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Citation de viedefun


Elle but son café en contemplant le lever du jour. BooBoo ne lui fit pas grief d'avoir à nouveau écourté son sommeil. Il se toilettait, assis au pied de la chaise, ronronnant dès qu'elle passait distraitement la main derrière ses oreilles. Survint alors un incident indépendant de sa volonté. Elle rinçait sa tasse, debout devant son évier, quand la cuisine du voisin s'illumina, révélant la silhouette de Sam. Ses poumons se bloquèrent.
— Jésus Marie Joseph, geignit-elle quand elle retrouva un peu d'air. Jamais elle n'aurait pensé en découvrir autant sur le Sam. Tout, en l'occurrence. Il se tenait devant son réfrigérateur, nu comme un ver. Elle eut juste le temps d'admirer son derrière avant qu'il ne sorte une bouteille de jus d'orange, la dévisse et la porte à ses lèvres en se retournant. Elle oublia aussitôt le popotin. La proue du navire en jetait bien plus que la poupe, et ce n'était pas peu dire. Cet homme était sévèrement burné.
— Mon Dieu, BooBoo, s'écria-t-elle. Non. mais tu as vu ça? Rarement Dame Nature s'était montrée aussi généreuse. Grand, le ventre plat, musclé comme un étalon... Elle colla son front contre la vitre et distingua son torse massif et velu. Elle connaissait déjà sa belle gueule. Ses yeux de braise, ses dents blanches et son rire chaud. Et voilà qu'il en avait dans le caleçon. Elle porta la main à sa poitrine. Son cœur faisait davantage que palpiter; il essayait carrément de lui défoncer le thorax. D'autres organes se joignaient à lui pour exprimer leur émoi. L'espace d'une seconde, elle voulut auditionner pour le rôle du matelas. Indifférent au tumulte intérieur de sa maîtresse comme au spectacle saisissant qui se jouait en face, BooBoo continuait de se lécher les pattes. Ce chat ne savait pas reconnaître les bonnes choses. Jaine se retint à l'évier pour ne pas tomber dans les pommes. Heureusement qu'elle avait renoncé aux hommes, sans quoi elle serait déjà en train de tambouriner à sa porte. Mais renoncement ou pas, elle demeurait sensible à l'art, et Dieu sait si son voisin entrait dans cette catégorie, à mi-chemin entre une statue grecque et une star du X. Bien que cette idée la révulse, elle se devait de lui demander de tirer les rideaux. C'était l'usage entre voisins, non? Ne voulant pas perdre une miette de la parade, elle chercha le téléphone à tâtons, puis se ravisa. Elle ignorait aussi bien le numéro de Sam que son nom de famille. Vous parlez d'une voisine ! En deux semaines elle n'avait pas trouvé le moyen de se présenter. Cela dit, lui non plus ne s'était pas donné cette peine. Et sans l'intervention de Mme Kulavich, elle ignorerait jusqu'à son prénom.
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