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EAN : 9782130533665
144 pages
Presses Universitaires de France (15/02/2003)
4.25/5   2 notes
Résumé :
" Dans mon cas, la métaphore de l'intoxication était juste il y a des livres qui empoisonnent la vie. Je me place explicitement dans une perspective biologique et sociale : ces livres ont perturbé mon organisme. Pour le dire avec Spinoza, ils ont augmenté ma tristesse et diminué ma perfection. Mon sens intime, mon sens social ont été sérieusement touchés. La vie m'est devenue difficile. J'ai eu bien du mal à persévérer dans l'être. " L. J. Les meilleurs livres - Bau... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Laurent Jouannaud, né en 1962, est agrégé de lettres.

Il a écrit en 2003 "Toxiques : Quand les livres font mal"

Il s'agit d'un essai littéraire sur sept oeuvres que l'auteur qualifie de "toxiques" parce qu'elles ont désenchanté sa jeunesse.
Ne nous y trompons pas : il s'agit, en fait, d'une ode au pouvoir de la littérature, qui nous forme à la vie en nous déformant avant d'avoir vécu, dangereux paradoxe que celui du blasé qui n'a pas joui... mais auquel il ne renoncerait pas.

C'est que Laurent Jouannaud entretient un rapport passionné et complexe avec le tragique : la littérature nous prépare-t-elle aux déceptions de la vie ? Dit-elle vrai ? Et quel est le prix de la lucidité ?

Enorme est le prix de la lucidité car il oblige au sacrifice du bonheur en faveur d'une tristesse de fond qui n'est pas incompatible avec les joies éphémères : les seules que nous puissions atteindre. Mais qui sont la trame de nos existences.

- Charles Baudelaire a été le premier empoisonneur de la jeune existence de Laurent Jouannaud et lui a infusé ce spleen sans vraie cause en lui révélant que c'était le sien aussi ;

- Louis-Ferdinand Céline, à travers son voyage, a agité de sinistres hochets : guerre, méchanceté et lâcheté irrémissibles des hommes, pauvres et riches, victimes et bourreaux ;

- Arthur Rimbaud, à qui la poésie ne suffit pas et qui l'abandonna ;

- L'empereur Hadrien de Marguerite Yourcenar qui devint empereur par hasard et qui ne sut jamais quel était, parmi les masques qu'il avait portés, celui qui lui ressemblait le plus ;

- Albert Cohen et sa "Belle-du-Seigneur", qui convainc le lecteur que l'on est jamais aimé que pour ce qui est impermanent en nous (beauté, gloire, jeunesse), c'est-à-dire pour ce qui n'est pas nous, et que l'amour-passion lui-même est tout aussi périssable que son objet ;

- Marcel Proust, dont le narrateur, un prénommé "Marcel" créa la dangereuse illusion d'être l'écrivain soi-même et faillit anéantir la jeune vocation de l'auteur pour avoir suivi trop longtemps ce modèle de fausse procrastination : ajourner, ajourner pour toucher un jour le sublime, au risque de ne vivre ni sa vie ni son art ;

- Enfin L'Innommable de Beckett, auquel manquent les mots pour se dire, ce qui est bien le comble pour un écrivain.

Ce petit volume (146 pages) est extrêmement séduisant. Je l'ai lu d'une traite. Il a été initialement publié aux Presses Universitaires de France puis réédité en 2015.

Il m'a apporté, outre le plaisir de lecture, un bénéfice secondaire non négligeable : celui de me réconcilier un peu avec Baudelaire dont l'orientalisme m'a toujours rebuté. Eh bien, peut-être l'arbre m'a-t-il caché la forêt : il n'y aurait pas que de l'orientalisme chez Baudelaire. Je vais y jeter un oeil nouveau.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Le roman de Proust (A la recherche du temps perdu) a justifié ma perpétuelle frustration. A le lire, j'ai compris qu'il était impossible de trouver du plaisir simplement en vivant. Une des petites phrases proustiennes qui assassinent la vie résume bien cela : "Mais le bonheur ne peut jamais avoir lieu".
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Un drame a eu lieu - mais lequel ? Quand ? Et maintenant plus rien ne bouge -
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"Mais je poursuis en vain le Dieu qui se retire ;
L'irrésistible nuit établit son empire,
Noire, humide, funeste et pleine de frissons ; "
C.B
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Les riches ne valent pas cher, mais leur cruauté n'explique pas la cruauté des pauvres entre eux. (...) Les victimes sont abjectes ; les pauvres sont lâches, mesquins et cruels. Il leur manque, comme à chacun de nous, "ce qui ferait un homme plus grand que sa simple vie, l'amour de la vie des autres".
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Pour vivre, les hommes acceptent tout (...). Je doute que la dignité soit compatible avec la survie.
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Sans me croire quelqu'un, je ne me prenais pas pour rien à vingt ans. Dans mon petit monde, le fait d'être là, jeune et vivant, me donnait quelques droits. Je croyais ma vie précieuse pour avoir entendu parler des droits de l'homme, liberté, égalité, fraternité.
Après "Voyage au bout de la nuit", j'ai compris que ce n'était qu'une illusion. Bardamu a fait sous mes yeux l'expérience de son "néant individuel": je sentais que je ne pèserais pas plus que lui, une fois entré dans la vie."
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