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Citation de TerrainsVagues


J'aurais du mourir là bas, dans les tranchées.
(...)
Et M'Bossolo... Le seul qui méritait d'avoir son nom gravé dans le marbre. M'Bossolo, disparu à jamais avec la fin minable des vrais désespérés. Je me souviens encore de la force de ses bras qui me tenaient serré sur son dos. La boue. Tout autour de nous. Il avançait, lentement, et je sentais,moi, qu'il ne céderait pas, que rien ne pourrait plus l'arrêter. Les tranchées s'ouvraient devant lui pour le laisser passer. La voix chaude de M'Bossolo me tirait des limbes et lavait déjà mes plaies. Cette voix que je n'ai plus jamais entendue.
(...)
Je suis devenu noir ce jour là. Lorsque le médecin a constaté le décès. Je n'ai rien dit. Je l'ai regardé une dernière fois. Je suis devenu noir dans la petite pièce étouffante de l'infirmerie où les malades toussaient comme des tuberculeux. Les nègres crèvent entassés les uns sur les autres. Ils crèvent d'être venus chez nous. Ils crèvent de subir cette pluie qui vous glace les os. Et d'obéir aux ordres de cette guerre dans laquelle ils ne sont pour rien. Ils crèvent là. Par obéissance. Et générosité. Et rien. Ni médaille. Ni merci. On constate leur décès avec la rigueur d'un gendarme. Renverra-t-on les corps aux familles? Non. Ces nègres là n'ont pas de famille. La patrie. Juste la patrie. Un cimetière municipal fera l'affaire. Je suis devenu noir en pensant que M'Bossolo allait avoir froid pour l'éternité.
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