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Citation de msieurico


Le troisième, je le ramenai vivant moi-même. Je le trouvai dans la cave d’un tonnelier, terrorisé et tremblant de faim, je le traînai par les cheveux jusqu’à la place de la cathédrale, je le montrai à la foule, je le forçai à s’agenouiller et je lui tranchai la gorge. Nous avons aimé ce spectacle. Chacun de nous a ressenti au plus profond de lui que c’était ce qu’il fallait faire cette nuit : tenir la bête à ses pieds et l’immoler. Aujourd’hui que j’y repense, je mesure combien nous étions loin de nous-mêmes. J’aurais dû tout faire pour garder ce nègre vivant. J’avais fait le plus difficile. Je n’avais plus qu’à le ramener au navire et à le plonger à fond de cale avec ses congénères. J’en aurais tiré un bon prix. Mais non. Cette nuit-là, il fallait du sang. À moins qu’au fond, ce ne soit le contraire. À moins, oui, que nous n’ayons jamais été aussi proches de nous-mêmes que cette nuit-là, acceptant pour un temps les grondements de notre être comme seul souverain.
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