Elle avait pris l’habitude de se sentir en sécurité avec cet homme. Il l’intriguait autant qu’il la mettait au défi. La passion de Patrick pour la chirurgie vétérinaire correspondait à celle qu’elle éprouvait pour la médecine des hommes. Il était ambitieux et motivé, une combinaison puissante chez quelqu’un qui avait par ailleurs tout de l’icône masculine. Ils s’étaient rencontrés grâce à la passion de Patrick pour le rugby. Pendant un match, il avait atterri aux urgences, avec une suspicion de fracture à la cheville. Ça n’avait pas été le coup de foudre. En fait, au départ, elle l’avait même trouvé lourdingue. Ayant des connaissances en médecine presque aussi poussées que celles d’Alex, il lui avait dicté en détail les mesures qu’elle devait prendre, jusqu’à ce qu’elle le remette à sa place et lui dise que c’était elle le médecin, et que ce serait à elle de décider s’il avait besoin ou non de béquilles.
Il n’aurait jamais dû coucher avec elle, mais elle l’avait surpris à un moment où il était vulnérable. Le matin de cette journée mouvementée, il avait reçu le jugement irrévocable de son divorce, et un sentiment d’échec, couplé à un excès d’alcool, l’avait poussé à rechercher la chaleur et le réconfort d’une autre femme.
Elle aurait bien aimé avoir perdu la boule et préféré qu’il s’agisse d’une dépression, car elle aurait alors eu une chance de rassembler de nouveau les pièces de son puzzle et d’avancer, au lieu de se demander pourquoi il l’avait laissée en vie, sans savoir s’il l’avait violée ou non. Elle ne présentait aucune séquelle physique : pas d’hématome interne ou de marques sur les cuisses, mais elle n’aurait pas été en mesure de lui opposer la résistance susceptible de les causer. Elle avait été endormie et privée de tout moyen de se défendre, de savoir ce qu’il lui avait fait et quelle était sa stratégie depuis le début. Était-ce juste pour l’obliger à se demander si elle allait mourir ou être violée ? Une manière de lui bousiller le cerveau. Un sadique prenant son pied.
Elle aurait bien aimé avoir perdu la boule et préféré qu’il s’agisse d’une dépression, car elle aurait alors eu une chance de rassembler de nouveau les pièces de son puzzle et d’avancer, au lieu de se demander pourquoi il l’avait laissée en vie, sans savoir s’il l’avait violée ou non. Elle ne présentait aucune séquelle physique : pas d’hématomeinterne ou de marques sur les cuisses, mais elle n’aurait pas été en mesure de lui opposer la résistance susceptible de les causer. Elle avait été endormie et privée de tout moyen de se défendre, de savoir ce qu’il lui avait fait et quelle était sa stratégie depuis le début. Était-ce juste pour l’obliger à se demander si elle allait mourir ou être violée ? Une manière de lui bousiller le cerveau. Un sadique prenant son pied.
Elle avait besoin de repos, parce qu’elle serait de garde, la nuit prochaine, et lui reprenait le travail demain matin. Par conséquent, boire du rhum ne serait sans doute pas une très bonne idée. Elle passerait lui ramener sa voiture demain. Elle parla d’un ton léger et fut soulagée qu’il ne lui oppose pas trop de résistance. Leur baiser d’adieu fut bref, et le petit geste de la main par lequel il prit congé d’elle, tout ce qu’il y avait de désinvolte, ce qui convint parfaitement à Alex.
Son courage s’était fait la malle et sa maîtrise d’elle-même se retrouvait réduite à néant. Il n’y avait plus de raisonnement qui tienne, plus d’échappatoire. Il allait pouvoir lui faire tout ce qu’il voulait sans qu’elle ait la moindre possibilité de l’en empêcher. Elle se demanda fugitivement s’il ne vaudrait pas mieux mourir sur la table d’opération. Elle quitterait la vie sans jamais savoir qu’elle s’était terminée.
Elles étaient meilleures amies, pas seulement collègues. Chacune avait été là pour l’autre en période de stress, et chacune à tour de rôle avait offert une épaule à l’autre pour qu’elle puisse y pleurer quand le besoin s’en était fait sentir. Après avoir affronté des cas particulièrement lourds, notamment la mort de jeunes patients, elles avaient versé des larmes ensemble et noyé leur chagrin en s’enivrant.
L’esprit est une chose fragile. Il peut nous trahir quand nous nous y attendons le moins et nous punir d’une façon que nul ne saurait expliquer.
Quand un cas de viol se présente aux urgences, il bénéficie d’un niveau de confidentialité qui lui est propre. Un protocole de silence et de dignité se déploie spontanément autour de la situation. L’infirmière, le médecin et la police font ce qu’ils ont à faire sans que qui que ce soit d’autre au sein du service ne soit mis au courant de ce qui se passe.
C’était une femme d’allure frappante, grande et mince, aux membres puissants. Elle avait de somptueux cheveux chocolat qui lui descendaient jusqu’à la taille quand elle les détachait. Le légiste, par ailleurs généraliste, un Néo-Zélandais appelé Tom Collins, ne se départait pas de son air compatissant. Il quitta la salle le temps de l’examen.