— Comment s'appelle-t-il déjà ? BooBoo? Tu parles d'un nom !
— C'est à ma mère qu'il faut dire ça.
— Tout chat mérite un nom décent. Appeler un matou BooBoo, c'est comme prénommer son fils Alice. BooBoo devrait s'appeler Tiger, Roméo...
Jaine secoua la tête.
— Roméo est exclu.
— Tu veux dire qu'il est... ?
Elle hocha la tête.
— Dans ce cas, BouBoo, un prénom qui lui sied à merveille, quoique Bou-Mou me semble encore plus approprié.
Jaine dut se presser les côtes très, très fort pour réprimer un nouveau fou rire.
— T'es bien un mec, toi.
— Et que voulais-tu que je sois ? Une ballerine ?
Il se passa la main sur le visage. Amour. Le mot était lâché. Auparavant, il pensait à ses relations féminines comme à des liaisons. Il n’avait jamais été amoureux avant. Certes, il avait éprouvé des sentiments sincères pour certaines de ses conquêtes, mais rien qui ressemble à la fascination qu’exerçait Karen sur lui. Il l’aimait, et cela le terrifiait. Il avait l’impression de marcher sur une corde raide, de balancer sans cesse entre la crainte de l’effrayer et celle de se montrer trop distant avec elle.
Le travail était plus facile à l’époque de la guerre froide. En ce temps-là, tout était clair, et l’adversaire clairement défini. L’ancienne Union soviétique, aujourd’hui fragmentée, lui semblait beaucoup plus dangereuse à présent qu’elle était gouvernée par des gens sans expérience. La Chine aussi lui donnait une peur bleue. Mais le gouvernement actuel s’occupait plus de faire de l’argent que de protéger le pays.
Les pauvres fous, ils croyaient tout savoir ; ils ne savaient rien du tout.Ils ignoraient ce qu’était le véritable pouvoir, le pouvoir réduit à son essence la plus pure. Le Président, reclus dans la Maison Blanche, pouvait bien déclarer la guerre, donner l’ordre de lâcher des bombes qui anéantiraient des millions d’innocents ; pour lui, ces morts restaient abstraites, à cause de la distance.
La mort n’apportait pas la sérénité, elle n’était que du vide. Tout cessait d’exister : les couchers de soleil, les espoirs, les peurs.
Les flics ont le plus fort taux de divorces parmi toutes les catégories socioprofessionnelles. Certaines femmes ne supportent pas d’embrasser leur mari le matin en redoutant que ce soit pour la dernière fois.
Pour juger de l’habileté d’un homme au lit, il suffisait de le regarder travailler. Certains médecins masculins se prenaient pour des dieux de l’orgasme mais, selon Piper, ils étaient trop arrogants et trop pressés dans leur métier. S’ils ne donnaient pas à leurs patients toute l’attention requise, il y avait de grandes chances pour qu’ils aient la même attitude avec une partenaire sexuelle.
...bien que le fusil soit l’instrument le plus fidèle jamais inventé par l’homme, il n’en restait pas moins un instrument. Non, ce qui le rendait à la vie, c’était la technique, la chasse. Le pouvoir. Il avait été un sacré bon sniper.
Gray… la seule évocation de son prénom la faisait frissonner. Mais ce n’était rien comparé à la violence des sensations qu’elle éprouvait en sa présence. Il suffisait qu’elle l’aperçoive et son cœur s’emballait, ses jambes se mettaient à trembler et le rouge lui montait aux joues. Elle avait bien essayé de maîtriser ses émotions, mais sans succès. Pour se rassurer, elle se disait que son admiration pour lui n’avait rien que de très normal. Après tout, Gray était considéré comme un dieu à Prescott. Un dieu un peu vaurien sur les bords. Protégé par la fortune des Bouvier, il faisait les 400 coups et sa réputation de séducteur était déjà bien établie. Son charme insouciant faisait des ravages parmi les femmes de la région et quoique les Bouvier eussent déjà engendré bon nombre de noceurs, Gray semblait bien parti pour être le pire de tous.
-Prends ta voiture et va jusqu'à la vieille maison des Helton, voir si Lolly va bien. Je n'ai pas réussi à la joindre sur son téléphone portable, et elle ignore peut être que la tempête se dirige vers nous. Lolly Helton ? Gabriel faillit émettre un grognement audible. De tous les gens du coin ...
-Que fait-elle là? demanda-t-il, tentant de dissimuler sa soudaine hostilité, sentiment que Lolly Helton avait toujours provoqué chez lui. Je croyais que toute la famille avait déménagé.
-Effectivement, mais ils ont gardé la maison pour les vacances d'été. Ils pensent maintenant la vendre, et Lolly est venue vérifier les lieux .... Mais qu'est-ce que ça change, de toute façon? Elle est là-bas toute seule, et sans aucun moyen d'appeler les secours s'il lui arrive quelque chose.