L'année suivante, la sonate de Schumann, en sol mineur, valait à l'élève Debussy un second prix qui ne fut pas dépassé, par déjà la composition l'attirait davantage. Mal lui en prit : la classe d'harmonie, dirigée alors par Emile Durand, ne lui réservait que déboires.
Jean-Philippe Rameau n'était pas porté aux confidences : à côté de ses œuvres, éclatantes de franchise et d'audace, il sut toujours garder le secret de sa vie, obscure, solitaire, impénétrable. Aussi, lorsqu'il mourut, ses panégyristes se trouvèrent-ils fort embarrassés : tout ce qu'on savait de lui se réduisait à peu près aux dates des premières représentations de ses opéras, ballets, divertissements et pastorales. Mais Rameau avait cinquante ans lorsqu'il commença d'écrire pour le théâtre. Gomment avait il vécu jusque-là ? Lui seul eût pu le dire, et il s'en était bien gardé. « L'ignorance absolue où l'on est de tous les événements de sa vie pendant près de cinquante ans », dit Chabanon l'ami de ses dernières années, « fait voir qu'il s'ouvrait peu, qu'il parlait peu de lui-même, soit avec ses amis, soit au sein de sa famille. »
Nuit de lune sur le fleuve
Extrait 1
Doucement la brise sur le fleuve se lève,
Tristement les arbres près du lac frissonnent.
Je monte sur la proue par la belle nuit calme.
On étale les nattes et la barque légère s’élance.
La lune suit la fuite des monts sombres,
L’eau s’écoule avec le ciel bleu,
Aussi profond qu’inversement le Fleuve céleste.
Rien n’est visible, sinon l’ombre mêlée de l’arbre
et du nuage.
…
// Li Bai (ou Li Po) (701 – 762)
/ Traduit du chinois par Louis Laloy
Nuit de lune sur le fleuve
Extrait 2
La route du retour est longue, longue ;
L’immensité du fleuve est triste, triste.
Je suis seul, les fleurs d’orchidée s’effacent,
Le chant du pêcheur rappelle ma tristesse.
Le détour escarpé dérobe le rivage en arrière,
Le sable clair signale un écueil par devant.
Je pense à vous, Seigneur, que ma vue n’atteint plus
Et le regard perdu au loin, médite mon regret.
// Li Bai (ou Li Po) (701 – 762)
/ Traduit du chinois par Louis Laloy
Claude-Achille Debussy, plus connu aujourd'hui par le premier de ses prénoms, est né le 22 août 1862, à Saint-Germain-en-Laye, d'une famille où la musique n'était pas cultivée. Il n'y eut lieu d'abord ni d'encourager ni de contrarier une vocation dont l'enfant ne donnait aucun signe. En 1871, il se trouvait, avec ses parents, à Cannes, chez une soeur de sa mère, qui eut la fantaisie de lui faire apprendre le piano ; un vieux professeur italien, nommé Cerutti, lui enseigna le premier rudiment, et ne remarqua rien. De retour en Île-de-France, les études musicales furent délaissées. M. Debussy, le père, était loin de rêver pour son fils une gloire d'artiste : il voulait en faire un marin.