Je l'ai écouté à la radio. Ni technophobe, ni technophile, il est éthicien de la technique et consultant en stratégie. Un philosophe jeune nous parle de liberté, d'autonomie, de responsabilité à exercer, à recouvrer, afin d'échapper aux rets de la servitude volontaire, tramés par les géants de l'industrie numérique.
Je n'insiste pas sur le connu : capitalisme de surveillance, manipulations subtiles conduisant l'économie de l'attention vers une économie de l'addiction, collecte permanente de data (données), transformées et vendues à des annonceurs ou à des intermédiaires (data brokers).
L'objectif consiste à nous river aux écrans, à nous gaver d'applications, afin de connaître finement les comportements de chaque individu et ainsi de pouvoir personnaliser la publicité dont il est la cible ensuite. L'étape suivante est de prédire nos envies, nos désirs, nos choix. Qu'adviendra-t-il de notre libre-arbitre ? La technologie influence notre façon de penser, d'agir, de réagir.
Bref, cela a été déjà été pointé, mais
Louis de Diesbach décrit précisément les stratégies déployées pour nous rendre dépendants et pire.
Même s'il ne répond pas à la question de notre tacite acceptation à l'emprise numérique - que nous décrions volontiers -, il explique nos contradictions par les besoin de certitude, de valorisation et de reconnaissance de soi.
L'auteur nous invite donc à prendre nos responsabilités, à résister aux GAFAM, à réfléchir au coût de la gratuité en ligne, à penser les usages de ces nouveaux outils techniques, à ce que nous sommes prêts à accepter en échange de confort gracieux en apparence. Il s'agit de trouver un juste milieu.
"Savoir dire non, c'est assumer sa liberté; c'est admettre qu'il y a quelque chose à changer, c'est embrasser l'incertitude, assumer notre vulnérabilité."
N'attendons rien de l'industrie. Son seul souci, c'est la maximisation des profits. Interpellons le politique, l'éducation nationale, le régulateur.... Demandons-leur de définir, avec notre apport de citoyen, les lignes conductrices des découvertes et des usages à venir.
En deux mots : Réveillons-nous ! Notre liberté est menacée.
La réflexion de ce connecté avisé convoque des notions éthiques à un moment où le "progrès" paraît salvateur, que rien ni personne ne freine.
Ne laissons pas la nébuleuse algorithmique nous embrumer l'esprit.
Louis de Diesbach aide grandement à nous convaincre de la perte réelle d'humanité à laisser le dernier mot aux machines, insensibles à la subjectivité, la créativité et la poésie.
Préservons notre droit à l'errance et à l'incertitude.