Citations de L.A. Witt (29)
Rien. Il ne s'est rien passé.
— Seigneur ! soupirai-je en laissant tomber le classeur sur une pile de ses congénères qui attendaient sur le comptoir. Je n’ai pas fait autant de préparatifs la première fois où j’ai été passif.
Jesse s’étrangla sur son café.
— Désolé, dis-je.
— Non, tu ne l’es pas du tout, fit-il remarquer en toussant.
— Tu as raison.
Je réprimai un sourire. En quelque sorte.
— Ça va ?
Il m’adressa un doigt d’honneur, alors je pris ça pour un oui.
Chaque mouvement que nous esquissions était lent et contrôlé, comme les dernières foulées d’un chat sauvage juste avant qu’il ne se jette sur sa proie. Qui était le chasseur et qui était chassé, je n’en étais pas sûr, mais je ne doutais pas que le frisson était réciproque
— Je n’ai pas envie de toi pour me distraire. Tu me distrais parce que j’ai envie de toi, susurra-t-il en s’approchant toujours plus près.
Je n'ai rien à ajouter car je n'ai aucune idée de ce dont nous parlons.
Ce n’était pas l’homme que j’avais connu. Il avait l’air plus vieux que nous deux réunis. Pas dans le sens où il avait physiquement vieilli, car ses yeux et sa posture ne lui donnaient pas vingt-sept ans. Ses traits pouvaient toujours facilement le faire passer pour quelqu’un de vingt et un ans, et même un peu plus jeune. Cela ne m’aurait pas surpris qu’on lui demande toujours sa carte d’identité quand il achetait de la bière et peut-être même ses cigarettes. Mais il avait ce regard lointain et inquiet qui demandait, des années à accumuler à un homme. Ce n’était pas à cause de moi non plus. Il avait déjà ce regard dans les yeux quand il avait remonté le trottoir. C’était d’ailleurs pour cela qu’il avait fallu qu’il soit près d’entrer dans l’immeuble avant que je réalise qu’il s’agissait bien de lui.
J’avais plaisanté avec Michael pendant ces dernières semaines sur les voisins de cauchemar que je pourrais récolter à la place de Robyn. Des ivrognes qui rentreraient de beuveries en vomissant dans les escaliers communs, des obsédés sexuels inconscients de la finesse des murs. Des squatteurs. Des tueurs en série. Des batteurs atteints d’insomnie.
Mais qu’avais-je omis ? Le pire voisin possible.
Un putain de canon !
Avec un foutu petit copain.
Je ne savais pas lequel était le voisin potentiel, lequel était le petit copain, ni s’ils emménageaient tous les deux. Sans importance, ils étaient tous les deux foutrement sexy.
Surtout le plus petit. Les deux étaient tellement baisables que c’était ridicule, genre « pas la peine de me payer un verre, je me fous de ton nom, désape-toi et en avant ! » Mais le second, qui tendait le cou pour regarder les dessins sur le mur, aurait mérité quelques séances penché sur mon lit… Même à cette distance, son sourire fit accélérer ma respiration et les battements de mon cœur. Des yeux sombres, intenses. Une barbe courte parfaitement taillée encadrait ses lèvres. Des pommettes et une mâchoire bien dessinées. S’il avait quelque chose dans le crâne et un peu d’humour, je ne donnais pas cher de sa peau !
Nous évitâmes de nous regarder ou même de nous parler en nous préparant à manger. Notre cuisine était si grande qu’elle aurait pu avoir son propre code postal, mais ce soir elle me semblait beaucoup trop petite. Je me retrouvai devant le tiroir où se trouvait quelque chose dont il avait besoin. Nous essayâmes en même temps de prendre la planche à découper. Peu importe à quel point cette pièce était grande, nous ne pouvions pas échapper à l’autre.
Les lèvres de Scott se posèrent sur les miennes, et je fermai les yeux. Pour la première fois depuis longtemps, tout allait bien. Parfaitement bien.
Ses lèvres étaient douces, et insistantes sans être agressives. Je sentais sa barbe de trois jours contre mon menton, et un frisson parcourut mon corps entier. Je glissai ma main derrière sa nuque, l’autre caressant sa joue. Sentir sa courte barbe sous mes doigts me donnait la chair de poule. Je ne savais pas trop comment j’étais encore capable de respirer, mais son parfum me rendait fou
Lentement, prudemment, je levai ma main. Dans la fraction de centimètre qui séparait nos mains, la chaleur rayonnant de sa paume rencontra la mienne, et j'hésitai.
S'il y avait bien un endroit au monde où je
n'aurais jamais pensé trouver l'amour,
c'était par le biais d'une annonce cherchant
un mari à louer.
Dieu merci, j’étais tombé amoureux de l’homme que j’avais épousé.
Ce n’est pas juste d’être marié avec toi et de ne pas pouvoir te dire combien je t’aime.
Vas-y, bébé. Je caressai sa joue, évitant
soigneusement le bleu. Tu peux pleurer, tu
peux me baiser, tu peux pleurer pendant
que tu me baises - je suis là, quoi que tu
aies besoin.
- Seigneur, je suis tellement stupide.
- Non, tu ne l’es pas. Tu es un fils qui cherchait l’amour de son père.
C’était une chose de mentir au monde entier en disant que je t’aimais. Je ne supportais pas l’idée de dire que je ne t’aimais pas.
La culpabilité me frappa en plein ventre.
- Les apparences peuvent être trompeuses, n'est-ce pas ?
Une petite pression sous sa semelle le tira de ses pensées. Il porta son regard vers Mark, qui lui offrit un léger sourire tout en passant le bout de sa basket le long de sa cheville.
Chandler avait depuis longtemps maitrisé l'Art de ne pas frissonner ou se tortiller quand Mark le touchait subtilement en public, mais c'était très difficile ce soir-là. Pour l'instant, il avait besoin de partir de là et de ne plus penser à toute cette histoire idiote de télévision, et l'homme assis en face de lui était précisément la distraction dont il avait besoin.
Shane
« …
— Tu viens souvent ici ?
Je me mis à rire.
— Au risque de te paraître comme un parfait gigolo, je viens probablement plus que je ne le devrais.
Une expression indéchiffrable passa dans les yeux d’Eric, et un coin de sa bouche se releva.
— Alors, tu connais probablement tous les petits jeux auxquels les gens jouent entre offrir le premier verre et se mettre au lit, n’est-ce pas ?
Je déglutis difficilement. Il était certainement… direct.
— Je, hum, oui. Tu peux dire que je les ai joués plusieurs fois.
Je pris ma bière parce que ma bouche était soudainement devenue sèche. Après que j‘eus assez bu pour humidifier ma langue desséchée, je posai mon verre sur la petite table. Ces banquettes étaient plus des sièges qu’une table ; je me demandai si des designers avaient eu la même idée que moi sur la manière de les utiliser à bon escient. Je me demandais si Eric avait eu la même idée.
Croisant ses yeux, je déclarai :
— Tu connais très bien ces jeux, alors ?
— Oui.
Il fit tourbillonner sa boisson d’un air absent, des glaçons tintant contre le verre.
— Et pour être honnête, je déteste les jouer.
Et voilà pour ma bouche sèche, je toussai dans mon poing.
— Vraiment ? Articulai-je.
Il hocha la tête et me regarda d’un air ferme et inébranlable en déclarant :
— Disons juste qu’en ce qui concerne ces choses, je suis plus un homme qui prend le plus court trajet entre deux points.
Un petit rire fit entrouvrir ses lèvres et battre mon pouls. Encore plus quand il ajouta :
— Ça me laisse plus de temps et d’énergie pour profiter de la destination, ne penses-tu pas ?
…»