Les plateformes numériques vont actionner des leviers qui relèvent des instincts primaires de chaque individu : gratification ("likes"), conflit ("tweet clashes"), compétition (nombre de followers ou de likes), le tout générant une activité plus que profitable pour les plateformes.
Internet nous a en effet permis de rentrer dans une nouvelle ère, celle de la démultiplication : plus de produits, plus de rapidité, plus d'argent et - apogée de la pensée capitaliste - plus de croissance !
De fait, nous nous comportons comme si notre vie privée, nos données personnelles, notre attention, et en dernière analyse notre liberté n'avaient pas de valeur.
C'est bien ce progrès technique et sa dimension toujours plus efficiente, oublieuse et dédaigneuse d'un bon nombre d'autres valeurs qui doit nous préoccuper.
En somme, si les réseaux sociaux sont coupables de tout ce dont on les accuse, et si nous en sommes les victimes, nous sommes des victimes bien consentantes.
Car enfin, c'est bien nous qui passons chaque jour des heures rivées à nos écrans, laissant les apps prendre en otage notre attention, abandonnant délibérément aux plateformes nos données personnelles. Ce marché de dupes avec les Facebook, Google et autres Twitter, c'est bien nous qui l'avons conclu.
Détenir beaucoup de données sur les gens amène les entreprises à (très) bien les connaître, et donc à vendre mieux, pour plus de profit. Le modèle économique repose dès lors sur la surveillance des individus afin de leur proposer la meilleure publicité, au meilleur moment, dans la meilleure émotion.
quand nous empoignons chaque matin nos smartphones, nous renouvelons le pacte faustien qui nous lie aux réseaux sociaux. Et en adoptant joyeusement chaque innovation que ceux-ci nous proposent, nous ne cessons d'étendre et d'approfondir notre dépendance.
On pourrait penser que tout a déjà été dit sur les méfaits des réseaux sociaux. Bien des essayistes ont souligné le danger que les - fake news - font courir à nos démocraties.
Nous donnons aux individus le service qu'ils nous réclament.