Le président Mao nous avait décrit un paradis, puis il s’était servi de notre ignorance pour nous encourager à scier les barreaux de l’échelle qui menait à ce paradis. Comment avais-je pu être aveugle à ce point et ne pas voir clair dans son jeu ?
Les membres de cette couche privilégiée jouissaient d'un autre avantage considérable : ils ne faisaient jamais l'objet de persécutions pendant les campagnes politiques. Ils étaient par contre libres de persécuter les autres ouvriers et c'était en gagnant des mérites dans ce domaine qu'ils se voyaient attribuer l'étiquette d'élément " de gauche".
Les cadres du parti achetaient donc, en leur offrant un certain nombre d'avantages, des ouvriers qui devenaient leurs " hommes de confiance ". Et ils persécutaient ceux qui osaient s'élever contre la répartition inégales des biens.
Dès le jour où j'entrais au lycée, en septembre 1962, j'appris que le comité du Parti établissait pour chacun d'entre nous un dossier où toutes nos actions, les bonnes comme les mauvaises, étaient consignées. Ce dossier serait comme notre ombre ; il nous suivrait toute notre vie, et c'est de lui que dépendrait notre avenir.
Dès que les fusils des rebelles se furent évaporés comme par enchantement, les responsables militaires de chaque usine proclamèrent que les organes de pouvoir ouvrier du type "comités pour la relève du pouvoir" étaient dissous, et que la totalité du pouvoir était à nouveau placée entre leurs mains.