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Critiques de Lou Lubie (588)
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Comme un oiseau dans un bocal : Portraits d..

L'auteure Lou Lubie m'avait marqué avec ses derniers titres « Goupil ou face » ou encore « Et à la fin, ils meurent ». Là, pour moi, elle se surpasse encore au point que je la considère véritablement comme la meilleure auteure française du moment. Je m'étonne d'ailleurs qu'elle n'est pas été consacrée à Angoulême car cela serait amplement mérité.



Voilà une BD qui est dans un genre didactique pour nous expliquer l’intelligence chez les êtres humains et le phénomène de ce qu’on appelait autrefois les surdoués. Le nouveau terme est haut potentiel intellectuel (HPI). Il faut savoir que cette catégorie d'un QI supérieur à 130 ne représente que 2,2% de la population. Soyez rassuré, on naît comme cela avec un cerveau beaucoup plus connecté que la moyenne. On ne le devient pas. C'est inné.



L’auteure se sert d’une relation amicale naissante pour nous démontrer tous les mécanismes avec toutes les nuances nécessaires qui authentifient les démonstrations. C’est intelligemment mis en œuvre dans une approche plutôt moderne que j’adore. En plus, il y a de l’humour afin de ponctuer le propos.



J’ai donné presque la note maximale. J’aurais sans doute aimé qu’il y ait plus qu’une relation d’amitié mais cela aurait été mal de casser un brave couple existant. La moralité sera sauvée. Après, c’est toujours un aspect positif de découvrir de nouveaux amis qui permettent de partager des expériences de vie.



Je range cette BD dans mes lectures efficaces et simples. Cette efficacité provient du fait que, en quelques lignes, en quelques traits, la dessinatrice Lou Lubie a insufflé une véritable vie dans ses cases qui rend la lecture fluide et dynamique.



L’auteure donne ainsi une véritable œuvre très riche et très attirante mais surtout quelque chose de quand même inclassable. Le scénario est plutôt bien construit et les développements suivent véritablement.



Je tiens à remercier les éditions Delcourt ainsi que Babélio pour l’envoi de cet ouvrage en avant-première dans le cadre d’une masse critique privilégié. C’est sans doute l’une de mes meilleures lectures de l’année comparé à la multitude de BD que je lis régulièrement. On referme le livre avec le sentiment d’avoir lu et vu quelque chose d’autre et de différent.



Un album très bien réalisé où la barre est déjà placée très haute. On n'oubliera pas de sitôt Raya et Birdo. Comme un oiseau dans le bocal est une réussite en tout genre. Bravo !

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Et à la fin, ils meurent

Quand j’étais enfant, j’adorais qu’on me lise des contes. Je me souviens surtout du petit chaperon rouge, des 3 petits cochons et du petit poucet. Certes, cela se terminait toujours très bien afin de passer une nuit agréable sans cauchemar. Comment aurait-il pu en être autrement ?



L’auteure Lou Lubie a voulu décortiquer les origines du conte. On se rend compte que dans la réalité, ce n’était pas vraiment ce genre de fin heureuse qui a d’ailleurs été popularisé par Walt Disney dans ses dessins animés depuis Blanche-Neige et les sept nains en 1937. Du coup, j’ai un peu l’impression d’un reproche à peine voilé à la naïveté de tous ces contes qui dégoulinaient de bons sentiments.



Walt Disney savait que le monde était très difficile mais il voulait faire rêver les gens et notamment les enfants en apportant un peu de douceur et de bienveillance. C’est tout le thème d’un film « Dans l’ombre de Mary » qui retrace les droits d’acquisition de l’œuvre de Mary Poppins.



On apprendra qu’un célèbre psychanalyste Bruno Bettelheim estimait qu’il fallait que les enfants ressentent les dangers à travers les monstres pour les préparer mentalement au monde qui les attendait. Je conçois qu’une telle argumentation peut être tout à fait légitime. On n’a pas forcément envie de plonger les enfants dans une extrême niaiserie qui ne les quittera plus une fois l’âge passée. J’ai d’ailleurs rencontré ce genre de spécimen d’enfant attardé dans mon entreprise et ce n’est pas très beau à voir ou à subir.



J’ai beaucoup aimé l’analyse de fond qui a été mené par l’autrice Lou Lubie qui va surtout se concentrer sur trois conteurs principaux de différentes époques (Basile, les frères Grimm et Perrault) pour montrer les similitudes et les différences. A noter également un trait assez fin et épuré qui donne de la lisibilité à l’ensemble sans fioritures. Bon point également pour la belle reliure.



On apprendra par exemple que la célèbre Cendrillon vient de Chine à l'origine ce que j’ignorais totalement. Comme quoi, les contes voyagent beaucoup d’une culture à l’autre tout en étant réinterprétés à la sauce locale. On sent également un gros travail de recherches.



Au final, on a là un travail tout à fait intéressant sur une autre vision des contes. Il y a certes de la pertinence mais l’auteure nous laisse une marge de manœuvre pour avoir notre propre avis sur la question. C’est bien d’avoir des pistes pour un autre regard plus adulte.
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La fille dans l'écran

Pour les illustrations de son album jeunesse, Coline fait des recherches sur internet et regarde différentes images. Soudain, elle tombe sur des photos qui la subjuguent et l'inspirent profondément. Des photographies du froid canadien qui reflètent parfaitement l'atmosphère qu'elle veut donner à son album. Appartenant à un certain Marley Laurent, elle décide de lui envoyer un mail afin qu'elle puisse s'en inspirer. Il ne s'agit pas d'un homme comme elle le pensait mais d'une jeune femme, prénommée Marley. Une française qui s'est installée au Canada dans l'espoir de pouvoir vivre de sa passion, la photographie, mais qui, au lieu de ça, a fini barista pour gagner sa vie. Devant l'enthousiasme de Coline, elle l'autorise évidemment à se servir de ses clichés et est curieuse d'en savoir un peu plus sur son projet. Au fil des mails, des photos et des illustrations échangés, les deux jeunes femmes commencent à se livrer et une amitié se noue...



Pour cet album original et plein de vie, Lou Lubie, la canadienne, et Manon Desveaux, la française, se sont unies d'une manière bien particulière. La première dessine Coline, en noir et blanc et au trait organique. La seconde dessine Marley, tout en teintes chaleureuses et au trait précis. C'est le principe de création partagée où chacune, avec sa sensibilité et son style, donne vie et âme à son personnage. Sur un scénario sommaire pour garder un peu d'improvisation, chacune dessine une page par jour. Au final, nous avons là un album parfaitement cohérent de presque 200 pages qui alterne une page par personnage. Un album au cœur duquel Coline et Marley, séparées par des milliers de kilomètres, vont s'échanger des dizaines de mails et de photos, de SMS via WhatsApp, et vont se lier d'amitié. Un voyage en France pour Marley sera l'occasion pour les deux jeunes femmes de se rencontrer. Cet album offre de belles réflexions sur les rencontres, l'amitié (voire un peu plus) à l'heure du numérique, à l'heure où chacun peut se cacher derrière son écran. Empli de fraîcheur, de sensibilité, d'émotions, cet album, intelligemment construit, révèle de belles surprises.



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Comme un oiseau dans un bocal : Portraits d..

Une BD didactique sur un thème à la mode, qui fait beaucoup parler de lui : les surdoués, 2,2% de la population (soit autant que de roux …)

Surdoués ou HPI (Haut potentiel Intellectuel) : on dit aussi zèbre, neuroatypique, précoce, surefficient, philocognotif. Beaucoup de termes pour une réalité sur laquelle circulent beaucoup d'idées préconçues ou carrément fausses.



Cette BD nous présente Birdo, homme-oiseau et Raya femme-poisson ou quand deux surdoués se rencontrent. Ils vont échanger sur le sujet. Birdo sait qu'il est surdoué depuis très longtemps, Raya vient de se le faire confirmer. Tous deux vont essayer de mieux comprendre ce que cela veut dire, comment vivre cet état, comment en tirer parti et ne pas se laisser envahir par ses aspects compliqués. Si l'on en revient au terme lui-même HPI évoque un potentiel. Encore faut-il l'exploiter…



Une exploration du concept très bien faite, on apprend beaucoup de choses, on tord le cou à quelques idées reçues et surtout le fait de l'incarner via ces deux personnages, qui tous les deux ont parfois du mal à vivre leurs différences, rend cette BD très humaine, même si et là est le paradoxe, les têtes des personnages sont représentées sous forme animale. Ce choix m'a un peu déroutée au départ, je ne sais pas exactement ce que l'autrice voulait exprimer par ceci, mais j'ai trouvé les illustrations très réussies. Et cette représentation donne toute sa signification au titre.



La BD ne se contente pas d'évoquer le thème des Surdoués et de donner des explications. Elle raconte aussi une histoire, celle de l'amitié entre ces deux êtres. L'alternance entre ces deux aspects évite à la vulgarisation de devenir trop indigeste.



Je ne suis sûrement pas plus intelligente après cette lecture, mais j'ai appris un certain nombre de choses sur ce sujet.



Merci à NetGalley et aux éditions Delcourt pour ce partage #Commeunoiseaudansunbocal #NetGalleyFrance
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Goupil ou face

Là, il ne s'agit pas de jouer à pile ou face mais à goupil ou face sachant que le sujet est la bipolarité.



On a droit à une autobiographie de l'auteur Lou Lubie (La fille dans l'écran, L'homme de la situation ; Et à la fin, ils meurent....) qui porte sur une affection peu connue du grand public à savoir la cyclothymie.



C'est assez courageux de se dévoiler et de faire connaître une maladie entachée de préjugés. On découvre qu'il y a différentes formes de bipolarité qui se manifestent de façon totalement différentes.



Cela commence par une dépression dont les symptômes sont l'humeur triste, la démotivation, l'insomnie, la fatigue, la dévalorisation.... En effet, la dépression touche tous les tranches d'âges contrairement à ce que peuvent penser certains praticiens.



Pour autant, on se rend compte qu'il ne faut pas tout mettre dans le même sac. Une erreur de diagnostic peut vite vous rendre la vie impossible nomment lors de prise d'antidépresseurs et autres médicaments nocifs.



C'est ce qui est arrivé à notre jeune auteure qui a consulté plus d'une dizaine de différents spécialistes (psychologue, psychiatre, psychothérapeute...) se contredisant totalement. Pour autant, il y aura un moment donné un consensus autour du trouble de l'humeur et plus précisément la cyclothymie.



Dans cette BD, cette maladie sera représentée par un renard d'où le titre. C'est son mal intérieur. Cela aurait pu être le féroce loup mais fort heureusement, c'est une forme plus atténuée de bipolarité. On ne peut en guérir totalement mais on peut en atténuer les effets. Cela concerne tout de même près de 6% de la population.



L'humeur peut donc varier considérablement d'un extrême à l'autre en peu de temps et parfois sans raison. Evidemment, cela peut affecter la vie professionnelle et sociale sans parler de sa vie amoureuse. Bref, il ne faut pas négliger cette maladie mais prendre la racine par le mal.



Au final, un témoignage intéressant sur un aspect méconnu d'une maladie qui touche pourtant des millions de personnes.

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Goupil ou face

Tout a commencé en terminale, alors qu'elle avait 16 ans. Des phases de tristesse suivies de phase d'euphorie ou de légèreté. Au fil des années, Lou allait de plus en plus mal. À 18 ans, inscrite en école de jeu vidéo, elle réalisa qu'elle faisait une dépression. La jeune fille fut surtout soulagée d'avoir mis des mots sur le mal qui la rongeait. Son médecin lui prescrivit des antidépresseurs. Malheureusement, les médicaments n'eurent pour seul effet que de la rendre malade. Elle consulta alors un psychiatre puis un psychothérapeute. Certaine d'être guérie, elle replongea pourtant encore plus et allait très mal. Avec beaucoup de soutien et de temps, elle finit par reprendre pied. Deux ans plus tard, elle décrocha son diplôme et se lança en free-lance. Malheureusement, elle rechuta de plus belle, courant les spécialistes qui, étonnamment, ne diagnostiquèrent pas la même maladie. Ayant entendu parler des thérapies cognitives et comportementales, elle consulta une psychologue qui lui parla alors du trouble de l'humeur, autrement dit la cyclothymie...





Lou Lubie se livre dans cet album à la couverture et au titre plus que jamais significatifs. Suite à ses sautes d'humeur qui bouleversaient son quotidien, après moult rendez-vous auprès de spécialistes, la jeune fille est soulagée lorsque le diagnostic est posé : elle souffre de cyclothymie (sous-catégorie des affections bipolaires). Après avoir enfin mis des mots sur son problème, elle décide de les mettre en image. Elle explique, dans cet album, son quotidien, les différentes étapes par lesquelles elle est passée, les moyens de faire face à cette maladie... Ici, la cyclothymie est représentée sous la forme d'un renard. Aussi, la jeune femme s'amuse-t-elle à le mettre en scène. Elle n'hésite pas à fournir moult et moult explications sur cette maladie, tout en employant un ton léger, parfois drôle. Un album qui permet de comprendre ce qu'est cette maladie qui touche 1 à 2 % de la population. Un album personnel, instructif, servi par un trait léger et tout en rondeur.



Merci pour le prêt, Cécile ...
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La fille dans l'écran

Une bande dessinée à quatre mains très bien réalisée sur la rencontre de deux jeunes femmes : Coline, aspirante illustratrice vivant en France, et Marley, photographe immigrée au Québec qui a peu à peu délaissé sa passion.



On suit le parcours de Coline sur chaque page de gauche, en noir et blanc, tandis que les pages de droite, en couleur, nous présentent celui de Marley. L'alternance est très bien gérée, et les deux finissent par s'entremêler de manière très harmonieuse lorsque les protagonistes se rencontrent dans la vraie vie - chapeau bas aux deux dessinatrices qui parviennent à merveille à combiner leurs styles!



Les thèmes abordés sont nombreux, parfois lourds : anxiété sociale, relations toxiques, etc., mais jamais plombants. L'accent est mis sur la manière dont les deux héroïnes s'épaulent l'une l'autre (et plus si affinités). Et le tout n'est jamais niais, les dialogues tombent juste. À titre personnel, j'ai souri plus d'une fois face aux petits détails de comparaison France-Québec, toujours très bien vus.



Lu il y a déjà quelque temps, mais j'en garde un excellent souvenir qui ne dépérit pas avec le temps!
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La fille dans l'écran

J’avais vraiment hésité à le prendre à la médiathèque, une rencontre via Internet, bof je me disais, pas bien original. J’avais tort, j’ai eu beaucoup de plaisir à lire cette BD. Critiques enthousiastes de Babelio, soyez-en remerciés!



Colline cherche de la doc pour ses illustrations et tombe sur le site de photos de Marley Laurent. Colline est une grande angoissée qui fait des crises de panique; elle s’est réfugiée chez sa Mamita et son Papito, à Périgueux, pour travailler sur un projet de livre jeunesse. Marley, elle, dit avoir fait le choix de «devenir adulte»: elle a laissé tomber ses ambitions de photographe et bosse à Montréal dans un bar. Entre elles une belle complicité va naître et grandir. L’évolution, l’approfondissement de leur relation est joliment rendue et en fait une BD très attachante.



Ce qui est particulier ici, c’est qu’on n’a pas affaire à une scénariste et une dessinatrice, comme on s’y attend en voyant deux noms sur la couverture d’une BD: Manon Desveaux dessine la page en noir et blanc consacrée à Colline, Lou Lubie la page de droite, en couleurs, avec la vie de Marley. Chacune a son style, qui correspond bien au personnage, et ça marche vraiment bien.
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Et à la fin, ils meurent

Si vous pensez que les contes ne sont que pour les enfants, vous n’allez pas être déçus ! Lou Lubie les démonte dans cet album graphique (les contes évidemment, pas les gamins !), en explique les processus. C’est fait avec humour et simplicité. J’ai adoré ! Et cela m’a permis de découvrir des histoires que je ne connaissais pas, d’en relire d’autres sous une forme abrégée… Je me suis vraiment régalée. Certains dessins et propos m’ont fait rire à tel point que j’en pleurais. J’aime beaucoup cet humour que j’avais déjà trouvé dans des albums comme celui de Caroline Guillot, Trash Cancan.



Si vous avez d’autres références, je suis preneuse !
Lien : https://promenadesculturelle..
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Et à la fin, ils meurent

Les contes, de fée, de prince charmant ou de belle-mère, n'étaient, à l'origine, aucunement à seule destination des enfants. Loin s'en faut ! En lieu et place de la gentille princesse, du prince charmant très charmant et très fort, de l'amour, l'on y trouvait des mutilations (notamment émasculation, énucléation...), des meurtres, des adultères, de la torture, du cannibalisme et du sexe.

Aux racines très lointaines, passant de la tradition orale à la tradition écrite, la plupart des contes ont changé de version, quand certains n'ont pas été tout simplement réinventés, notamment par les frères Grimm, Perrault ou encore Basile.

Aussi, l'on est loin du merveilleux, de l'édulcoré, du cul-cul parfois, de Walt Disney.



Dans cet album dense, au format conte, aux tranches joliment dorées, Lou Lubie ne revisite pas les contes mais en étudie le sujet, de leurs origines à nos jours. Entre autres, La barbe bleue, Raiponce, Cendrillon ou encore Le petit chaperon rouge. De son regard contemporain, elle interroge également sur la place de la femme dans la société, sur la présence ou non du racisme, de l'homosexualité dans ces contes.

Un album riche et instructif, bourré d'humour, d'auto-dérision, au graphisme aéré et au trait tout en rondeur.

Passionnant et édifiant !
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L'homme de la situation



Manu est instituteur depuis 12 ans au sein du groupe scolaire George Sand. Le poste qu'il convoite va se libérer à la rentrée. Il a toutes les chances de l'obtenir, étant le plus qualifié. Malheureusement, malgré les promesses du directeur, il lui passe sous le nez, le conseil d'administration ayant préféré le donner à une femme au nom de la parité. Manu voit rouge, s'emporte et le directeur lui conseille de prendre quelques jours de congé. De plus, avec son ex, atteinte de bipolarité, qui vient de le quitter, cela ne se passe pas toujours bien. Il va bientôt faire la connaissance d'une jeune fille, Rusine, âgée de 15 ans, à la tête d'une fratrie nombreuse : des jumeaux qui font des bêtises, un frère handicapé, un autre en retard intellectuellement, un bébé et une sœur, la plus sage de tous. Sa mère, directrice d'un hôtel, travaillant beaucoup, l'adolescente est déscolarisée afin de pouvoir s'occuper de tout ce petit monde. Touché par cette situation, Manu propose de lui donner des cours... ne se doutant pas un seul instant de la situation dans laquelle il va s'engouffrer...



Lou Lubie nous entraine dans un thriller psychologique, aux allures un brin fantastiques, pour le moins déroutant... Où l'on suit Manu, instituteur trentenaire, paumé aussi bien dans sa vie que dans la société, à qui l'on s'attache dès les premières pages. S'il veut bien faire en proposant son aide à une fratrie en marge de la société, il va, bien malgré lui, devoir affronter son passé, ses erreurs, ses regrets, ses remords. Lou Lubie, à travers ses personnages, interroge sur la place de l'homme dans la société d'aujourd'hui, une société en constante évolution. Un album déroutant, certes, mais plutôt bien pensé, maîtrisé et plus subtil qu'il n'y paraît. Graphiquement, le trait est simple mais élégant et les couleurs profondes.
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Et à la fin, ils meurent

Coup de cœur absolu en cette fin d’année 2021 pour Et à la fin, ils meurent - La sale vérité sur les contes de fées ! L’objet en lui-même est magnifique avec sa couverture rigide, ses dorures – jusqu’à la tranche ! – et ses enluminures diverses reprenant des motifs attendus, grenouille, pomme, couronne et rose, ou plus originaux, comme en témoigne le quatuor de personnages figurant sur la première de couverture. Sincèrement, qui n’a pas envie de savoir ce qui se cache derrière ces horribles amputations et énucléations ? Le trait léger annonce la couleur : derrière cette couverture aux allures de précieux manuscrit, se cache une bande dessinée affreusement drôle qui vient désenchanter les êtres crédules qui ne voient dans les contes que le triomphe du Bien et la morale gentillette. Rétablir « la sale vérité sur les contes de fées » est l’objectif de Lou Lubie et elle s’en sort avec brio, apportant aux lecteurs des connaissances historiques et littéraires précises, ainsi que des anecdotes multiples et savoureuses. Les dessins réalisés uniquement à partir du violet et de l’orange illustrent parfaitement bien le propos à la fois sérieux et facétieux, propos qui n’est jamais lassant car l’autrice et illustratrice a l’intelligence d’alterner remarques générales et cas pratiques. Ainsi, le chapitre intitulé « Perrault vs Grimm » est encadré par les contes « La Vieille Écorchée » et « La Barbe bleue ». Lou Lubie décrypte des contes plus ou moins connus et confronte les différentes versions, réhabilitant au passage un précurseur en la matière, l’auteur italien Basile, et croyez-moi, cela vaut le détour ! C’est très clairement un ouvrage que je vais garder précieusement dans ma bibliothèque et recommander autant que possible.

Un grand merci à Babelio et aux Éditions Delcourt pour cette lecture enrichissante et distrayante !


Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Et à la fin, ils meurent

Au commencement (des contes) était le verbe et les veillées devant le feu, entre adultes. Car les dégoulinations sucrées de Disney connues des dernières générations d'enfants sont un héritage d'histoires orales cruelles, pleines de « mutilations, meurtres, adultère, cannibalisme... et même d'authentiques scènes de cul ! » (sic).

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J'adore les contes traditionnels

- parce qu'on m'en lisait, enfant

- parce que la prof de français de sixième nous a fait découvrir les contes des frères Grimm

- parce qu'il s'agit de one-shot et qu'ils sont donc plus brefs et plus simples que les mythologies antiques aux filiations compliquées

- parce que j'ai aimé en découvrir les dessous, les parts d'ombre, avec les analyses de Bruno Bettelheim (Psychanalyse des Contes de Fées), puis celles d'Anne-Marie Garat (Une Faim de Loup).

Les adaptations libres, les versions détournées pour enfants, pour adultes, je prends aussi, de même que les thrillers qui s'y réfèrent ('Contes barbares', de Craig Russell).

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Avec cet album dessiné parfaitement construit, complet, très documenté, Lou Lubie m'a appris plein de choses que j'ignorais sur les contes, notamment qu'avant Perrault et les frères Grimm, Basile (1575-1632) en a transcrit, et ses versions étaient particulièrement trash, réservées aux adultes.

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La présentation soignée est digne des vieux livres de contes, avec tranches intérieures dorées, qui laissent de minuscules paillettes sur les pages - poussière de fées 🌟✨ -, graphisme rond & adorable, beaucoup d'humour...

Tout est bon, délicieux, enchanteur, un de mes coups de coeur de l'année !

A offrir à Noël : un cadeau bien meilleur que des belles robes, des royaumes, des princes neuneus, des bijoux, et même plus savoureux que des galettes au beurre... 💖
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La fille dans l'écran

Les histoires de rencontres, qu’elles soient amicales ou amoureuses, sont souvent pleines d’émotions.

C’est le cas avec cette bande dessinée écrite à quatre mains, par deux jeunes femmes, qui comme les héroïnes de ce volume, vivent sur deux continents différents, une en France, l’autre au Canada. L’une dessine en noir en blanc, l’autre en couleurs, une page chacune, en face à face.



Coline est une jeune femme qui a arrêtée ses études car elle souffre de phobie sociale et ses crises d’angoisse l’empêchent d’avoir une vie normale. Sa seule passion, c’est le dessin et l’espoir de pouvoir un jour être illustratrice pour des livres d’enfants.

Marley quant à elle est serveuse dans un café au Canada, même si à l’origine elle est venue ici pour faire de la photo, sa grande passion, mais le quotidien a pris le dessus et son appareil est désormais rangé au fonds d’un carton.

Coline va découvrir par hasard les photos de Marley sur internet et va lui demander son autorisation pour s’en inspirer pour de futurs dessins.

Une correspondance va débuter et une sorte d’amitié va naître entre les deux jeunes femmes. On ressent vraiment bien la surprise, la joie de recevoir un mail, l’attente, la fébrilité, toutes ces émotions qui rendent une rencontre si bouleversante.



J’ai beaucoup aimé cette bande dessinée qui n’est jamais mièvre, mais qui montre l’évolution des sentiments de deux personnes qui ne se connaissent pas et vont se dévoiler sous nos yeux, avec générosité et pudeur.

Une très belle histoire, dans l’air du temps, plein d’optimisme et de fraicheur.

Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Marabulles pour cet envoi.





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La fille dans l'écran

Cette bande-dessinée est un petit bijou de poésie, d'art et de divin. Le mélange des deux artistes est particulièrement agréable à lire, on voyage durant la lecture entre deux personnes, deux styles et deux vies complètement opposées. L'histoire est très touchante du début jusqu'à la fin, nous suivons l'évolution de deux femmes qui se rencontrent par internet et se lie d'amitié. Leur relation se transforme peu à peu allant de l'amitié à l'amour.

Les deux dessinatrices autrices ont fait un travail fantastique, l''une dessine en couleur, l'autre en noir et blanc, et l'on alterne une page sur deux, en découvrant une fois'histoire de Coline puis une fois celle de Marley. Une bande-dessinée à lire absolument !
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Goupil ou face

Connaissez-vous des cyclothymiques (ou bipolaires, si vous préférez, voire bipo pour les intimes) ? Bon courage si vous les côtoyez au quotidien, en famille, au travail ! Imprévisibles, souvent colériques, bruyants, speed, euphoriques, parfois mollassons et tristes. En deux mots : déstabilisants et épuisants. Difficile de les accompagner sur leurs montagnes russes, ou même tout simplement d'attendre que leurs tempêtes se calment. Il faut raser les murs, être patient, diplomate, pas susceptible. Solide, quoi !



Dans cet album, Lou Lubie décrit cette maladie qu'elle connaît bien, puisqu'elle vit tant bien que mal avec depuis l'âge de seize ans. La représentant sous forme d'un renard qu'elle essaie de dompter, la jeune auteur raconte son long parcours, elle évoque les conseils des proches, l'impuissance de nombreux médecins - y compris les spécialistes -, les traitements régulateurs d'humeur, l'importance d'avoir une vie saine et équilibrée pour limiter les secousses...



Le dessin a beau être tout rond, tout mignon, il rend parfaitement compte des tourments du malade, grâce à des symboliques judicieuses (noyade, nuage, monstre dévorateur, ombre menaçante...). Le propos est instructif : on voit que cette maladie connaît des degrés divers, car bien sûr, tout le monde a des sautes d'humeur. Alors où est la "norme" ? Quand consulter ? La réponse est simple : quand la personne et/ou ses proches souffre(nt) de la situation...



Attention, ne vous arrêtez pas à la couverture girly et joyeuse, le ton est globalement pessimiste malgré le sens d'auto-dérision de l'auteur. Comme souvent dans les ouvrages sur la bipolarité, on tourne en rond, on suit le malade dans sa spirale, on remonte la pente et on redégringole avec lui... C'est forcément décourageant, malgré les lueurs d'espoirs et les bons conseils.
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L'homme de la situation

Manu, un instituteur trentenaire qui vient de se séparer de sa compagne, vise un poste d’encadrement mais ne l’obtient pas car on lui a préféré une femme pour des raisons de parité. Il rencontre alors une fratrie de sept enfants déscolarisés et entreprend de tout faire pour leur donner le goût de l’étude. ● C’est un curieux album qui ménage bien des surprises car il va là où on ne l’attend pas. Néanmoins, le côté fantastique ne m’a guère emballé.
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La fille dans l'écran

C'est une histoire d'amitié, d'amour, sur fond de correspondance entre deux jeunes femmes. Coline dessine dans le Périgord, elle s'est isolée à la campagne pour fuir la ville à cause de crises d'agoraphobie, elle entreprend de réaliser des livres pour enfants, et elle demande à Marley, une française installée à Montréal, d'utiliser comme support les photos de son blog. Une correspondance se développe entre les deux filles qui va déboucher sur une relation forte. Marley travaille dans un café comme serveuse et vit avec son compagnon à Montréal, mais les relations de couple semblent s'étioler, leurs centres d'intérêts s'éloignent.

C'est une histoire très touchante, j'ai fait le plein d'émotion, on pourrait à tout moment sombrer dans le “fleur bleue” mais heureusement, le thème est un peu plus profond qu'une simple histoire de relations humaines, le sujet du choix de vie s'impose comme le moteur du récit et qui en devient très marquant et fort. Autre subtilité de cette bande dessinée, le duo qui l'a écrit n'est pas un duo classique dessinateur/scénariste, les deux auteurs dessine chacun l'histoire d'un des deux personnages, d'abord avec une dualité page de gauche/page de droite, France/Canada, puis les deux points de vues vont s'imbriquer pour entrer en symbiose. Il y a un aspect réel puisque les deux auteurs vivent effectivement l'un en France et l'Autre au Canada. Donc cette bande dessinée a la particularité d'avoir été conçue et d'avoir démarré conjointement de chaque côté de l'Atlantique, la rencontre entre les deux personnages de l'histoire possède d'autant plus de force et de vérité et l'émotion qui en ressort est superbement transmise à la lecture, c'est totalement bouleversant.

(Lecture conseillée par Vexiana)
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Et à la fin, ils meurent

Quel beau livre ! je parle d’abord de l’objet, quasi luxueux, avec de belles tranches dorées, une couverture agréable à toucher et un papier de belle qualité. Un plaisir avant même de l’ouvrir. J’ai trouvé particulièrement bienvenu aussi le contraste entre cette présentation à l’ancienne et le graphisme épuré, le ton décalé et l’humour parfois un peu trash complètement assumé. Parce que, vous le savez bien, les contes n’ont pas toujours été des histoires pour les enfants ! Lou Lubie retrace l’origine des plus connus, ceux que Giambattista Basile a commencé à fixer par écrit au début du XVIIe siècle et qui restent encore proches de la tradition orale, autrement dit violents, crus, amoraux et où les méchants triomphent le plus souvent. Viennent ensuite ceux que Perrault et les frères Grimm ont adaptés dans des versions acceptables pour leurs contemporains cultivés, histoires destinées aussi à leurs enfants et censés avoir valeur d’exemples… Et les femmes alors, elles ne racontaient pas d’histoires ? Si, bien sûr, mais l’époque les réduisait à la portion congrue. Je me souviens qu’au Québec, dans les années 70-75, des universitaires travaillaient encore à enregistrer des versions orales des contes traditionnels. J’avais découvert avec stupéfaction que le petit chaperon rouge était face à une sorte de choix. La petite fille pouvait emprunter le chemin des épingles, ou opter pour celui des aiguilles, objets avec un chas dont la connotation sexuelle est évidente. On est loin des cucuteries que populariseront les dessins animés de Walt Disney avec jolies princesses, princes charmants et fin heureuse. Lou Lubie fait aussi référence à La Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim et aux ouvrages d’autres chercheurs ou chercheuses. Elle démontre avec pertinence et humour l’universalité de certains contes, leur adaptation aux différentes cultures et aux goûts du jour. Elle met en avant les aspects qui ont (mal) disparu : la violence, l’homosexualité, le cannibalisme et j’en passe… Un vrai plaisir que cet essai à la fois instructif et divertissant.
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Et à la fin, ils meurent

"Bonjour les Babélionautes! Aujourd'hui, nous allons parler de Et à la fin ils meurent, une bande d'essainée...



-Déidamie, relis-toi, tu fous des coquilles partout...



-Non, non, j'ai fait exprès!



-Ah bon? C'est nul, les gens n'arriveront jamais à déchiffrer! ça veut dire quoi, ton truc?



-C'est une BD et un essai sur les contes de fées! D'où le terme "bande d'essainée".



-Bon, Déidamie, laisse béton, c'est naze à prononcer.



-Rhôôôôh... Or donc, connaissez-vous vraiment les contes? Fort probable que oui: vous avez probablement grandi avec le Petit Chaperon rouge ou Blanche-Neige. Mais connaissez-vous leur origine, en savez-vous les structures? Lou Lubie se charge de vous les présenter dans cet ouvrage fort plaisant!



-Aucun intérêt. Je suis adulte, je les ai lus quand j'étais petite, c'est bon, je n'ai rien à découvrir! J'avais même des recueils de contes indiens et asiatiques!



-Hé bien, détrompe-toi, Méchante: Lou Lubie présente les contes avec un humour difficilement résistible, tout à fait dans le style des Culottées! En plaçant judicieusement des répliques modernes, des tournures argotiques, en ironisant sur les péripéties, elle rafraîchit la narration sans trahir leur trame principale. Il s'agit après tout de nous faire connaître ces histoires! Même si tu connais les trames par coeur, elles te sont racontées avec moult gags hilarants! Tu ne lis donc pas la même chose que les contes dans leur présentation traditionnelle.



Ensuite, le format BD permet de comparer les versions: d'un coup d'oeil, tu sais dans quelle version tu te trouves. La Barbe-Bleue, par exemple, est construite en miroir: sur la même planche tu vois les deux variantes qui se rejoignent. Non seulement c'est joli, mais le procédé reste si simple et évident qu'il ne te perd jamais dans la masse d'informations!



-Bien pratique quand on reste un peu teubé après une anesthésie générale*.



-...



-Là! Qu'est-ce que je disais! Elle a décroché! Il n'y a que les vidéos de trois minutes qu'elle arrive à suivre, maintenant... Hé! Déidamie!



-Mmh?



-Réveille-toi, gros tas de spaghettis trop cuits! On fait un truc, là!



-Ah oui! Pardon. Et si vous croyez connaître les contes, détrompez-vous! L'autrice présente des histoires et des conteurs moins célèbres: La Pauvre Manchotte vaut le détour! Quant aux histoires de Basile, elles dégagent... une ambiance particulière, on va dire!



-Moi, j'aime bien Le prince Bajaja. Les noms des princesses, ça m'a fait rigoler.



-Méchante Déidamie? Tu... tu viens de dire quelque chose de positif?!



-Quoi? Mais non!



-Mais si! Oooh, Méchante Déidamie aime un truc, si c'est-y pas mignon!



-Je... ce... c'est sans doute un effet secondaire des produits! Compte pas là-dessus trop longtemps, face de pizza!



-En dernier lieu, le livre expose différentes théories et travaux sur les contes, il interroge leur fond sexiste ou raciste...



-Ils sont sexistes et racistes.



-Oui, certes. Rappelle-toi chez Mme d'Aulnoy: une héroïne sauve et protège son prince, parce qu'elle a appris à chasser et qu'elle maîtrise la survie en environnement hostile. Donc... disons, pour certains, il n'y a pas d'ambiguïté, pour d'autres, c'est plus compliqué.



-Ah, puisque tu en parles, je regrette qu'on ne s'attarde pas plus sur Mme d'Aulnoy! Déjà qu'on n'a pas de bio sur elle, ça Mm'énerve, moi! et je ne suis pas d'accord sur l'aspect "tombée dans l'oubli": quand j'étais petite, j'avais lu L'oiseau bleu, avec des illustrations somptueuses!



-Mais peut-être qu'on n'est pas nombreux à l'avoir lu, justement, en comparaison de Grimm et de Perrault!



Pour conclure, j'ai quitté ce livre convaincue qu'il fallait que je lise encore plus de contes! Je suis bien décidée à faire plus ample connaissance avec Giambattista Basile, ses histoires ont l'air de décoiffer grave!"



*Tout va bien, c'était bénin.
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