Mais il en va des chevaux comme des êtres humains : même dans la plus profonde des relations, nous ne pouvons jamais comprendre l’autre complètement. Le plus important, c’est d’accepter de ne pas tout savoir. Et d’apprendre la patience.
Un cheval blanc éclatant entre au trot dans le manège, suivi par un projecteur bleu. IL fait le tour du maître de cérémonie, d'un pied léger.
- Un, déclame ce dernier - et, lorsque le cheval suivant apparaît tout de suite après, les spectateurs comprennent aussitôt et se mettent à compter en chœur, avec exaltation :
- Deux ! Trois ! Quatre !
Ils applaudissent au rythme des sabots tandis qu'apparaissent toujours plus de chevaux qui tournent autour de l'homme en queue-de-pie. Bien sûr, Ari se maîtrise et ne compte pas à voix haute, comme les enfants autour d'elle, mais la musique qui s'amplifie, les applaudissements des spectateurs et les chevaux blancs qui trottent en rond ont vraiment un effet hypnotisant sur elle.
D'habitude peu sensible au spectacle de la nature,elle n'a pas pu s'empêcher de pousser un "wow" en découvrant l'oasis.
Ils filent à toute vitesse sur la prairie : Mika épouse parfaitement la courbure de son échine, comme s'ils ne formaient qu'une seule créature. Sans efforts, ils franchissent la clôture et s'élancent à travers la campagne : en lisière de forêt, au milieu d'un champ de céréales ondulant... et peu importe leur destination. Elle veut juste partir, le plus loin possible.
Ari tire la quatrième balle de foin sur la charrette avec un empressement fébrile lorsqu'une main se pose sur son son épaule.
-Que fais-tu donc, Ari? demande une voix calme.
Elle se retourne et reconnaît Mr.Kaan. Elle a les yeux brillants, de la sueur coule sur son front, de la poussière de foin recouvre ses cheveux, mais elle affiche un visage rayonnant.
-Eh bien, je prends du fourrage. Pour les chevaux. Je les ai... nous... je viens de les conduire au manége. Ils sont en sécurité là-bas, conclut-elle, à bout de souffle, avec un grand sourire.
-Parfois, il faut savoir briser un serment pour faire de la place au présent. C'est ce qu'on appelle la responsabilité.
Le soleil s'est couché,la source n'est éclairée que par la lumière bleutée du crépuscule.
Son regard tombe sur les rubans orange qui flottent a petit bruit autour des arbres.
Ari aurait pu rester des heures assise là, à regarder le cheval. Elle ne comprend pas trop pourquoi, mais ce spectacle la remplit de calme et de satisfaction : son corps se libère soudain de toutes ses tensions. Avec un soupir, elle est sur le point de s’adosser à une botte de foin quand elle voit quelque chose bouger. Elle se lève d’un bond. Le cheval lève brusquement la tête, envoyant le seau à l’autre bout de la cabane, avant de s’enfuir, la queue relevée.
Dans l'air vibrante elle voit la formation rocheuse devant elle et juste derrière ,les grands arbres qui abritent la source magique.