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EAN : 9782330183868
96 pages
Actes Sud (04/10/2023)
3.64/5   304 notes
Résumé :
Guidé par une ombre errante, l'écrivain-narrateur déambule de nuit dans un Paris étrangement vide, se remémorant des scènes proches ou lointaines, des existences anonymes ou fameuses, des personnalités tutélaires (Villon, Hugo, Artaud...).
Mille vies l'ont précédé dans cette ville qui l'a vu naître et mettre au monde lui-même tant de personnages. Un récit sur la présence des absents, qui mêle l'autofiction au fantastique pour esquisser un art poétique.
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Critiques, Analyses et Avis (77) Voir plus Ajouter une critique
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Whaou, quel pied, mais vraiment quel panard que cette lecture. Courte, trop courte, beaucoup trop courte, mais quelle intensité, quel ressenti, quel plaisir.
Le couple Gaudé Actes Sud a encore fait merveille avec ce « Paris, mille vies ». Depuis « Salina » j'attendais avec impatience le nouveau titre de Laurent Gaudé. Paru hier, lu dans l'après midi (il est très court, je me répète mais… quel pied ), je n'ai pas pu attendre quelques jours et j'ai mis en pause mon excellente lecture en cours parce que Gaudé, c'est une gourmandise, c'est une douceur, une friandise, sucrée, salée, acidulée à consommer sans modération, là maintenant, tout de suite, de toute urgence. Toute résistance est vaine et je ne cherche pas à résister, je n'y pense même pas.
Gaudé, vous l'aurez peut être compris, j'aime, mais si en plus Paris s'invite à la fête alors je fonds parce que Paris, je l'ai dans la peau, je l'ai dans le sang, cette ville tant décriée en France, cette ville tant fantasmée ailleurs, cette ville, ma ville, je l'aime tant...

Paris, mille vies, Seine 1.
La nuit, un flou artistique, je dirai le Pont au Change, la Conciergerie, l'invitation est lancée par cette couverture aguichante.

Paris, mille vies, Seine 2.
Montparnasse, esplanade de la gare, un homme marginalisé comme on en croise tous, de ceux qui haranguent la foule, de ceux qui vous hèlent, de ceux qui vous parlent, de ceux qui… nous gênent, nous mettent mal à l'aise, de ceux que l'on dit fous, ivres et autres alibis pour ne pas s'arrêter, pour ne pas écouter, bref de ceux qui nous ont tous fait au moins une fois presser le pas ou tourner la tête… un jour de moins bien…
Une question en boucle posée à tout le monde, à personne, une agression ou un salut : Qui es-tu toi ?

Paris, mille vies, Seine 3.
L'auteur va nous emmener durant une nuit dans une marche à travers Paris, à la poursuite de cet homme, à la rencontre des ombres du passé.
Paris va répondre à la question, elle va se dévoiler, nous parler de ce qui a fait ce qu'elle est aujourd'hui. Quelques tranches de vie le temps d'une balade entre Montparnasse et la Gare de l'Est. Denfert, Port Royal, Luxembourg, Saint Michel, Châtelet, Réaumur Sébastopol, Gare de l'Est, tout le monde descend. de Villon à Artaud, de Hugo à Rimbaud, de l'occupation, la résistance à la commune, Paris dévoile ce qui la fait vivante, Paris rend comme un hommage à ceux qui font battre son coeur, à ceux qui font son âme, illustres inconnus ou pas.
Paris en tête à tête avec un homme (l'auteur?) qui suit le chemin du poseur de question, un homme qui recueille les confidences des lieux empruntés. La mémoire de l'eau est avérée, celle des pierres se révèle. Les époques se croisent, se mêlent. le passé revit, mascaret sur Seine, retour vers la source, hier a fait aujourd'hui.
Un huis clos entre Paris et l'homme, une intimité qui prendra fin à l'aube, quand la lumière se fera plus froide, plus impudique. L'étreinte entre l'homme et sa ville ne sera plus qu'un souvenir aux premières lueurs du jour, la vie reprendra son cours, normal, et l'homme redeviendra un parmi les autres.

C'est une fois de plus merveilleusement écrit, que dire de plus pour qualifier cette plume exceptionnelle qu'est celle de Laurent Gaudé.
J'ai peut être savouré plus que de raison cette traversée de Paris tant je connais cet itinéraire, tant j'ai pu aimer m'imprégner de ces lieux et de leur vie nocturne dans une autre vie, tant les souvenirs et mes racines me jouent parfois de tours et font douter (à tort) ma maîtresse l'Océan de mon amour.
Quoi qu'il en soit, qu'on aime ou déteste Paris, en plus de bien valoir une messe, elle vaut par l'écriture de Laurent Gaudé qu'on s'y arrête le temps de déguster ces pages. Et puis croiser Villon, Hugo, Rimbaud, il y a de pires compagnies non ?
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« Je crois que je suis le veilleur de la ville. Je n'ai rien d'autre à faire que déambuler dans ses rues comme un gardien attentif. Paris veut sa bouche. Elle a faim de mots. Trop de vies s'entassent en elle. Il faut les dire. (p. 32)”

Un petit trésor… acquis ce samedi 7 novembre à une de mes librairies…pour égayer ce deuxième weekend de re-confinement. Une très poétique déambulation de l'écrivain à travers la Ville-Lumière… Passé et présent s'entremêlent : de Villon au présent de notre auteur ….en traversant ses souvenirs, son passé , sa jeunesse…parisienne.

Déambulation à travers les siècles : La Commune, Artaud, Montaigne, le père de l'auteur, ayant travaillé à l' hôpital Saint-Anne, etc… Il est beaucoup question de la Mort , des absents, des « absents » appartenant à l'existence du narrateur et les « absents » reliés à l'Histoire de Paris…ainsi qu'à l'histoire littéraire…!

« Je ne sais pas où je vais. J'ai le sentiment que cela n'a pas d'importance , que l'essentiel est de marcher et laisser Paris m'envahir. (...)
J'ai cru que le retournement des morts ne concernait que mon père mais c'est toute une ville qui m'appelle. Il faut marcher. Aller d'un point à autre et me laisser envahir par les ombres qui réclament d'être pensées et dites. Leur évocation est leur seule consolation. (p. 25)”

Un texte bref rempli de fulgurances et de poésie , qui fut un très beau moment de « complicité » avec un écrivain apprécié et une ville où je suis née, où j'ai passé la majeure partie de ma vie, dans les quartiers les plus antinomiques, du 19e populaire aux Champs –Elysées, où j'ai travaillé qq années comme libraire d'ancien…Une ville-kaléidoscope, qui ne peut que fasciner tant elle regorge d'histoire et de merveilles…Chacun a « son » Paris, son Paris intime, et son Paris « culturel, historique »…

Laurent Gaudé nous offre « son » Paris « inoubliable » pétri d'émotions intimes et d'hommages à des artistes liés d'une manière ou d'une autre à la capitale… je n'en dirai guère plus car le charme de ce texte est dans sa poésie, dans une sorte de « rêve éveillé » que nous fait partager Laurent Gaudé…qui n' appartient qu'à lui !


Et Paris, c'est le Paris de son père, tant aimé... j'achève cette chronique sur cet extrait bouleversant... qui couronne le sens profond de cette promenade dans un Paris des plus intimes : " Paris s'apaise. Mon père est tout près, je le sens. Je retrouve son odeur, le grain de sa voix, tous ces détails que la mort nous vole. Je vais devoir le laisser partir à nouveau mais je l'ai ramené au présent. Il a marché sur mes épaules, déambulé dans les rues de cette ville qu'il nous a offerte, à mon frère et moi. C'est le rêve qu'ils ont eu, avec ma mère: offrir Paris à leurs enfants. Que tout commence ici. Alors cette ville est mienne, oui, parce qu'elle m'a été donnée. Et tout ce qui bruisse en elle, la clameur du passé, le fracas, les révoltes, les foules pressées, le pas hésitant des poètes, les solitudes côte à côte et les grands espoirs des foules, sont miens. Je prends tout. je retrouve Paris. Et je sens mon père sourire avec douceur, heureux de voir que tout continue au-delà de lui. (p. 78)
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Ce livre, c'est du « grand » Gaudé, condensé en peu de pages. C'est merveilleusement écrit.

Le narrateur est heureux de se retrouver à Paris. Au sortir de la gare Montparnasse, il est interpellé par la présence d'un homme qui semble s'adresser à lui en n'arrêtant pas de lui poser cette même question : « Qui es-tu, toi ?»

Qui est cet homme, ce marginal ? Que lui veut-il ?
Ce personnage va être pour notre narrateur une sorte de guide, un passeur, qui va pendant toute une nuit l'inviter à le suivre à travers les âges et les époques, à redécouvrir ceux qui ont fait l'histoire de Paris.

Cette rencontre est troublante. L'âme de ce personnage rencontre la sienne pour faire réveiller en lui une partie qui était endormie. le narrateur est comme en transe, dans un état second, Il est comme habité. Il ressent des appels, des présences invisibles. Une force le pousse et l'attire comme le ferait un aimant, à suivre l'ombre de cet homme dans la nuit.

Les évocations que le parcours dans le dédale des rues fait naître, emportent le narrateur bien plus loin qu'à Paris, à Madagascar… où se pratique une cérémonie des morts tout à fait particulière…
Ce n'est pas macabre. Si on déterre les morts, si on les retourne, c'est pour en quelque sorte les faire revivre parmi les vivants. C'est une façon de les honorer.

Ce personnage est là pour permettre au narrateur de revivre un moment avec des êtres du passé.
Il se force à se remémorer les circonstances de la mort de son père, en revoit les images, mais…
Peut-on inverser l'ordre des choses ? Peut-on échapper à son destin ?

Il laisse Paris l'envahir. En parcourant ses rues, c'est comme si une force surnaturelle atteignait son âme et lui faisait se rappeler ce qui s'y était passé. Il veut ressentir les souffrances que des êtres avant lui ont vécu.
Est-ce qu'il doit, lui aussi, retourner les morts à sa façon pour retrouver le passé ?

« J'ai cru que le retournement des morts ne concernait que mon père, mais c'est toute une ville qui m'appelle. »

Il est exalté. Une énergie est entrée en lui, qui le pousse à cette déambulation dans Paris. Ses rues sentent le souffre et la colère.
Il ressent des vibrations, il fait des arrêts par-ci, par-là. Il est comme hypnotisé, il revoit ces lieux qui ont été des théâtres d'opérations marqués par l'Histoire, où des époques se chevauchent, où des hommes sont tombés…
Les hommes ont-ils besoin de reconnaissance ?

Paris est personnifiée : elle est « prise par la fièvre », elle « a faim », elle « ouvre les écluses de sa mémoire ».
Le narrateur voudrait revivre avec ces hommes qui ne sont plus, qui ont tellement souffert.
Il voudrait leur enlever un fardeau, alléger leurs peines… faire remonter les morts au milieu des vivants pour prendre soin de ce qu'ils furent, trouver une consolation…
Est-ce que la consolation du monde exige l'attention des vivants aux disparus ?

Il trouve toutes ces morts injustes. Tous ces morts qui regardent vivre les vivants auxquels ils ont fait cadeau de la liberté.
L'écriture est très poétique. « le passé est vorace de nos esprits parce qu'il n'y a que là qu'il puisse encore vivre. »

Paris « a trop de vies qui s'entassent en elle. Il faut les dire. » Ses rues ont connu colère et joie, silence et fureur, calme et tumulte. Chaque rue, chaque carrefour a laissé des traces, et le narrateur les ressent très fort.
Mais son esprit est assailli, accaparé par trop d'agitation. Il doit s'économiser.
Il y a trop de morts à retourner. Il ne pensait pas qu'il y en avait autant.

Et on en revient à la question « Qui es-tu, toi ? », et au narrateur de se demander si le temps n'est pas venu pour lui de faire le point sur sa propre vie…
Avant tout, il veut calmer son esprit. Il ne veut pas sombrer dans la folie.

Cet homme marginal, ce vagabond, s'il traîne sur le parvis des gares, c'est parce qu'il veut faire entendre les engloutis. Mais « nos vies ne se résument pas à nos tristes fins ».
Il faut inviter la mort à danser. C'est la seule façon de la perdre. La musique s'empare d'elle.

L'homme qu'il a suivi durant toute la nuit, va bientôt le quitter. Maintenant ce sera au tour d'un autre. Maintenant, il dit « Encore… Encore… Encore la vie ! »

Il s'agit de vivre, de vivre avec intensité et densité. Il ne faut pas mourir vide.

Laurent Gaudé célèbre dans ce livre la mémoire de Grands Hommes de l'Histoire, tels que Hugo, Villon, Rimbaud, Verlaine, avec le cercle des poètes zutiques. Mais il n'oublie pas de citer d'héroïques anonymes.

Tout au long du livre, l'écriture est belle et enivrante. C'est très lyrique. On se retrouve dans un tourbillon permanent.
Ce livre est plus qu'une jolie ode à Paris, c'est une originale ode à la Vie.

« C'est à cause que tout doit finir que tout est si beau. »
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le narrateur est accaparé par une ombre qui va l'entrainer dans la nuit parisienne. Les rues sont vides , c'est l'occasion de plonger dans le passé , de retrouver son père, Hugo, Villon , Rimbaud ou d'autres plus anonymes.

Ouvrir un livre de Laurent Gaudé, c'est l'assurance d'être bercé par une langue magnifique où les mots sont magnifiés . Les phrases coulent sans être autres qu'au service du fond. Laurent Gaudé est un génie de la plume .
Et si ici , l'histoire m'a peut être moins touché que d'autres écrits, je suis admiratif devant sa capacité à rendre réel le fantastique , à exprimer son amour de façon si belle pour sa ville, à mêler son érudition au récit de façon si accessible et si instructive.
Vous l'avez compris, je suis fan . Et ce texte permet sans doute à l'auteur de rendre hommage aux hommes qui l'ont précédé dans son Paris et qu'il admire / Hugo, Villon , Rimbaud, des résistants, son père. En y mêlant un peu d'autobiographie si discrète qu'elle pourrait passer inaperçu.
Bravo.
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Un roman court, mais dense en émotions, servi par une écriture poétique, magnétique.
Un roman surprenant aussi, voire déroutant, car « Paris, mille vies » n'est pas une fiction romanesque, mais plutôt une promenade, une errance, un voyage, le temps d'une nuit, dans les rues de Paris.

*
La journée s'achève, Paris se pare des douces couleurs du crépuscule. Un homme, le narrateur, sort de la gare de Montparnasse. Un homme seul, anonyme au milieu de l'agitation de la foule et des bruits de la ville. Il suffit d'un instant pour que cette soirée bascule. Un instant pour que le regard d'un marginal accroche le sien. Seulement un instant, une rencontre, un regard qui le pénètre, et cette une question assénée presque violemment « Qui es-tu ? ».
Cette question le bouleverse et comme attiré par une force invisible, il décide de suivre cet homme.

*
La nuit s'installe, l'obscurité envahit les rues qui se vident. L'homme qu'il suit devient une ombre mouvante.

« Tous les bruits de la ville s'estompent autour de moi. Je suis loin, touché par une autre rumeur qui croît et m'envahit. Je sens qu'il faut la laisser monter et accepter de m'enfoncer dans cette nuit nouvelle. Oui. Que ce qui gronde prenne maintenant toute la place. »

*
Dans le silence de la nuit, le narrateur, au gré de ses déambulations, laisse sa part d'ombre l'envelopper, ombres surgis de son passé. Ses souvenirs douloureux vont faire échos aux souvenirs de Paris chargée d'Histoire. La ville devient ainsi un personnage, ou plutôt la voix d'une multitude de personnages sortis du passé, hommes illustres ou inconnus. Leurs voix vont se faire entendre et se mêler à celle du narrateur.
Les mots font revivre toutes ces vies passées, créant un lien entre aujourd'hui et demain, entre les vivants et les disparus.
Les images affluent, les scènes, les époques s'entremêlent, « se chevauchent ». L'Histoire de Paris se façonne dans le sang et l'héroïsme des hommes. La ville a beaucoup souffert, elle s'est agitée, elle a saigné, pleuré, elle a été occupée, puis libérée. Elle a connue les foules révoltées, mais aussi celles en liesse.

*
Mais ce roman n'est pas que noirceur, souvenirs déplaisants et tristesse. Il est une ode à la vie, à l'amour. Lorsque l'aube apparaît, elle enveloppe la ville d'un suaire qui cicatrise ses plaies. Les ombres s'amenuisent et font place à la lumière, à la vie.

« Voulez-vous vivre à nouveau ? »

Paris se réveille, le narrateur et la ville laissent leurs souvenirs au passé et se tournent vers la vie qui continue. Cette nuit d'errance se referme comme la dernière page d'un livre.

*
Ce roman me laissera une belle empreinte, un moment nostalgique où on laisse ses souvenirs affluer, et où on laisse la vie reprendre son cours.

« C'est à cause que tout doit finir que tout est si beau. »
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critiques presse (2)
LeMonde
30 octobre 2023
On parle souvent, platement, du vent de l’histoire. Laurent Gaudé invente l’histoire-bourrasque.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeFigaro
20 octobre 2020
Une déambulation vertigineuse dans Paris, dont l’auteur convoque les fantômes.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (106) Voir plus Ajouter une citation
Je l’entends là, à l’entresol de cet hôtel serré entre la rue Racine et celle de l’Ecole de Médecine. Il ne perçoit plus le brouhaha du boulevard Saint Michel parce qu’il l’a fait sien. C’est en lui, désormais, que les passants marchent d’un pas pressé. En lui les cris de marchands d’eau, en lui, la mélancolie des prostituées et la solitude des ivrognes. Tout est entré et danse dans son petit corps de jeune homme. Maudite ville qui n’a pas su dire oui. Tu aurais pu être son royaume. Tu as aimé Hugo mais dédaigné ce jeune homme aux lèvres fines. A peine le premier pied posé sur ton pavé, tu as senti que tu n’en voudrais pas. Je le vois, descendant du train, gare du Nord. Il a seize ans et des yeux de voleur. Il a fugué, a chapardé des journées entières de temps libre, s’en est bourré les poches et a filé… Il veut Paris mais n’a pas de ticket. Cela peut paraître dérisoire mais c’est ce qui va le faire tomber. Le monde a toujours eu peur des garçons de seize ans qui voyagent les mains dans les poches dans le fond des wagons, les yeux tournés vers des lumières nouvelles. Le monde n’en veut pas de l’appétit de Rimbaud.
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Paris s'apaise. Mon père est tout près, je le sens. Je retrouve son odeur, le grain de sa voix, tous ces détails que la mort nous vole. Je vais devoir le laisser partir à nouveau mais je l'ai ramené au présent. Il a marché sur mes épaules, déambulé dans les rues de cette ville qu'il nous a offerte, à mon frère et moi. C'est le rêve qu'ils ont eu, avec ma mère: offrir Paris à leurs enfants. Que tout commence ici. Alors cette ville est mienne, oui, parce qu'elle m'a été donnée. Et tout ce qui bruisse en elle, la clameur du passé, le fracas, les révoltes, les foules pressées, le pas hésitant des poètes, les solitudes côte à côte et les grands espoirs des foules, sont miens. Je prends tout. je retrouve Paris. Et je sens mon père sourire avec douceur, heureux de voir que tout continue au-delà de lui. (p. 78)
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La jeunesse est là, aux terrasses des cafés du boulevard Edgar -Quinet. Je la vois. Elle a envie de vivre plus vite, plus fort, de faire résonner l'instant avec fracas, et je ne suis plus tout à fait avec eux. Ils sont si nombreux, tous ces jeunes gens. J'ai longtemps été l'un d'eux et j'aimais, moi aussi, me glisser dans les longues nuits de Paris. (p. 13)
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Paris aime les gares (...) Sept gares comme sept portes à avaler le monde. (...) Paris et ses sept gares, filles de l'acier, du charbon et des foules pressées. (...) Je suis devant la gare de l'Est. J'ai le sentiment de traverser une grande cathédrale du voyage. Partir. Paris le dit par tous ses quais, toutes ses grandes structures de verre. Partir. C'est ce que je vais faire. Mais avant, il faut prendre soin des voix qui tournent, de toutes ces vies oubliées qui ne sont plus que des noms gravés sur le marbre, et ensuite, je fermerai la nuit. (p. 71)
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Paris s’apaise. Mon père est tout près, je le sens. Je retrouve son odeur, le grain de sa voix, tous ces détails que la mort nous vole. Je vais devoir le laisser partir à nouveau mais je l’ai ramené au présent. Il a marché sur mes épaules, déambulé dans les rues de cette ville qu’il nous a offerte, à mon frère et moi. C’est le rêve qu’ils ont eu, avec ma mère : offrir Paris à leurs enfants. Que tout commence ici. Alors cette ville est mienne, oui, parce qu’elle m’a été donnée. Et tout ce qui bruisse en elle, la clameur du passé, le fracas, les révoltes, les foules pressées, le pas hésitant des poètes, les solitudes côte à côte et les grands espoirs de foules, sont miens. Je prends tout. Je retrouve Paris. Et je sens mon père sourire avec douceur, heureux de voir que tout continue au-delà de lui.
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Vendredi 13 novembre 2015, il fait exceptionnellement doux à Paris – on rêve alors à cette soirée qui pourrait avoir des airs de fête. Deux amoureuses savourent l'impatience de se retrouver ; des jumelles s'apprêtent à célébrer leur anniversaire ; une mère s'autorise à sortir sans sa fille ni son mari pour quelques heures de musique. Partout on va bavarder, rire, boire, danser, laisser le temps au temps. Rien n'annonce encore l'horreur imminente. Laurent Gaudé signe avec *Terrasses* un chant polyphonique qui réinvente les gestes, restitue les regards échangés, les quelques mots partagés, essentiels – écrit l'humanité qui éclot au coeur d'une nuit déchirée par l'impensable. Et offre à tous un refuge, face à un impossible oubli.
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