Selon Hubert Juin, préfacier, il y a deux hommes chez Tolstoï, sinon trois. Le joueur, le buveur, l'amateur de chevaux, le chasseur, le coureur de jupon : voilà le vrai, contre lequel il va tenter (si l'on veut) de se faire, de se construire. Et l'autre, c'est le rousseauiste, l'homme du bien et du bon, l'ami de la nature. Ce qui réunit des tendances aussi complexes et opposées paraît, à qui sait lire, dès les premières pages : c'est la mort. La peur de la mort. L'angoisse.
J'en ai évoqué un troisième, sans lequel les deux autres, dans leur conflit, n'auraient pas fait les grands romans que l'on sait et que l'on aime : le voyant au regard aigu, précis, méticuleux, à l'oeil rapace, auquel suffit un détail parce que ce détail dérobé est le meilleur, le plus significatif, le seul -au fond- qui vaille. C'est, en partie, le romancier