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Critiques de Laurent Jouannaud (6)
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Kafka, suite

Critique réalisée dans le cadre de Masse Critique : merci à Babelio et aux Editions Pascal Galodé



Je suppose que les amoureux de Kafka, dont je fais partie, sont tout autant attachés à l’œuvre qu’à l’homme, si indissociables l’un de l’autre, puisque probablement aucun des lecteurs n’aura fait l’impasse sur le journal de Franz.

Laurent Jouannaud aime l’homme et l’écrivain Kafka, ce qui est la même chose, et s’est offert le fantasme d’imaginer que celui-ci n’est pas mort le 03 juin 1924, mais s’est remis de sa tuberculose, et a continué de vivre les événements de son époque. J’avoue que c’est une question que je me suis souvent posée : qu’aurait été la vie de Franz s’il n’était pas mort si jeune ? Sans doute parce que, comme l’auteur, j’avais envie de rêver un bonheur possible pour ce compagnon de ma vie.

J’ai pensé résumer ici ce que l’auteur a imaginé, mais je me retiens car je n’aime pas divulguer les péripéties d’un roman que je veux donner envie de lire.

Je me bornerai donc à dire que Laurent Jouannaud a écrit un livre très original, plausible, et très sympathique, avec la petite réserve que j’ai trouvé parasites ses réflexions sur lui-même, superflues parce qu’elles en disent trop dans le contexte du livre, ou pas assez dans ce qui pourrait donner matière à un autre roman, roman de celui qui se prenait pour Franz Kafka….

Sur le plan de la forme, hormis cette réserve de quelques pages qui coupent le récit, le livre est bien fait. Il s’agit d’une biographie classique, bien documentée, articulée autour des extraits de journaux de Kafka, des événements historiques et différents lieux traversés. Rien ne m’a paru erroné dans le style contrefait de l’auteur.

Mon problème, à la lecture, c’est qu’étant moi-même très proche de l’ami Franz (sans me prendre pour lui), j’ai une perception différente de certains traits de caractères que lui prête l’auteur, à travers ma propre lecture du « Journal » réel…

Laurent Jouannaud pense que Kafka n’avait pas d’humour, ou que lorsqu’il le pratiquait ce n’était que pour s’intégrer en société. Je pense pour ma part que Kafka était doté d’un humour « décalé », comme devait être son existence. Pour moi, Kafka n’était pas « absent », mais « ailleurs », ce qui est très différent. Max Brod raconte dans ses souvenirs sur son ami que celui-ci faisait beaucoup rire son cercle d’amis (oui, Kafka avait des amis, même s’il a souffert d’une éternelle solitude), à travers ses lectures à haute voix, ses talents de comédien, ses dessins caricaturaux… Kafka n’était pas sinistre. Par ailleurs, Laurent Jouannaud affirme que Kafka n’aimait pas le théâtre : de nombreuses pages du journal de Franz démontrent le contraire, en particulier ses anecdotes au sujet du théâtre yiddish où il se rendait très souvent.

Pour le reste, j’ai eu un peu de mal à imaginer Kafka s’installant en France. De même, l’évolution des rapports entre Franz et son père ne m’ont pas convaincue, ni son renoncement si fréquent au cours de sa « nouvelle » vie à l’écriture. J’imagine Kafka renonçant à bien des choses, jamais à l’écriture.

J’ai adhéré par contre aux péripéties sentimentales de Franz, à ses interrogations quant à la langue, au judaïsme, et j’ai beaucoup ri et apprécié l’hommage discret à Albert Camus, dont je veux laisser la surprise aux futurs lecteurs du roman.

Pour finir, ce roman constitue une lecture agréable, sympathique, courageuse dans la mesure où je suppose que l’auteur va s’attirer les remarques plus ou moins agréables des amoureux de Kafka tels que moi, et j’espère que l’auteur aura trouvé son propre chemin d’écrivain en tuant une deuxième fois le « père » qui lui fait tant d’ombre par trop de lumière, Franz Kafka, auquel il aura écrit, en imitation, sa propre lettre.


Lien : http://parures-de-petitebijo..
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Kafka, suite

Kafka suite m’a attiré pour un Masse Critique Babelio car il se présente comme une dystopie sur un écrivain qui m’a toujours intrigué : Kafka. Dans ce roman, Laurent Jouannaud envisage la vie qu’aurait pu avoir Franz Kafka s’il n’était pas mort de la tuberculose en 1941, alors qu’il avait 41 ans. Mort inconnu, sans même avoir publié ses deux chefs-d’œuvre inachevés, Le Procès et Le Château. Une vie qui nous laisse sur notre faim …



Et si Kafka avait survécu et si sa dernière cure l’avait guéri ? Jouannaud l’imagine lui, les voyages qu’il aurait fait, les amours qu’il aurait pu rencontrer – lui qui en avait si peur -, ses écrits. Jusqu’à la rencontre du juif Kafka avec l’horreur de la Seconde guerre mondiale.



S’appuyant sur une documentation historique précise, l’auteur montre qu’il connaît extrêmement bien son « personnage », expliquant à chaque page, d’une manière fine, pourquoi il imagine que Kafka aurait pu dire ceci ou cela. Il ne va pas cependant aussi loin qu’il le pourrait, en imaginant Kafka célèbre ou Kafka écrivant chef d’œuvre sur chef d’œuvre. Un peu plus loin, et le roman aurait été ridicule.



Mais finalement, en se cantonnant à ce qu’on peut imaginer, il nous laisse un peu sur notre faim, décrivant la vie calme, bien rangée, du retraité Kafka, réfugié sur la Côté d’Azur et délaissant l’écriture pour la vie et le soleil.



Au final, j’ai été déçue par ce roman. En fait, j’ai été immédiatement gênée par ce pour quoi même j’avais choisi ce texte : écrire une dystopie sur un écrivain c’est autre chose que d’écrire une dystopie sur l’humanité ou une autre planète. Ici, même si tous les faits semblent extrêmement sérieux et documentés – Jouannaud a même imaginé le journal qu’aurait pu tenir Kafka – on ne peut se détacher d’une seule pensée : tout cela est faux, ce n’est pas arrivé.



Peut-être aurais-je dû mieux connaître Kafka pour mieux appréhender cet exercice d’écriture. Il me manquait certaines clés. Ici on ne le voit que comme un être constamment malade, qui se laisse vivre. « Vivre sans ambition littéraire, c’est rejoindre l’humanité et sa banale normalité. »



J’avais été moins gênée avec le roman La Part de l’Autre d’Eric Emmanuel Schmidt qui imagine la vie d’Hitler s’il avait été reçu à l’Académie. Imaginer les événements différents, réfléchir aux enchaînements historiques est plus facile que de créer un nouvel être, un Kafka vieillissant.



Enfin, un autre point qui m’a un peu énervée est la présence constante de Laurent Jouannaud, qui coupe son texte par des explications ou parallèles avec sa vie et son œuvre : « Franz Kafka c’est moi maintenant. Cela fait longtemps qu’il m’obsède. Nos vies se ressemblent. »



En bref, une déception. Je ne nie pas la qualité littéraire et la difficulté de l’exercice de l’auteur, mais simplement je n’ai pas pu entrer dedans et l’apprécier …
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Toxiques : Quand les livres font mal

Laurent Jouannaud, né en 1962, est agrégé de lettres.



Il a écrit en 2003 "Toxiques : Quand les livres font mal"



Il s'agit d'un essai littéraire sur sept oeuvres que l'auteur qualifie de "toxiques" parce qu'elles ont désenchanté sa jeunesse.

Ne nous y trompons pas : il s'agit, en fait, d'une ode au pouvoir de la littérature, qui nous forme à la vie en nous déformant avant d'avoir vécu, dangereux paradoxe que celui du blasé qui n'a pas joui... mais auquel il ne renoncerait pas.



C'est que Laurent Jouannaud entretient un rapport passionné et complexe avec le tragique : la littérature nous prépare-t-elle aux déceptions de la vie ? Dit-elle vrai ? Et quel est le prix de la lucidité ?



Enorme est le prix de la lucidité car il oblige au sacrifice du bonheur en faveur d'une tristesse de fond qui n'est pas incompatible avec les joies éphémères : les seules que nous puissions atteindre. Mais qui sont la trame de nos existences.



- Charles Baudelaire a été le premier empoisonneur de la jeune existence de Laurent Jouannaud et lui a infusé ce spleen sans vraie cause en lui révélant que c'était le sien aussi ;



- Louis-Ferdinand Céline, à travers son voyage, a agité de sinistres hochets : guerre, méchanceté et lâcheté irrémissibles des hommes, pauvres et riches, victimes et bourreaux ;



- Arthur Rimbaud, à qui la poésie ne suffit pas et qui l'abandonna ;



- L'empereur Hadrien de Marguerite Yourcenar qui devint empereur par hasard et qui ne sut jamais quel était, parmi les masques qu'il avait portés, celui qui lui ressemblait le plus ;



- Albert Cohen et sa "Belle-du-Seigneur", qui convainc le lecteur que l'on est jamais aimé que pour ce qui est impermanent en nous (beauté, gloire, jeunesse), c'est-à-dire pour ce qui n'est pas nous, et que l'amour-passion lui-même est tout aussi périssable que son objet ;



- Marcel Proust, dont le narrateur, un prénommé "Marcel" créa la dangereuse illusion d'être l'écrivain soi-même et faillit anéantir la jeune vocation de l'auteur pour avoir suivi trop longtemps ce modèle de fausse procrastination : ajourner, ajourner pour toucher un jour le sublime, au risque de ne vivre ni sa vie ni son art ;



- Enfin L'Innommable de Beckett, auquel manquent les mots pour se dire, ce qui est bien le comble pour un écrivain.



Ce petit volume (146 pages) est extrêmement séduisant. Je l'ai lu d'une traite. Il a été initialement publié aux Presses Universitaires de France puis réédité en 2015.



Il m'a apporté, outre le plaisir de lecture, un bénéfice secondaire non négligeable : celui de me réconcilier un peu avec Baudelaire dont l'orientalisme m'a toujours rebuté. Eh bien, peut-être l'arbre m'a-t-il caché la forêt : il n'y aurait pas que de l'orientalisme chez Baudelaire. Je vais y jeter un oeil nouveau.
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Kafka, suite

Dans cette biographie romancée de Franz Kafka, cette uchronie, Laurent Jouannaud imagine la vie qu’aurait vécue Kafka s’il n’était pas mort de la tuberculose, à 41 ans.



Il s’agit d’une suite imaginée, mais plausible, crédible car extrêmement bien documentée, assortie de références pertinentes, de détails sur sa vie, ses écrits. On a tendance à oublier que ces évènements, ces mots couchés sur le papier de "son" Journal, ont été inventés de toutes pièces. En effet, non seulement il lui prête vie, mais il lui prête également voix en reprenant son Journal et sa plume, là où elle s’était arrêtée, en 1924.



Ainsi, d’autres œuvres succéderont au Procès, la Métamorphose et le Château, d’autres femmes lui ouvriront leur cœur, Kafka connaîtra d’autres voyages, d’autres exils...comme à Nice. Kafka ne cherche ni la gloire, ni le succès, seulement la solitude, la simplicité : reclus, il trouve son bonheur chez la famille Ranieri, dont la mère, Louise, veuve, vit avec ses deux filles. Sa vie est rythmée par les leçons d’allemand qu’il prodigue aux deux filles de Louise, qui, fascinée par cet homme mystérieux, tombe peu à peu amoureuse de lui; par ses balades sur la promenade des Anglais, sous le soleil radieux de la Côte d'Azur, et par ses nouvelles tentatives d'écriture.



J’ai eu du mal à imaginer que ce n’était pas Kafka, mais bien l’auteur lui-même qui s’exprimait à travers son Journal. Il réussit le pari formidable de copier, d’imiter à la perfection, le style de l’auteur, de sorte qu’on oublie qu’il s’agit d’une uchronie. Les citations du Journal de Kafka, les allusions à "ses" nouvelles, à "ses" projets d’écriture,-comme la rédaction de l’Ile morte, dont le héros, Robinson Krusoé aurait très bien pu sortir tout droit de l’imagination de cet auteur génial- mais aussi et surtout l’emploi très pertinent du présent dans la narration, avec des tournures comme « écrit-il dans son Journal… », « c’est sa dernière nouvelle…», permettent de ressusciter un passé inexistant. Jamais il n’emploie le mode conditionnel, sauf à la fin : « je suppose qu’une plaque commémorative rappellerait la présence de François Kafka […] Elle serait apposée sur le mur… » Tous ces éléments conjugués nous font totalement adhérer au récit. On hésite souvent, on s’interroge sur la part de fiction et de réalité dans ce roman, pour finalement se rappeler, que ce n’est que de la fiction. De la pure fiction.



C’est également une petite histoire dans la grande Histoire que nous propose Laurent Jouannaud. Son roman est l’occasion de réviser les pages les plus sombres de l’histoire du XXème siècle : l’ascension d’Hitler au pouvoir en janvier 1933, l'expansion du nazisme à travers l’Europe, l’annexion de l’Autriche, l’exclusion et l’extermination des Juifs…Kafka devient témoin de cette période à laquelle il a pu échapper, et à laquelle il aurait pu ne pas survivre.



J'ai beaucoup aimé ce livre et espère qu'il trouvera son lectorat, parmi les amateurs de Kafka, ou non...Chapeau bas à Laurent Jouannaud qui semble être un inconditionnel amoureux de cet auteur !
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Kafka, suite

Bizarre cette vraie fausse biographie qui prolonge de plus de vingt la vie de Kafka, finalement c'est la deuxième partie, inventée de K à Z, qui m'a le plus intéressée. Cet homme fragile triste et coincé m'a consternée, seul son exil en France a redonné de belles couleurs à la seconde vie que Laurent Jouannaud lui a minutieusement concoctée grâce à une documentation très fournie et à un style plus que convaincant.
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Kafka, suite

Avant d'ouvrir ce livre, envoyé par les éditions Pascal Galodé, j'étais quasiment certaine que j'apprécierais cette lecture ayant pour sujet Kafka.



Kafka...pendant des années ce nom représentait l'inaccessible au point de vu littéraire. Puis j'ai un jour acheté La métamorphose suivi de Dans la colonie pénitentiaire, j'ai adoré cette lecture mais depuis je n'ai rien lu d'autre.



Donc effectivement j'ai énormément apprécié "Kafka suite", l'auteur étant lui même un passionné de Franz Kafka il est tout naturel qu'il nous transmette ce sentiment.



En lisant cette fausse biographie il faut surtout ne jamais ce dire que c'est une fausse biographie, du genre "oui mais ce n'est pas arrivé" parce que là, la magie retombe.



J'ai préféré me laisser entrainer dans cette biographie comme si elle était vraiment réelle et que Franz Kafka ait vécu encore de nombreuses années.



L'aspect du livre que j'ai aussi fort apprécié, est le côté historique et les références à d'autres auteurs. La montée du nazisme, les persécutions des nazis envers les juifs. "Kafka suite" est un livre dense, très prenant. Je ne vois aucun point négatif dans ce livre, ni dans l'écriture de l'auteur qui rend cette biographie convaincante et donne envie de continuer de découvrir l'œuvre de Kafka.



Je remercie vivement les éditions Galopé pour cette excellente lecture.


Lien : http://le-boudoir-des-livres..
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