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Citation de TerrainsVagues


Je l’entends là, à l’entresol de cet hôtel serré entre la rue Racine et celle de l’Ecole de Médecine. Il ne perçoit plus le brouhaha du boulevard Saint Michel parce qu’il l’a fait sien. C’est en lui, désormais, que les passants marchent d’un pas pressé. En lui les cris de marchands d’eau, en lui, la mélancolie des prostituées et la solitude des ivrognes. Tout est entré et danse dans son petit corps de jeune homme. Maudite ville qui n’a pas su dire oui. Tu aurais pu être son royaume. Tu as aimé Hugo mais dédaigné ce jeune homme aux lèvres fines. A peine le premier pied posé sur ton pavé, tu as senti que tu n’en voudrais pas. Je le vois, descendant du train, gare du Nord. Il a seize ans et des yeux de voleur. Il a fugué, a chapardé des journées entières de temps libre, s’en est bourré les poches et a filé… Il veut Paris mais n’a pas de ticket. Cela peut paraître dérisoire mais c’est ce qui va le faire tomber. Le monde a toujours eu peur des garçons de seize ans qui voyagent les mains dans les poches dans le fond des wagons, les yeux tournés vers des lumières nouvelles. Le monde n’en veut pas de l’appétit de Rimbaud.
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