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4/5 (sur 5 notes)

Nationalité : États-Unis
Né(e) à : Billings, Montana , le 31/08/1955
Biographie :

Kimberly Blaeser, poétesse, est née le 31 août 1955 à Billings, Montana, États-Unis.

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Bibliographie de Kimberly Blaeser   (1)Voir plus

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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
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Une Indienne d’Irwin Brothers *. Posait dans un studio de
photographe. Un numéro de dossier dans une collection
de l’histoire du Western classiquement faite d’identités
inventées. Visage solennel, longs cheveux noirs, encore un
autre souvenir sépia d’où la réalité est aspirée tel un filet rouge
serpentant depuis un flacon d’encre fissuré.

L’ironie de l’Amérique gothique : une femme comanche perchée
sur une chaise victorienne ornée. Mais cette ogichidaakwe**
s’évade, la chevelure souple jusqu’à sa taille drape délibérément
le coin d’un grand cadre de bois, va au-delà de l’image capturée.
Chevelure si pleine qu’elle court sur sa poitrine, atteint le
sombre de sa jupe à volants. Ensemble ses cheveux deviennent
le cheval rapide sur lequel elle compte des coups, chevauche
pour s’échapper de la nature morte, semblable aux portraits
des colonisés tirés par Catlin et Curtis.

Mahseet. Guerrière. Animwewebatoo***.
S’enfuit
Bruyam
        m
         e
          n
           t.


* Irwin Brothers : Jon et Andrew Erwin, scénaristes, cinéastes et producteurs de films américains ayant la réputation de conservatisme.

** Ogichidaakwe : mot du langage anishinaabeg pour dire « warrior woman », une guerrière, c’est-à-dire au service de sa communauté pour le bien de celle-ci. Cela peut être une medicine woman, quelqu’une menant des cérémonies, quelqu’une qui fait du bien autour d’elle.

*** Animwewebatoo : mot du langage anishinaabeg pour dire « Run away », soit se sauver, s’enfuir.
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Ikwe-Niimi : Résister en dansant



365 clochettes en rangs sur ma robe
tournées par les mains d’une qui a déserté
pour fuir l’enseignement obligatoire délivré à Pipestone
430 kilomètres à regarder en arrière pour savoir si elle
  était poursuivie
se cachant pour éviter les punitions promises le jour
et sous la lune migrant comme ses cousins maang*.

365 rubans tiennent les clochettes sur ma robe
bandes multicolores attachées et enfilées
cousues par les femmes rieuses de mon enfance,
femmes qui gagnaient 2 dollars et 25 cents
à coudre les tabliers décorées d’oies, des maniques,
leurs doigts enflés tapotaient un rythme à suivre en
  travaillant.

365 prières en cadence et tapes l’une sur l’autre
zaangwewe-magooday, robe-médecine ancienne
héritage argenté en forme de cône imitant la voix purificatrice
  de la pluie
145ème pow-wow** de la nation de White Earth ***
le poids de l’histoire anishinaabeg sur mon dos
une robe devenue légère grâce à la résistance : cette guérison
  est un art.


* Mot du langage ojibwé (anishinaabeg ou chippewa) pour dire Plongeon huard, oiseau migrateur allant jusqu’en Arctique et faisant partie du mythe de la création.

** Pow-wow : à l’heure actuelle, rassemblement tribal ou inter-tribal où les gens se retrouvent, dansent les danses traditionnelles indiennes, chantent, pratiquent certains rituels, affirmant ainsi leur attachement à leurs identités et à leurs cultures amérindiennes.

*** Réserve anishinaabeg située dans le centre-nord du Minnesota aux États-Unis.
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Rêves de corps aquatiques



Wazhashk*,
petit nageur à moustaches,
toi, flèche fluide traversant les cours d’eau
avec la simple détermination
de qui a plongé
violet profond dans une quête mythique.

Dévalorisé ou méprisé
comme rat d’eau sur terre ;
héros des contes animaliers de notre peuple anishinaabeg,
  histoires de la création
dans lesquelles les conteurs ouvrent lentement,
magiquement comme dans un rêve,
ton petit poing fermé
afin que toutes les tribus de l’eau
puissent croire.

Vois les petits grains de sable –
Ah, seulement ces quelques-uns –
mais ils deviennent notre île de la tortue
cette bonne terre rêvée
sur laquelle nous nous trouvons en ce moment
aux abords de tant de corps aquatiques
et regarde Wazhashk, notre frère,
glisser au travers des bassins, des courants et des lacs
cette terre marécageuse creusée par
la mémoire
les histoires
l’espoir
le plongeon des élégants nageurs à moustaches
qui marquent un passage sombre.

Et parfois dans nos rêves d’eau
nous pitoyables habitants de la terre ferme
en désirant
en nous souvenant et chantant
nous amenons les esprits
à suivre :
bakobii**.


* Référence au mythe de la création de l’Ile de la Tortue.
** Descend dans l’eau.
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Centon de " subjectifixation » pour deux voix



extrait 3

Je suis la schizophrénie historique
du perlage, de la bijouterie et des langues perdues

             Essaie d’oublier cette langue païenne.

écrite par d’autres
qui tiennent crayons et pouvoir.

              Souviens-toi et pense à ce qui arrive
          aux filles qui parlent une langue païenne.

L’arrestation d’une femme
aux longues tresses noires

                         Nègre des forêts***.

dont le rire hystérique
est la cause d’une nuisance publique.

               Balles perdues : le seul bon Indien
                       est un Indien mort****.

Toutes les tombes sont enceintes de nos plus proches parents.


/Traduit de l’anglais (États-Unis) par Béatrice Machet.

*** « Timber nigger » est une insulte raciste lancée aux Indiens d’Amérique (qui vivaient dans les forêts pour beaucoup, le « Prairie nigger » étant une autre insulte pour les Indiens des plaines), tout ce qui n’est pas blanc étant vite taxé d’être « nigger ».

**** Parole accordée au général Philip Sheridan lors de sa campagne de « pacification » contre les Indiens des plaines. En 1869, le chef comanche Tosawi se présentait à lui comme « un bon Indien », ce à quoi Sheridan aurait répondu : « The only good Indians I ever saw were dead. » « Les seuls bons Indiens que j’ai vus étaient morts. »
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ANTI-SONNET AU SUJET DE RIVIÈRES

Ensemble rapiécés-cousus ces après-midi d’université –
une vitrine frigorifique, un livre aux pages courbées,
ne peuvent adoucir ni réparer tes articulations ravagées
ni récupérer les os sauvages volés dans les tombes et troqués
ni séparer les corps attachés de sœurs noyées.
Ce journal qui nous proclame ingénieux,
prédit aussi notre futur, le papier nous damne
d’une mince louange ou d’un regard colonial :
sortilèges d’encre ainsi nous serions de bons serviteurs
et deviendrions très vite chrétiens.
Des paroles négligentes qui nous transforment, notre destin
muté en celui de mascotte américaine à la mode.
Aujourd’hui la colère de notre redskin blackhawk se déverse
en des rivières pourpres – anciennes qui se soulèvent.
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Centon de " subjectifixation » pour deux voix *



extrait 1

Couverts des détritus
de ce que nous sommes sous une loupe,

                     Les Indiens ne sont pas propres.

dans des territoires vides
proclamés Terra Nullius **
par des hommes avides,

                        Ils sont impies et ignorants,

le loquet
est le petit crochet de la religion
ainsi que son œil.

                       avec un bestiaire pour tout
                               album de famille.


/Traduit de l’anglais (États-Unis) par Béatrice Machet.

*Tout dans le poème a été emprunté aux poètes anishinaabeg rassemblés et publiés dans un livre : Traces in Blood, Bone, and Stone : Contemporary Ojibwe Poetry.

** Terra Nullius : expression latine signifiant « terre sans maître », n’appartenant à personne. Terme juridique que le Pape, au XIème siècle, utilisa pour légitimer et autoriser les conquêtes des Croisés. La portée de ce terme a évolué notamment à l’époque de l’expansion coloniale du XVIème siècle. C’est-à-dire que même s’il y avait des indigènes dans le pays que l’on qualifie de « découvert », une terra dite nullius pouvait être saisie par des peuples « plus civilisés » pour en faire une « meilleure utilisation ».
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Centon de " subjectifixation » pour deux voix



extrait 2

Ce n’est pas ce que vous imaginez,
peu importe ce que vous imaginez :

                                 Sales diables.

cette cage de chair et d’os
a besoin de nettoyage.

                    En cette ère appelée Amérique,
                      nous pouvons manger leurs
                          esprits comme du maïs.

Mon contact est un livre d’histoire
plein de mensonges et de vérités à moitié oubliées,

               Les Indiens sont comme des enfants

de généalogies coloniales.

                  qui dépendent de la Reine Mère.


/Traduit de l’anglais (États-Unis) par Béatrice Machet.
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CRÉCELLE

Je plie le fantôme de papier de paix et d’amitié
doucement comme si les mots pouvaient casser
je rentre définitif et obligatoire dans mes mukluks
caché maintenant sous mes pieds.

Pieds, fenêtres de l’âme,
âmes perdues dans cette histoire,
l’histoire un banquet
où manquent des chaises.

Je prends le pemmican, le traité whisky,
la pipe. Toujours sacrée.
Moi parente de tous les X signés,
plie le fantôme de papier imposé aux Indiens.

Minces bâtonnets les syllabes de la tromperie
la deuxième clause du deuxième article,
voix de vertèbres et serif
ici apposent aux présentes leurs sceaux.

Souillure sanglante de promesses creuses
ce papier de rêve encré
ou bien gravé comme des cicatrices sur la peau
rouge. Par la présente cédée.

Oublie le traité – privilège de chasser,
de pêcher et de récolter le riz sauvage –
vieille histoire qu’ils me disent :
exceptées les réserves faites et décrites.

Dans leurs oreilles les arbres ne cliquètent pas
crécelle hantée par un désir de cuivre.
Le papier plié, fantôme de vie pliée :
poursuites de civilisés – une liasse codée pour la capture.
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Ikwe-Niimi : Résister en dansant

365 clochettes en rangs sur ma robe
tournées par les mains d’une qui a déserté
pour fuir l’enseignement obligatoire délivré à Pipestone
430 kilomètres à regarder en arrière pour savoir si elle était poursuivie
se cachant pour éviter les punitions promises le jour
et sous la lune migrant comme ses cousins maang.

365 rubans tiennent les clochettes sur ma robe
bandes multicolores attachées et enfilées
cousues par les femmes rieuses de mon enfance,
femmes qui gagnaient 2 dollars et 25 cents
à coudre les tabliers décorés d’oies, des maniques,
leurs doigts enflés tapotaient un rythme à suivre en travaillant.

365 prières en cadence et tapes l’une sur l’autre
zaangwewe-magooday, robe-médecine ancienne
héritage argenté en forme de cône imitant la voix purificatrice de la pluie
145ème pow-wow de la nation de White Earth
le poids de l’histoire anishinaabeg sur mon dos
une robe devenue légère grâce à la résistance : cette guérison est un art.
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