- C'est un billet de train, je révèle.
Je voulais des renseignements sur l'inconnue ? Voilà que je dispose d'un billet nominatif.
- Notre fashionista s'appelle Valentina Peluccio, dévoilé-je. Et elle s'est rendue au Touquet le… eh !
Célia m'interroge.
- Quoi ?
- Elle devait partir demain, dis-je.
[…]
La vacuité de mon samedi me pousse à appréhender l'erreur de Valentina Peluccio avec plus d'ouverture d'esprit. La perspective d'une virée à la mer me plaît. Je pourrais peut-être glisser le billet dans ma poche et m'évader demain par la Gare du Nord, dans le TGV n°2410 à destination du Touquet.
Tu vas passer un entretien d’embauche dans une boîte qui n’a pas voulu indiquer son nom, auprès d’une personne qui s’appelle Aranée, en plein milieu de Whitechapel Road. Et cela ne te pose pas de problème ?
L’entreprise anonyme, cela ne dérangeait pas Nora. De nombreux prestataires faisaient mention de « leur client » dans les annonces sans jamais nommer ledit client auprès des candidats. Jack l’Eventreur, cela ne l’inquiétait pas non plus. Si un serial killer avait choisi Whitechapel des siècles plus tôt pour pratiquer des atrocités, de l’eau avait coulé sous les ponts. Charlotte le savait bien. Elle ne redoutait pas que sa colocataire se fasse éviscérer mais trouvait que l’annonce contenait suffisamment de bizarreries pour inviter à la prudence.
Vino Veritas. J’y suis.
Un revêtement mural en fausse pierre calcaire, un lierre qui pend devant les carreaux, un tonneau pour maintenir la porte ouverte et aérer la salle intérieure, une ardoise qui annonce les planches et les bouteilles du moment : un grand classique. Simple et efficace.
Je préfère admirer sa silhouette dans le faible contre-jour dû à l’éclat lunaire. Le murmure des vagues l’enveloppe. Baptiste se fond si bien dans le paysage marin qu’il pourrait se dissoudre dans le vent et disparaître avec les embruns.