- C'est toi qui m'a appris cette expression pour la première fois. Il ne sert rien de hurler contre le vent...
- ... Il vaut mieux le faire tourner en notre faveur.
Elle était rigolote. Un peu folle, mais une jolie folie.
Depuis 1986, année de fermeture de l'usine de transformation de maquereaux, un grand nombre de familles avaient quitté l'île. Nous étions encore 84 malgré tout. Ce chiffre me paraissait très honorable mais les plus âgés n'étaient pas de cet avis. A chaque départ, Jeanne, ma grand-mère, se lamentait et me disait qu'il ne resterait bientôt plus aucuns vrais. Elle entendait par « vrais habitants », les familles présentes depuis trois générations et dont le nom était inscrit sur les stèles du cimetière. Nous étions bien loin des 1500 habitants qu'avait connus le début du XXème siècle. Je promettais à ma grand-mère de rester. Et très certainement que Max resterait avec moi. Ce à quoi elle me répondait pas un sourire triste.
Nous étions là, au milleu de la mer, comme des naufragés. La France nous avait abandonnés.