Au cours du procès, l’avocat de Costello fit savoir à son client que les costumes à trois cents dollars dont il changeait tous les jours impressionnaient défavorablement les jurés, et lui conseilla de se vêtir de façon moins luxueuse, du moins pendant les audiences.
– Comment me conseillez-vous de m’habiller ? demanda alors Costello.
– Je ne sais pas, moi, avec un complet qui ne soit pas taillé sur mesure, par exemple, répondit l’avocat.
– Désolé, mais je préfère encore perdre tout de suite mon procès plutôt que d’en venir à de telles extrémités « .
C’était Francesco Castiglia, dit Frank Costello, « le premier ministre de la mafia »…
Dans les rues de East Harlem, Frank Castiglia assimila consciencieusement et rapidement les leçons du ghetto, sa morale, ses idéaux. Le plus important était assurément le code de l’omerta, la loi du silence. Tout homme qui ne respectait pas scrupuleusement cette loi était un moins que rien, un objet de mépris, sur lequel l’on crachait, que l’on mettait en quarantaine, tout juste bon à être exécuté. Quelles que fussent les menaces dont vous étiez l’objet, que vous fussiez volé, maltraité, agressé, vous deveniez l’être le plus abject de la terre si vous alliez vous plaindre à la police. Vous deviez plutôt attendre l’heure de la revanche, votre heure ; cette attente pouvait certes être longue, mais l’essentiel était là : il fallait garder le silence et attendre patiemment le moment propice. (p. 57)