Le PT s’est engagé dans des pratiques de gestion de l’État et du néolibéralisme qui ont mené à une démobilisation progressive du camp populaire. L’hyperpersonnalisation du gouvernement et l’autonomisation de Lula vis-à-vis de la base de son parti ; l’affaiblissement de la politisation et de la combativité des mouvements sociaux ; le développement de la consommation sans acquisition de droits collectifs ; le soutien apporté aux secteurs parmi les plus conservateurs de la société brésilienne que sont notamment l’agrobusiness et les Églises néopentecôtistes sont autant de choix qui ont fragilisé les capacités d’organisation et de défense à long terme de la population quand les dominants repassent à l’offensive.
Si l’éradication de la faim est une prémisse nécessaire à tout projet de transformation sociale, il est impossible de pérenniser cette dynamique sans que le pouvoir populaire ne prenne forme. C’est dans cette optique qu’était né le PT. C’est aussi ce qui donnait du sens aux gestions municipales des années 1990 et aux différentes éditions du FSM. C’est l’abandon de ce projet qui l’aura fait plonger, avec les conséquences que la population brésilienne subit aujourd’hui. Dans cette perspective, les leçons à tirer de cette expérience historique résonnent bien au-delà du cas brésilien
La thèse principale de cet ouvrage est d’affirmer que la débâcle du PT est liée à l’affaiblissement de sa capacité à remplir sa fonction politique de reproduction de l’ordre
Le livre de Fabio Barbosa dos Santos permet justement de mener cette réflexion, en articulant la dimension globale et spécifique de ce processus, que ce soit dans le temps (vague conservatrice, néolibéralisme, recul de la gauche) et dans l’espace, en traitant des spécificités de l’État autocratique bourgeois dans le cadre du capitalisme périphérique
Au de là de la juste indignation provoquée par les épisodes honteux qui culminèrent avec la destitution illégale et immorale de la présidente, il est nécessaire de discuter du rôle que jouèrent les gouvernements du PT pour créer la situation dont ils allaient être les victimes
Ce sont les mouvements et partis placés sur la gauche du spectre politique qui descendirent dans les rues les premiers. C’est à partir de cette initiative que se mobilisa une jeunesse en colère et volontaire, mais dotée de peu inexpérience politique
la gauche se retrouva dépourvue du passé dont elle pourrait tirer sa poésie, mais également sans perspective de futur
Face à une architecture ségrégationniste, ouvrir les portes ne suffira pas, il va falloir démolir des murs
La porte de l’intégration par la consommation est étroite, blindée et sans serrure
l’espoir n’a pas vaincu la peur, parce qu’il ne l’a jamais affrontée