« Beau Jeannot,
tu entends les alouettes ?
Viens, assieds-toi quand même
auprès d’une tzigane.
Tu restes cloué là
comme une statue de sel.
Il me semble toujours
que tu as peur de moi.
Assieds-toi plus près,
ne t’écarte pas.
Ou alors est-ce que tu as peur
de ma peau un peu foncée ?
Je ne suis pas aussi brune
que tu penses.
Là où le soleil n’arrive pas
je suis toute blanche. »
Chœur : Elle a un tout petit peu entrouvert sa blouse
sur ses seins
et tout mon sang
m’est monté à la tête.
Le parfum du sarrazin en fleur
flotte jusqu’au bois.
« Est-ce que tu veux voir, Jeannot,
comment dorment les tziganes ?»
Elle a cassé une petite branche,
elle a poussé une pierre.
« Voilà mon lit est fait »
dit-elle en riant.
« La terre est mon coussin,
je ramène le ciel sur mon corps.
Ma main froide de rosée,
je la réchauffe entre mes jambes. »
Elle s’était couchée par terre,
elle n’avait que sa jupe
et mon innocence
pleurait à chaudes larmes.