Deux biographes complémentaires
Née vers 520, Radegonde était la fille du roi de Thuringe Berthachar (ou Berthaire ? Berechtarius) ; encore enfant, en 531, elle fut faite prisonnière par les Francs lors de leur expédition en Thuringe et Clotaire Ier, un des fils de Clovis, emporta sa main contre son frère Thierry. Il fit élever la jeune princesse dans sa villa d'Athies, en Picardie puis, après la mort de la reine Ingonde, en 538, il l'épousa. Tout en tenant son rang à la cour, Radegonde mettait sa force à la disposition de ceux qui souffraient ; depuis l'enfance, elle recueillait les restes de repas et les donnait aux pauvres, qu'elle rassemblait, lavait et servait, et une fois devenue femme de roi, l'aumône devint son activité principale. Mais surtout, elle réprouvait ostensiblement la violence de son époux, ce qui la mena à sortir du mariage pour entrer au couvent après avoir découvert que son mari avait tué son frère, en 555.
Radegonde mourut en odeur de sainteté en 587, et dès sa mort, Fortunat, devenu évêque de Poitiers vers 595, se mit à écrire la vie de son amie en prenant la Vie de saint Martin pour modèle. Il mourut à son tour en 600, et la moniale Baudonivie entra alors en scène, fait remarquable étant donné la rareté de l'activité littéraire féminine aux VIe-VIIe s., qui se réduit à quelques lettres, et émanant toutes de femmes de haut rang, si l‟ on excepte Euchérie, noble épouse d'un lettré de Marseille, qui composa en vers sur les amours impossibles. La Vie de Radegonde est la seule œuvre de Baudonivie, et pourtant il faudra attendre la fin du VIIIe pour qu‟une autre moniale, Ugeburge de Heidenheim, passe à la postérité pour avoir fait œuvre semblable, en composant la vie de Villibald et de son frère Vinnebald11
Sainte Hildegarde décrit toutes les maladies de notre époque avec... un millénaire d'avance.!
La diffusion du culte en Europe
Cartographie du culte
Là encore, je ne rappellerai quelques grandes lignes. La toponymie, tout d'abord, permet de cartographier le culte de Radegonde à l'échelle de l'Europe : ainsi en France, neuf communes françaises portent encore le nom de la sainte, dans 150 autres, réparties sur 42 départements, elle est vénérée d'une manière ou d'une autre, et il est frappant de constater combien les sanctuaires sont concentrés dans les deux tiers Ouest du territoire et du Nord au
Sud, alors que le tiers Est en est entièrement dépourvu.