Koumba Lamam

Elle savait au fond d'elle qu'en restant en vie, elle ralentirait la volonté de Dieu en attendant que le Dieu noir, endormi en ces fils se réveille. Elle décida de vivre et de subir, pas pour leur Dieu mais pour le Noir. Ainsi, tous ces Noirs qui étaient capturés étaient toujours heureux, chaque matin où ils constataient qu'ils étaient encore en vie.
Heureux parce que rien ne pouvait les pénétrer pour éteindre la joie en eux. Heureux parce que c'était le but de leur sacrifice, à cette époque. En ce moment, l'important de la survie du Noir, c'était leur paradis après la vie, ce but pour lequel ils étaient prêts à accepter toutes les humiliations, toutes les tortures.

La sagesse, de par la vérité, sait que prendre des décisions sous l'effet de la colère en autorisant toute violence, quel qu'en soit le degré, même légitime ou pour quelque raison que ce soit, est la pire des choses que l'homme puisse faire.
Ainsi, quand elle se sent en colère, la sagesse subit, comme la Terre, et attend que la souffrance cesse pour refermer ses blessures, avant de redevenir ce qu'elle était et enfin vivre heureuse en se rappelant son passé, et le fait qu'elle soit restée propre, avec des mains non tachées par le sang, par l'horreur.
La sagesse, grâce à la vérité, sait que l'approbation égoïste d'injustice est le précurseur de la dégénérescence...

Devant eux, ils avaient trouvé un peuple qui, depuis l'éternité, avait toujours vécu sur place, dans le giron de la Terre, car il était comblé en tout grâce à leurs prédécesseurs, qui avaient respecté et préservé la nature. À cette époque, le seul moyen d'échange était le troc, on avait toujours ce dont quelqu'un d'autre avait besoin et un autre avait toujours ce dont on avait besoin.

« Écoute la femme car elle a été ta porte d'entrée dans cette vie et elle sera la porte de ton entrée dans la vie après la mort ; c'est elle qui t'a porté et portera tes enfants. Elle a fait de toi ce que tu es et fera de tes enfants ce que tu auras fait de plus beau dans la vie, car elle tracera le chemin qu'ils suivront, le beau chemin que tu auras construit avec elle si tu l'écoutes ; car la femme voit avec tous les sens, en plus de l'instinct maternel qu'elle aura acquis pendant qu'elle te projette dans la vie future ; par rapport à l'homme qui lui, ne voit qu'avec les yeux. Respecte ta femme, et tout le monde te respectera car une femme respectée a un mari craint et honoré.

« N'oublie jamais qu'en guerre, celui qui se défend chez lui a raison, mais qu'il doit faire attention et toujours chercher un compromis au risque de perdre tous ceux qui lui sont chers ;
« Il est crucial pour lui d'éviter la confrontation chez lui, autrement plus tard, il n'y aura plus personne pour lui donner raison et lui faire honneur.

« Tu sais dans la vie, pour qu'un homme évolue, il faut qu'il apprenne à observer par ses propres sens. L'observation permet de voir tous les changements qu'une chose apporte, que ce soit positif ou négatif. Ce n'est qu'une fois après avoir fait le bilan qu'on peut décider de garder la nouveauté ou de revenir en arrière. Si on estime que l'ancienne méthode est mieux par rapport à la nouvelle, eh bien on revient à l'ancienne ( la prairie ne se détruira pasparce que le gibier qui l'avait abandonnée à décider de revenir).
« C'est pourquoi il faut toujours faire de ton passé ta base, ta valeur de comparaison.

C'était ces croyances millénaires qui avaient permis aux peuples sauvages, qui vivaient dans le giron de la Terre, de transmettre aux futures générations un monde paradisiaque, dans lequel ils avaient vécu, et dans lequel ils voulaient vivre après leur mort, dans lequel leur corps reposerait en paix car chaque génération transmettrait la Terre intacte, comme neuve, à ses successeurs.
Un monde qu'ils transmettraient à leur Dieu.
Car pour eux,le juge suprême qui nous jugera après notre mort est notre enfant. De ce fait, ils faisaient tout pour transmettre un monde paradisiaque pour que leurs descendants soient fiers d'eux ; ainsi, ils rejoindraient leurs prédecesseurs en paix, avec fierté et honneur. C'était l'époque où l'enfant Noir avait des pères prêts à tout pour protéger leurs enfants et leur monde, car c'était le seul héritage qu'ils leur transmettraient.

Koumba, de par sa culture et son éducation, versa une larme à la mémoire de cet animal, car pour eux, même un animal a une âme et se doit d'être libre.

Je comprends pourquoi les vrais sages noirs devaient tous mourir, c'était pour les remplacer par ces dégénérés ; quelle fierté aura l'enfant noir quand il sera guidé par de tels prosternés.
Dieu et ses hommes ne seront jamais satisfaits du malheur qu'ils infligent au peuple noir, il leur en faudra en plus transformer l'histoire du peuple noir afin que continue cette humiliation.

Il y avait des ruches partout, dont les fleuves ne pouvaient contenir tout le miel délicieux.