dos.
Même avant que mon père ne commence à faire la une de tous les journaux, j’ai toujours été prudente. Je ne pouvais pas me permettre d’imiter ces filles qui remontent leur jupe pour flirter avec les mecs du lycée. Vu qu’on habitait une petite ville, tous les fouineurs qui connaissaient mes parents par le biais du parti conservateur se feraient sûrement un plaisir de commérer s’ils me voyaient m’écarter du droit chemin. Ça ne valait pas le coup de me rebeller. Ça me mettrait dans une position trop délicate.
Durant toutes ces années, j'ai gobé ce mensonge comme quoi mes parents étaient parfaitement amoureux ; il ne m'est même jamais venu à l'idée d'en douter. Mais en fait, mon père avait probablement des tas de liaisons.
Ma famille biologique n'était pas une famille mais un ensemble d'individus inutiles tombés aux oubliettes, c'est tout. Pourquoi aurai-je envie de revoir des parents qui n'avaient pas eu suffisamment peur de me perdre pour se reprendre en main ? Aidan était l'exception, mais je ne me rappelais plus très bien de lui ; il avait sans doute intégré une famille et tout oublié de mon existence.
C'était mon sentiment, avant. Mais aujourd'hui mon père m'avait lâchée et ma famille était en miettes. Aidan n'était plus forcé d'être un fantôme. On pouvait redevenir frère et soeur.
J'ai déçu ma mère. Mon père, lui, s'en contrefout. À l'école, j'ai toujours fait partie des derniers de la classe. J'ai toujours eu le sentiment d'être une moins-que-rien. Mais aujourd'hui je t'ai toi.
Dans la formule "meilleurs amis pour la vie", on mise sur le " meilleur".
On est assis au bord du canal, jambes pendantes au-dessus de l'eau. Je ne m'attendais pas à ce que Holly me suive et je n'ai pas arrêté de lui crier de retourner auprès de Finn... à ce fichu goûter. Mais non, elle est restée à mes côtés.
- Elles peuvent le garder un peu. Je ne m'en fais pas pour lui. Toi aussi tu comptes.
Alors voilà, on est assis là, un peu frigorifiés mais seuls, tranquilles, et je sens que c'est le moment de parler. Peut-être même de tout avouer.
Moi qui ai toujours rêvé d'avoir une famille parfaite, je me contenterai d'une famille normale.
Je pensais que je l’aurais reconnu tout de suite. Mais le fait d’avoir vu sa photo avant m’avait embrouillée. J’avais plus l’impression de le reconnaître uniquement à cause d’elle.
C’est alors qu’il a souri. Un petit éventail de plis est apparu au bord de ses yeux et j’au vu ses dents dont les deux de devant étaient espacées, exactement comme moi avant que je ne porte un appareil pendant deux ans.
Ca y est, je le reconnaissais.