La rue est remplie à ras bord d'une multitude d'objets et d'une infinie variété de types humains: des charrettes tirées par des ânes, des chevaux, ou encore des bras humains; des étals de fruits et légumes, de poissons, de récipients en plastique ou en aluminium de toutes les tailles; des pièces mécaniques; des glacières pour les boissons gazeuses; des commerces des deux côtés: épiceries, vendeurs de fèves et de falafels, de kochari, de pièces de rechange pour les voitures, des ateliers de peinture au pistolet, des mécaniciens, des réparateurs de pneus, des électriciens, des cafés, et des unités ambulantes de chacun desdits commerces, sous forme de carrioles surmontées de vitrines tirées par des vendeurs itinérants; sans parler de ces recoins et de ces minuscules échoppes où exercent des serruriers qui vous réparent aussi les portes de voitures, où l'on arrange les cuisinières et les réchauds, et où des cordonniers réparent les chaussures les plus usées et en font à nouveau briller le cuir.
Toutes ces échoppes attirent une foule de clients qui viennent en voiture ou à pied. le plus stupéfiant est que les voitures parviennent à pénétrer dans les coins les plus perdus; avec des nerfs d'acier, leurs conducteurs les garent au cœur du vacarme, dans une tempête de vociférations et de klaxons aussi insistants qu'irritants. Et comme toujours, grâce à la remarquable bonhomie du peuple égyptien -et grâce à elle seule- les affaires sont menées à leur terme. Les voitures passent par le chas d'une aiguille, et pas un phare n'est brisé, pas une aile froissée, pas un étal dérangé, pas un passant touché.