Kerstin Fielstedde

— Enlève tes sales pattes de ma queue!
Indy était folle de rage. En quelques secondes,
les gros rats l’avaient encerclée dans le bureau de la
direction avec vue sur la rivière Spree. D’un bond,
la femelle Maine coon au pelage écaille de tortue se
plaça en position d’attaque, mais elle devait prendre
garde: le sol de marbre blanc comme neige était une
vraie patinoire. C’était un lieu somptueux – beaucoup de verre, d’œuvres d’art moderne sur les murs
et de fauteuils de designer aux prix exorbitants. Seul
le désordre du bureau de travail troublait l’image.
Des maquettes d’architecture étaient disposées sur
des socles derrière la table, soigneusement éclairées
par des lampes accrochées au plafond.
Au ministère des Finances pour les Logements
Officiels Prestigieux, appelé le FLOP, tout était
distingué.
Les rats se rapprochèrent de l’agente. Debout au
milieu de la pièce, elle était le centre de l’attention.
Elle aurait besoin de renfort. Les plus robustes des
rongeurs l’avaient déjà agrippée et tentaient de l’immobiliser par la queue. Indy grogna et essaya de les
mordre en tournant sur elle-même. Un premier rat
bondit sur la chatte. Elle l’attrapa en plein vol et en
fit sa proie avant même qu’il ne l’atteigne. La nuque
du rongeur se rompit dans la gueule du félin comme
une brindille sèche.